Désolé j'ai ciné #6
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
96<br />
Véritable révolution dans le <strong>ciné</strong>ma,<br />
«Naissance d’une nation» n’en reste pas<br />
moins une oeuvre contestable dans son<br />
propos - propos qui lui vaudra d’ailleurs bien<br />
des ennuis après sa sortie - qui engendra<br />
des changements autant au <strong>ciné</strong>ma que<br />
dans les plus hautes sphères politiques.<br />
Si l’on outrepasse l’aspect purement<br />
technique du film, de nombreux points ont<br />
de quoi en choquer plus d’un. Notamment<br />
la représentation des noirs qui apparaissent<br />
comme de simples sauvages, pilleurs,<br />
destructeurs, violeurs et avides de pouvoir<br />
- le Quinté gagnant - tandis que l’Américain<br />
caucasien - et bourge évidemment - apparaît<br />
comme le sauveur de la population et le Ku<br />
Klux Klan comme les Chevaliers de la table<br />
ronde dans un élan patriotique défiant toute<br />
concurrence. Le tout avec un casting 100%<br />
blanc - les noirs étant tout simplement des<br />
acteurs blancs maquillés -, Griffith coche<br />
toutes les cases du film 100% raciste. Bingo.<br />
Lorsque la NAACP (National Association<br />
for the Advancement of Colored People) a<br />
eu vent de la sortie de ce film, elle a tout<br />
fait pour l’interdire - connaissant déjà les<br />
précédentes oeuvres de Dixon - avant même<br />
de l’avoir vu. Malheureusement leurs craintes<br />
rassemblement de la NAACP<br />
se sont confirmées lorsqu’ils ont finalement<br />
pu visionner le film. À la suite de quoi, elle<br />
demande au siège nationale de la NAACP à<br />
New-York d’agir.<br />
« [Le film est] historiquement inexact<br />
et, avec un certain génie, conçu pour<br />
excuser et justifier les lynchages et<br />
autres actes de violences commis à<br />
l’encontre du Nègre. »<br />
Les diverses branches de l’association<br />
mettent en place des campagnes<br />
pour interdire la diffusion du film. Des<br />
contestations dont les voix se font de plus<br />
en plus fortes poussent même le président<br />
Woodrow Wilson à nier d’avoir approuvé ce<br />
film - alors qu’il l’a diffusé à la Maison Blanche<br />
pour faire plaisir à Thomas Dixon qui était<br />
un ancien camarade de lycée -. D’un autre<br />
côté, ce vent de colère attise aussi l’ennemi.<br />
On recense régulièrement des accrochages<br />
et agressions dont la mort d’un lycée noir de<br />
15 ans, abattu par un homme blanc sortant<br />
du film à Lafayette dans l’Indiana.<br />
Cependant, la NAACP se retrouve bien vite<br />
prise à son propre piège quant à la demande<br />
de censure de «Naissance d’une nation», les