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Et surtout, elles ne se cantonnent pas à l’arène judiciaire. En effet, leur stratégieest de dépasser le stade du procès pour s’impliquer dans le champ de laprévention, en nouant un partenariat avec ses acteurs. La plupart du temps, ils’agit de leurs adversaires d’hier, lors des procès. Là aussi, il y a quelque chose deneuf, d’inédit, qui pointe vers une certaine qualité d’espace commun de discussion,où la coopération ne fait pas l’impasse ni sur le conflit, ni sur les sentimentsnégatifs ou difficiles. Il y a là peut-être des enseignements à tirer pour la réflexionsur les nouvelles formes de démocratie, démocratie participative ou démocratietechnique.Ces différents traits ne sont sans doute pas étrangers au fort impact symbolique deces regroupements. Et là aussi, il y a originalité, car ce pouvoir symboliquecontraste fortement avec leur fragilité interne. Cela n’apparaît pas toujours auregard extérieur, car on a l’impression que la place qu’occupent les associationsdans le débat politique s'appuie sur une puissante logistique. Or, en réalité, ellessont plutôt fragiles. La structuration interne est très faible. Elles ont très peu demoyens, reposent sur le volontariat, n’ont pas de personnel permanent. Parcontraste, les associations d’aide aux victimes sont très fortement structurées,avec des moyens importants.Brièvement, quelles sont les questions sur lesquelles les associations de victimespeuvent avoir un apport important, dans le champ de la gestion des crises ? Ellesont un apport du côté de la gestion des secours et de l’accueil des victimes, dansle champ des systèmes socio-techniques, auprès des acteurs de la prévention ence sens qu’elles dérangent le discours bien huilé de la sociologie des organisationsou bien de l’ergonomie, etc. où l’on est très enfermé dans le discours du facteurhumain, de l’erreur. Ces associations réintroduisent les notions de laresponsabilité, de l’engagement de l’acteur, de la personne dans son activité, quidéplacent les termes du débat et apportent des éclairages incontournables. Ellespeuvent aussi apporter quelque chose d’utile dans la problématique de lavictimisation, en ce sens qu’elles contribuent à la délimiter, ce qui est plus quenécessaire dans la mesure où la victimisation est de ces notions extensives, quifinissent par introduire une confusion généralisée. Les associations entretiennentun débat interne sur l’opportunité de créer un statut de victime, qui mériterait d’êtrepartagé dans un espace plus large.En conclusion, on peut avancer l’idée que les associations de victimes sont plutôtune figure moderne de la société du risque. La société du risque a succédé àl’approche ancienne du danger, où on cherchait à le circonscrire par le tryptique :sécurité, prévention et force majeure. Les associations de victimes, dernièresvenues sur la scène du risque, donnent figure à la menace, sur un mode trèscontemporain, celui d’une société complexe d’individus, où les processus desavoirs et d’informations sont centraux, une société ouverte au débat et à lacontroverse, organisée autour d’un nouveau tryptique : précaution, victimes,risques majeurs.81

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