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Paroles d’éditeur]<br />
vertes. Ces auteurs, dont<br />
certains sont aujourd’hui<br />
oubliés, appartiennent<br />
à une période précise de<br />
l’histoire littéraire ou de<br />
l’histoire tout court. Parleznous<br />
un peu de vos auteurs.<br />
Je m’intéresse particulièrement<br />
à ce qu’on a appelé<br />
« l’esprit NRF », non seulement<br />
car les écrivains<br />
qui y ont participé de près<br />
ou de loin ont connu mon<br />
grand-père (cela donne un<br />
sens personnel et intime à<br />
ces travaux), mais aussi car<br />
grâce à ses archives, déposées<br />
à l’IMEC, je peux trouver<br />
facilement tout un tas<br />
d’informations sur l’époque<br />
ou les personnes citées. Par<br />
ailleurs, c’est une période<br />
– entre l’Affaire Dreyfus et<br />
la Seconde Guerre mondiale<br />
– pendant laquelle les<br />
écrivains ont beaucoup tenu<br />
de journaux intimes, ont<br />
beaucoup correspondu entre<br />
eux. Beaucoup de documents<br />
d’histoire littéraire<br />
ont déjà été publiés, mais il<br />
reste encore vraiment beaucoup<br />
de livres possibles…<br />
Il suffit d’être attentif et de<br />
travailler.<br />
J’ai donc publié les journaux<br />
intimes ou les correspondances<br />
de Jean Grenier,<br />
Jean Follain, Valery Larbaud,<br />
Jacques Rivière, Jacques<br />
Copeau, Paul Éluard, Jean<br />
Guéhenno, Pierre Jean Jouve,<br />
Georges Perros, Michel<br />
Leiris, François Mauriac,<br />
Henri Thomas. Mais aussi<br />
Catherine Pozzi, qui a été<br />
à la marge de la galaxie<br />
NRF… Mais encore Georges<br />
Hyvernaud, Mireille Havet,<br />
Rachel Bespaloff, Ferdinand<br />
Bac, qui n’ont nullement<br />
croisé le chemin de La NRF.<br />
Et enfin, je consacre une<br />
partie de mon activité<br />
éditoriale – mais une par-<br />
DR<br />
Claire Paulhan.<br />
tie seulement – à publier<br />
comme elles le méritent des<br />
correspondances de Jean<br />
Paulhan et certains de ses<br />
écrits autobiographiques qui<br />
n’entrent pas dans le cadre<br />
de ses Œuvres complètes<br />
chez Gallimard.<br />
Tous ces textes, que j’ai<br />
eu le bonheur de découvrir<br />
et de faire venir au jour,<br />
avaient parfois été refusés<br />
par d’autres d’éditeurs, parfois<br />
ils dormaient dans des<br />
greniers ou dans des caves<br />
et en ont surgi par hasard,<br />
parfois ils m’ont été recommandés<br />
ou apportés.<br />
• Agendas, carnets, lettres,<br />
correspondances, journaux<br />
intimes… : vous êtes l’un<br />
des rares éditeurs à avoir<br />
fait le choix singulier de<br />
n’éditer que « l’intime ».<br />
Pourquoi ? Quelles différences<br />
faites-vous entre<br />
ces divers genres de « l’intime<br />
» ?<br />
Je n’aime pas lire de romans,<br />
surtout contemporains, car<br />
je les juge trop souvent mal<br />
pensés, mal écrits, et de<br />
plus, mal édités. Mon choix<br />
correspond à mes goûts : je<br />
m’intéresse non seulement à<br />
la vie de ces êtres tellement<br />
particuliers dans la société<br />
et l’histoire que sont les<br />
écrivains, mais j’ai envie<br />
d’accumuler mes connaissances<br />
en histoire littéraire.<br />
Par ailleurs, je crois être suffisamment<br />
fascinée par ce<br />
domaine pour y consacrer,<br />
avec constance, tout le soin<br />
nécessaire…<br />
Sans compter que toutes<br />
les formes de littérature<br />
autobiographique me passionnent<br />
: de la note prise<br />
en style télégraphique sur<br />
le motif au journal intime<br />
sur-écrit et sur-déployé ; de<br />
la « note de blanchisseuse »,<br />
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