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La Chambre de commerce,<br />
d’industrie et d’agriculture<br />
est située sur la place<br />
de l’Indépendance, au cœur<br />
du quartier d’affaires du Plateau.<br />
ERICK CHRISTIAN AHOUNOU/AID<br />
de Dakar. Elles s’y étendent aussi. Au risque, chaque année,<br />
lors de la saison des pluies, que ses habitants se réveillent les<br />
pieds dans l’eau.<br />
À force de déguerpissements, d’assainissements et de relogements<br />
via la Société immobilière du Cap-Vert (SICAP) et la<br />
Société nationale des habitations à loyer modéré (SNHLM), une<br />
partie des habitants a pu s’installer dans l’extension de Pikine<br />
et, dans une moindre mesure, dans les immeubles des quartiers<br />
populaires, plus centraux, de SICAP et de HLM. Il n’en demeure<br />
pas moins qu’en 2012, après les inondations, près de 75 % des<br />
400 000 habitants du quartier de Pikine Irrégulier Sud ont été<br />
portés sinistrés. Bien que des mesures de réduction des risques<br />
naturels aient été prises dans le cadre du Plan Sénégal Émergent<br />
(PSE) adopté en 2012, elles demeurent en deçà des réalités<br />
de l’urbanisation illégale, qui s’accroît encore aujourd’hui<br />
dans les zones à risque. Le département de Pikine a désormais<br />
dépassé celui de Dakar en nombre d’habitants – sans rattraper<br />
son niveau de vie. Transiter de Pikine aux Almadies, pour bien<br />
comprendre, revient à tenter un grand écart. Les quartiers résidentiels<br />
de l’ouest dakarois, prisé notamment par les expatriés<br />
occidentaux, sont le siège des couches nanties. Les rues arborées,<br />
pour la plupart carrelées ou goudronnées, font la belle<br />
place aux villas gardées par les sociétés de sécurité privées et<br />
aux 4x4 rutilants malgré la poussière ambiante – repoussée à<br />
la sueur du front des employés de maison. Près d’un tiers des<br />
Là où son dynamisme<br />
s’observe le mieux,<br />
c’est au quotidien,<br />
dans les rues<br />
que se partagent<br />
4 millions d’habitants.<br />
ménages des quartiers résidentiels percevaient en 2015 plus<br />
de 600 000 francs CFA (environ 910 euros), selon une enquête<br />
du sociologue Ibrahima Ndiaye, affilié à l’UCAD. À Pikine et à<br />
Guédiawaye, cette part plafonnait à 2 %. Aussi, lorsque l’on met<br />
en corrélation la disparité des revenus avec l’intense pression<br />
immobilière dont Dakar fait l’objet, on a l’impression d’écouter<br />
l’histoire du serpent qui se mord la queue. Entraînée par une<br />
augmentation des loyers de 256 % par rapport à 1994, la dynamique<br />
de perpétuation des discriminations sociospatiales ne<br />
connaît, pour le moment, pas de frein. Année après année, la<br />
ville pousse les classes les plus pauvres dans ses marges. Et cela,<br />
même alors que le Plan directeur d’urbanisme (PDU) de Dakar<br />
à l’horizon de 2035 prône l’inclusivité.<br />
HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022 55