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AM-HS-SENEGAL

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interview<br />

Samir Rahal « Nous avons<br />

tout ce qu’il faut pour réussir »<br />

Le directeur général du Terrou-Bi, à Dakar, propose des pistes<br />

pour le développement d’un tourisme haut de gamme.<br />

propos recueillis par Emmanuelle Pontié<br />

À<br />

l’origine un restaurant gastronomique ouvert en<br />

1986, le Terrou-Bi – « débarcadère » en wolof –<br />

est aujourd’hui l’un des fleurons de l’hôtellerie de<br />

luxe du pays. Cette institution familiale a évolué<br />

en hôtel en 2009, proposant plus de 100 chambres<br />

et suites. Agrandi en 2015 avec une extension de 56 nouvelles<br />

clés, le lieu se transforme en complexe avec piscine, nouveau<br />

restaurant et casino. Avec toujours plus de succès et d’étoiles.<br />

Rencontre avec son directeur général (DG).<br />

<strong>AM</strong> : En mars 2020, l’industrie touristique a dû s’arrêter<br />

à cause de la pandémie. Comment traversez-vous<br />

les différentes périodes de cette crise sanitaire mondiale ?<br />

Samir Rahal : Le Covid-19 a fait beaucoup de dégâts, chez nous<br />

comme chez nos concurrents. On attend beaucoup de 2022. Nous<br />

avons eu une véritable reprise depuis le mois d’octobre 2021,<br />

après avoir été plus qu’impactés pendant dix-huit mois. L’hôtel<br />

a été fermé pendant quatre mois [à partir de mars 2020, ndlr].<br />

Puis il nous a fallu six à huit mois pour tout remettre en route,<br />

en s’adaptant aux couvre-feux, de 18 heures puis de 21 heures.<br />

Jusqu’en octobre, nous avons travaillé autour de 40 % de notre<br />

capacité. Et ces dernières semaines, nous sentons un ralentissement<br />

à cause de la vague Omicron et du retour des tests obligatoires,<br />

des rappels pour les pass. C’est une période confuse,<br />

parce que nous n’avons pas de visibilité à court terme. Mais on<br />

ne peut pas se plaindre, car nous avons repris le travail. Le gouvernement<br />

a compris que nous n’avons pas les mêmes moyens<br />

qu’en Europe ou aux États-Unis. Nous ne sommes pas un pays<br />

riche mais en devenir, et si l’on oblige les gens à rester chez eux,<br />

eh bien… Nous sommes un peu obligés de faire avec le virus.<br />

Mais en ce qui concerne notre business, il faut que la clientèle<br />

internationale, qui représente 70 % de notre chiffre d’affaires,<br />

puisse continuer à venir pour que ça marche.<br />

Votre clientèle a-t-elle évolué ?<br />

Au début de la reprise, nous avons surtout accueilli des « touristes<br />

» de loisirs, qui ne pouvaient plus voyager à l’international<br />

et allaient donc en Casamance ou à Saly sur la Petite-Côte, ou<br />

bien à Dakar dans des établissements comme le nôtre avec une<br />

piscine ou une plage. Nous avons reçu un peu de clientèle d’affaires,<br />

venant de pays limitrophes comme le Mali, la Guinée<br />

ou la Mauritanie. Mais sans retrouver le volume enregistré au<br />

Terrou-Bi en vitesse de croisière normale.<br />

Que pensez-vous de l’offre hôtelière actuelle ?<br />

Comment vous positionnez-vous ?<br />

Le Sénégal est une destination idéale pour organiser des<br />

congrès, faire des affaires, grâce au développement fulgurant<br />

des opportunités dans le pays. Nous bénéficions de la vision<br />

du président Macky Sall, qui développe les infrastructures routières,<br />

sportives, de transport, etc. Globalement, je ne pense pas<br />

que la demande doit créer l’offre. C’est plutôt l’offre qui crée la<br />

demande. Et tant que l’on ne disposera pas d’une offre plus large<br />

en matière de capacité hôtelière de standing, nous ne pourrons<br />

pas atteindre un niveau de nuitées suffisant dans le pays. Je ne<br />

vais pas dire que la concurrence n’est pas gênante. Mais il est<br />

vrai que la situation de monopole, idyllique, est dangereuse pour<br />

le secteur, car elle apporte une sorte de tranquillité à l’entreprise,<br />

qui a tendance à s’endormir sur ses lauriers. Nous sommes<br />

deux ou trois acteurs haut de gamme importants dans le secteur,<br />

et si cela ne change pas dans les prochaines années, c’est un<br />

risque. Il faut ouvrir le marché, et pas seulement en créant des<br />

hôtels supplémentaires. Il faudrait aussi alléger les taxes que<br />

les compagnies aériennes subissent pour atterrir au Sénégal,<br />

ouvrir l’espace aérien. Les vols charters ne sont quasiment plus<br />

admis chez nous. On vient à Dakar en classe économique pour<br />

1200 ou 1300 euros. Heureusement, nous avons Air Sénégal<br />

qui monte en puissance, en pratiquant des prix plus cohérents.<br />

Un ciel plus « ouvert » est essentiel si nous voulons développer le<br />

tourisme d’affaires, et surtout le tourisme balnéaire.<br />

À combien s’élève le nombre de lits à Dakar aujourd’hui ?<br />

En hôtels de standing comme le nôtre, nous comptons<br />

le Pullman, les deux Radisson et le King Fahd Palace.<br />

Avec cinq établissements, nous tournons autour de 1100 ou<br />

102 HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022

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