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Désolé j'ai ciné #6

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The Knick<br />

ou quand le passe nous renvoie le futur<br />

Metteur en scène touche à tout, Steven Soderbergh ne pouvait reste<br />

éloigné ad vitam aeternam du petit écran. De “Fallen Angels” (Steven<br />

Golin, 1993-1995) dont il réalise deux épisodes, à “K Street” (2003) en<br />

passant par “Mosaic” (2018), le talent de l’Américain s’est exporté sans<br />

soucis. Pour autant, c’est bien dans “The Knick” (Jack Amiel et Michael<br />

Begler, 2014-2015) que sondit talent s’exprime sans doute le mieux sur<br />

le poste. Réalisateur, monteur (en tant que Mary Ann Bernard), chef<br />

opérateur (en tant que Peter Andrews) et producteur exécutif, le style<br />

du natif d’Atlanta est visible dans tous les recoins de cette série prenant<br />

place au Knickerbocker Hospital du New York de 1900.<br />

Regard historique autant que moderne sur un monde qui nous sépare<br />

de plus d’un siècle : “The Knick” est un univers étourdissant où divers<br />

enjeux et critiques se chevauchent (hubris, cupidité, sexisme et racisme)<br />

sur fond d’une médecine qui ne cesse de se muer cadavres à l’appui.<br />

Emmené par un casting bouleversant, une bande-son électro envoûtante<br />

qui rompt avec l’archaïsme médical, un scénario composé de plusieurs<br />

excroissances captivantes et une mise en scène sublime, “The Knick” est<br />

un véritable petit bijou. Par-delà son intérêt documentaire évident, pardelà<br />

la reconstitution diablement crédible ou la leçon de sociologie, la<br />

série réalisée par Steven Soderbergh parvient à nous rappeler à ceux et<br />

celles qui en doutaient que la télévision est le huitième art.<br />

On a regretté que la chaîne Cinémax (petite sœur d’HBO) n’ait souhaité<br />

prolonger l’aventure au sein de l’hôpital new-yorkais, mais après réflexion,<br />

il apparaît que cette difficile décision fut la bonne. Qui d’autre que le<br />

<strong>ciné</strong>aste de l’expérimentation et de la contagion aurait pu donner vie à un<br />

tel bébé ? Personne et surtout par ces yes man mortifères…<br />

Wade Eaton

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