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SYLVAIN CHERKAOUI - SYLVAIN CHERKAOUI POUR JEUNE AFRIQUE<br />

des activités informelles vers le formel,<br />

elle, est perçue en général sous<br />

deux angles : celui de la fiscalité et<br />

celui de la protection sociale au sens<br />

large. Ce qui est, à mon avis, important,<br />

c’est déjà de circonscrire le secteur<br />

informel que l’on pourrait aider<br />

à migrer dans un premier temps. Et<br />

là, je pense aux acteurs qui évoluent<br />

principalement dans la pêche, l’agriculture,<br />

l’élevage et l’artisanat. Ils le pays, le secteur privé doit<br />

À Dakar comme dans tout<br />

être le principal pourvoyeur<br />

regroupent une population d’actifs<br />

d’emplois.<br />

particulièrement jeunes, qu’il faut<br />

davantage former et aider à s’insérer<br />

dans l’activité économique. Cela veut dire<br />

agir sur les leviers suivants : un meilleur accès<br />

aux marchés, y compris la commande publique ;<br />

un encadrement technique approprié pour satisfaire<br />

les exigences des marchés ; des instruments<br />

financiers adaptés à leurs activités ; un régime<br />

fiscal simple et à leur portée ; une base minimale<br />

et évolutive de cotisation sociale couvrant un<br />

minimum de droits sociaux.<br />

Comme souvent en Afrique, l’accès<br />

au financement reste un frein majeur<br />

au développement normal des PME<br />

du pays. Comment peut-on adresser<br />

cette question essentielle ?<br />

C’est vrai, c’est une problématique réelle.<br />

Elle se pose principalement à trois niveaux : les<br />

taux d’intérêt, la durée des crédits, et les sûretés<br />

réelles et personnelles exigées. Alors, là où les PME vous<br />

diront que le coût de l’emprunt est trop élevé et difficilement<br />

supportable, les établissements financiers répondront qu’ils sont<br />

tenus de respecter les ratios prudentiels obligatoires et qu’ils ne<br />

disposent pas assez de ressources longues. C’est donc une situation<br />

assez complexe. À mon avis, l’une des difficultés majeures<br />

provient des accords successifs de Bâle I, II, III et IV. Il s’agit de<br />

normes prudentielles internationales, avec des argumentaires<br />

du risque de crédit, du risque de marché et du risque opérationnel,<br />

qui sont portées à un niveau optimal et qui ne se justifient<br />

pas pour nos pays. Le nœud à dénouer est certainement là. Il<br />

faudra ensuite y ajouter des instruments financiers innovants et<br />

des mécanismes de soutien à l’investissement privé.<br />

Comment concilier « inclusivité sociale », lutte contre<br />

la pauvreté et développement du secteur privé ?<br />

Il suffit de prendre conscience des nouveaux enjeux et défis<br />

mondiaux : la transformation numérique, la nouvelle économie<br />

climatique et le développement durable, le dividende démographique<br />

à capter. Ensuite, il faut agir ensemble, l’État et le secteur<br />

Le Sénégal se positionne<br />

activement sur le secteur<br />

des nouvelles technologies.<br />

privé partageant une vision prospective créatrice de valeur ajoutée<br />

durable et d’emplois décents, agissent ensemble.<br />

Au Sénégal comme dans de nombreux pays émergents,<br />

on assigne au secteur privé une mission d’ampleur<br />

historique : absorber le chômage. Est-ce réaliste ?<br />

Pour nous, il n’y a rien d’historique. Il est tout à fait normal<br />

que le secteur privé soit le principal pourvoyeur d’emplois. Et<br />

dans tous les pays du monde, la création d’emplois dans le secteur<br />

public est fonction du budget national, lui-même dépendant<br />

de diverses ressources, dont la contribution des entreprises.<br />

Comment, selon vous, peut-on gérer le volet<br />

démographique de cette équation ?<br />

En mettant en place, justement, un environnement incitatif<br />

à l’investissement privé et à la création de plus d’emplois-jeunes.<br />

Lors du Conseil présidentiel sur l’insertion des jeunes, j’ai eu<br />

à présenter plusieurs propositions visant à soutenir et accompagner<br />

notre jeunesse nombreuse vers le monde du travail :<br />

intégration de nouveaux critères relatifs à l’emploi et à la<br />

formation des jeunes dans la contractualisation des marchés<br />

HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022 63

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