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Lutte contre l'incendie et aléa moralEn ayant vérifié l’absence de biais de répartition des individus sur le département(Napoléone et al., 2002), nous proposons de conclure, au sens de Pratt (1964),qu’il n’y a pas d’aversion au risque local d’incendie de forêt chez les propriétairesimmobiliers, puisque l’occurrence de l’aléa a une forte probabilité de ne pasaffecter les valeurs des biens les plus exposés (Winter et al., 2000). Plusexactement, en reprenant l’argument d’Arrow et Lind (1970), du fait que le risqueest distribué sur un grand nombre d’individus (en l’occurrence la collectiviténationale) et du fait que les dommages matériels potentiels sont faibles 19 , nouspouvons faire l’hypothèse que l’utilité espérée d’une acquisition immobilière neprend pas en compte le risque. Tout se passe comme s’il y avait un taux decouverture du risque proche de 100%. Les mécanismes compensateurs échouentdonc et il n’y a pas de raison pour que le marché répercute un risque dontl’occurrence ne génère pas de conséquences individuelles. Nous avons vu parailleurs que le niveau de risque local est mécaniquement lié à la nature et lalocalisation de l'habitat. D'une part les départs de feux sont très majoritairementlocalisés dans les zones habitées et l’implantation d’une résidence nouvelle accroîtla probabilité d’occurrence du risque. D'autre part, les valeurs susceptibles d'êtreaffectées par un incendie sont quasi exclusivement celles des constructions et desbiens qui leur sont attachés. Il n’y a donc pas indépendance entre l’urbanisme et lerisque local d’incendie. Enfin, nous savons que les localisations en habitat diffussont celles qui capitalisent le mieux la valeur des aménités paysagères.Les mécanismes de marché n'œuvrent donc pas dans le sens d'une régulation del'urbanisation en fonction du risque. Bien au contraire, l'existence d'une lutteefficace contre l'incendie correspond à une incitation à se localiser dans lesenvironnements les plus risqués : cela permet de capitaliser les aménitéspaysagères généralement attachées aux environnements naturels, tout enexternalisant les coûts de la prévention et de la lutte. Dans cette perspective, il estlégitime de nous interroger en termes d'équité de la gestion des budgets publics. Ilva de soi que dans la société où nous vivons, il n’est pas imaginable de laisser unincendie se développer. Ce n’est d’ailleurs pas le propos. Ce que nous voulonsproposer à la réflexion est que le fonctionnement normal des individus les pousseà se prémunir d’un risque qu’ils ressentent, quel qu’il soit. Lorsqu’ils ne se pensentpas soumis à un risque, il n’y a aucune raison pour qu’ils adoptent uncomportement de prévention. La totale collectivisation du coût de la lutte contrel'incendie revient donc à une incitation à se localiser dans les environnements lesplus risqués : les économistes parlent en la matière d’aléa moral, c'est-à-dire d’unecroissance d’un risque spécifiquement due à l’absence de conscience individuellede ce risque (Arnott et al., 1988; Henriet et al., 1991; Stewart, 1994). La solutionhabituellement proposée est d’individualiser une partie supportable localement ouindividuellement des coûts de la lutte, en complément des politiques zonales19Une interrogation directe de 10 sociétés d'assurances a montré que la destruction totale d'unehabitation par l'incendie n'y a jamais été enregistrée. Le niveau des remboursements inhérent à lacouverture du risque d'incendie de forêt est si bas qu'aucune statistique spécifique n'est réalisée; lesremboursements concernant les incendies de forêt sont confondus avec les autres incendies (devéhicule, domestiques, etc.) (Napoléone et al., 2002).144

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