Désolé j'ai ciné #6
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PaDire que l’on donnerait presque le bon Dieu sans confession à la magnifique<br />
Olivia Cooke est presque un doux euphémisme, tant la jeune comédienne<br />
a réussi à faire de son joli minois, l’un des plus plaisants à suivre ces<br />
dernières années, aussi bien sur le petit que sur le grand écran.<br />
Et alors qu’elle est en passe de s’offrir un joli billet pour la renommée suite au<br />
carton d’estime du méchamment jouissif “Ready Player One” du roi Steven<br />
Spielberg, et au triomphe critique du formidable premier essai de Wayne<br />
Roberts, “Katie Says Goodbye” (où elle est extraordinaire), c’est au tour de<br />
“Thoroughbreds”, sortie dans l’anonymat le plus complet malgré un buzz<br />
positif intense outre-Atlantique, que les amateurs de l’actrice se doivent de<br />
porter leur attention en ces premières heures d’un été bien plus riche que<br />
l’on aurait pu le croire.<br />
Premier film du <strong>ciné</strong>aste Cory Finley (mais surtout dernier de feu le regretté<br />
Anton Yelchin), sorte de teen movie noir scindé en plusieurs parties/chapitres,<br />
sur une amitié orageuse/fusionnelle entre deux ados BCBG supposément<br />
opposées (l’animalité glaciale face à la candeur attachante) mais<br />
complémentaires, qui s’associent dans le crime pour liquider le beau-père<br />
prétentieux de l’une des deux; “Thoroughbreds” - titré “Pur-Sang” par chez<br />
nous -, se rêve tout du long comme un sommet de thriller ambiguë et tendu<br />
comme la ficelle d’un string, sur une jeunesse aussi froide qu’inquiétante<br />
(trompant l’ennui de leurs quartiers huppés en concoctant l’impensable,<br />
troublante mise en images de la vie inerte de la « haute société « contemporaine),<br />
mais se perd continuellement dans un amas de bavardage à peine<br />
divertissant (même si le duo Cooke/Taylor-Joy en impose) qui amenuise<br />
considérablement l’aspect foncièrement étrange d’un script tortueux mais<br />
bancal, un jeu de massacre boitant jusqu’à un dernier acte jamais marquant<br />
ni déstabilisant.<br />
Coming-of-age movie façon conte macabre maladroit et singulier à l’ambiance<br />
pourtant enivrante grâce à la photographie soignée de Lyle Vincent<br />
(“The Bad Batch”, “A Girl Walks Home Alone at Night”), n’embrassant jamais<br />
assez sa part d’ombre - prometteuse - et son immoralité pour pleinement<br />
convaincre (même si la jeunesse dorée dépeinte inspiré bel et bien le sentiment<br />
de dégoût recherché), “Pur-Sang”, belle déception cynique vu les<br />
talents impliqués, ne vaut alors que pour l’alchimie magnétique et électrique<br />
d’Anya Taylor-Joy et Olivia Cooke, deux étoiles montantes d’un septième art<br />
ricain qui serait bien avisé de les faire jouer le plus possible.<br />
N’est pas Bret Easton Ellis qui veut...<br />
Jonathan Chevrier<br />
DE CORY FINLEY. AVEC ANYA TAYLOR-JOY, OLIVIA COOKE... 1H33