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ÉVASIONS<br />
Des marchés<br />
différents et<br />
complémentaires<br />
La relance du tourisme passe par une<br />
redéfinition des flux. Historiquement,<br />
la France représente le contingent<br />
le plus important de touristes au Sénégal,<br />
ce que confirment les chiffres d’avant la pandémie :<br />
400161 Français avaient plébiscité la destination<br />
en 2018. Des chiffres qui font état d’une forte<br />
dépendance à ce marché émetteur, dont les entrées sont<br />
supérieures à celles de tous les pays d’Afrique réunis<br />
– et plus de 10 fois supérieures aux entrées américaines,<br />
estimées à 34329. Pourtant, pas de statu quo.<br />
L’ouverture en septembre 2021 d’une ligne Air Sénégal<br />
entre Dakar, New York et Washington est censée venir<br />
stimuler un segment de marché porteur – celui du<br />
tourisme mémoriel, centré sur les vestiges patrimoniaux<br />
de la traite négrière au mémorial de Gorée et au Musée<br />
des civilisations noires, notamment. En parallèle,<br />
l’ASPT appuie depuis 2017 la promotion du marché<br />
touristique auprès des résidents. Au programme :<br />
des plages, de la nature et de la culture. Et ça<br />
marche. Entre 2016 et 2018, la part des Sénégalais<br />
dans les arrivées globales hôtelières a augmenté<br />
de 7 %, pour atteindre 32 %. Le site Internet<br />
Taamu Sénégal, bardé d’offres promotionnelles,<br />
initié en 2020 comme rempart à la pandémie et<br />
maintenu en 2022, pourrait bien capitaliser sur<br />
cette bonne dynamique du tourisme interne. ■<br />
L’île de Gorée est une destination très prisée. Ici,<br />
des touristes devant l’église Saint-Charles Borromée.<br />
attirer 4,1 millions de touristes, contre 2,1 millions avant la<br />
pandémie, et dégager 1 000 milliards de FCFA (1,52 milliard<br />
d’euros) de recettes, contre 710 milliards de FCFA (1,08 milliard<br />
d’euros) en 2018. Vertigineux, mais il y a mieux : « Le Sénégal<br />
sera le premier hub aérien et touristique d’Afrique de l’Ouest »,<br />
clamait le président Macky Sall en avril 2021. L’affirmation n’est<br />
pas gratuite. Elle repose sur une stratégie nationale bien rodée.<br />
UNE VOLONTÉ POLITIQUE<br />
En 2019, le secteur participait au produit intérieur brut (PIB)<br />
à hauteur de 8 %, juste derrière les 12 % de celui de la pêche.<br />
C’est à ce titre qu’il a été érigé en priorité nationale dans le cadre<br />
du Plan Sénégal Emergent (PSE), projet de développement<br />
multi sectoriel lancé en 2014, qui est entré dans sa deuxième<br />
phase en 2019. D’ici 2025, les chantiers touristiques auront<br />
englouti 840 milliards de FCFA (1,28 milliard d’euros), sans<br />
compter les 424 milliards de FCFA (646 millions d’euros) dédiés<br />
à la construction de l’aéroport international Blaise Diagne. La<br />
modernisation des infrastructures de transport représente l’un<br />
des cinq axes prioritaires de la modernisation du secteur du<br />
tourisme au Sénégal, complété par le renforcement de la gouvernance,<br />
du tourisme local, du marketing et de l’expérience client.<br />
Malgré le réseau routier relativement dense par rapport<br />
aux autres pays d’Afrique de l’Ouest, certaines zones souffrent<br />
encore d’un relatif enclavement – un état de fait que vise à corriger<br />
le Programme de réhabilitation des aéroports du Sénégal<br />
(PRAS), initié en 2018 avec la rénovation de l’aéroport de<br />
Saint-Louis. En décembre 2021, c’est au tour de l’aéroport de<br />
Cap Skirring d’être réhabilité. Ziguinchor, Kédougou, Podor,<br />
Tambacounda et Ourossogui suivront en 2022. Ces points sont<br />
stratégiques. Ils correspondent aux six zones touristiques décrétées<br />
d’intérêt national par l’Agence sénégalaise de promotion<br />
touristique (ASPT), qui opère sous la houlette du ministère du<br />
Tourisme et des Transports aériens. Chacune d’entre elles sera<br />
adossée à des parts de marché clairement établies – dans des<br />
soucis de lisibilité et de diversification de l’offre touristique,<br />
jusqu’alors trop univoque. Avant la pandémie de Covid-19, 54 %<br />
des flux visaient le tourisme balnéaire, contre seulement 7 % le<br />
tourisme culturel et 6 % l’écotourisme. Quant aux 33 % restants,<br />
ils convergeaient à l’endroit du tourisme d’affaires – un segment<br />
porteur, à la mesure des ambitions d’un Sénégal émergent et sur<br />
lequel l’ASPT souhaite appuyer.<br />
La marge de progression est grande dans le segment des<br />
MICE (acronyme anglais désignant les réunions, les congrès,<br />
les conventions et les voyages de gratification). En 2019,<br />
le classement de l’International Congress and Convention Association<br />
(ICCA), calculé sur la base du nombre d’événements d’affaires<br />
à portée internationale hébergés par pays, faisait pointer<br />
le Sénégal à la 18 e place des destinations africaines avec seulement<br />
cinq rencontres organisées. Le podium, composé de<br />
l’Afrique du Sud, du Maroc et du Rwanda, cumulant à eux trois<br />
180 événements est, pour l’heure, inatteignable. Le voisin<br />
SHUTTERSTOCK<br />
HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022