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AM-HS-SENEGAL

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ENVIRONNEMENT<br />

l’État, pressé par l’urgence, qui a eu de graves conséquences. Les<br />

terres du Gandiol, jadis propices au maraîchage, sont désormais<br />

incultivables car affectées par l’eau salée. Les villages de Doun<br />

Baba Dièye et de Keur Bernard ont, eux, purement disparu. Les<br />

surcotes (dépassement anormal du niveau des marées) en 2015,<br />

2017 et 2018 ont ainsi ravagé plusieurs dizaines de maisons<br />

dans la Langue de Barbarie, poussant les autorités à reloger les<br />

familles sinistrées dans des camps à l’intérieur des terres. Le Projet<br />

de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis a été<br />

mis en œuvre pour réduire la vulnérabilité de ces populations.<br />

Plusieurs études estiment un recul du trait de côte de<br />

0,35 mètre par an entre 2000 et 2018. Des simulations et prédictions<br />

sur l’élévation du niveau de la mer indiquent que, pour<br />

une hausse de 0,5 mètre, 11 % du territoire de la Langue de<br />

Barbarie serait inondé (soit 199 216 hectares). Les habitants<br />

ont conscience des risques, subissant déjà les effets de l’érosion<br />

côtière : effondrement des habitations et des infrastructures,<br />

inondations des quartiers… Alors ils luttent à leur manière. Les<br />

initiatives individuelles et communautaires correspondent principalement<br />

à des « méthodes douces » : construction de murets<br />

de bois ou de pierre, élévation de digues avec des sacs de sable,<br />

plantation de végétaux pour retenir les sédiments…<br />

Les actions de l’État portent, elles, sur des travaux de plus<br />

grande ampleur, avec la construction de brise-lames faits de sacs<br />

de sable déposés le long du rivage. Ces mesures entamées après<br />

la catastrophe du village de Doun Baba Dièye ont été financées<br />

par le ministère de l’Environnement à hauteur de 525 000 euros,<br />

mais n’ont toutefois pas produit les résultats escomptés. Depuis<br />

lors, la construction d’une colossale barrière de rochers pour<br />

protéger les habitants a été privilégiée dans certains secteurs<br />

côtiers urbanisés, comme les quartiers de Goxu Mbathie et Santhiaba.<br />

Ces ouvrages ont été financés par la France (15 millions<br />

d’euros) et la Banque mondiale (22 millions d’euros).<br />

PLANTER POUR RESTAURER<br />

Le diagnostic du secteur forestier réalisé durant la planification<br />

de la Politique forestière du Sénégal (2005-2025) est sans<br />

appel. Il confirme une tendance à la dégradation et à la régression<br />

des ressources forestières sous l’effet d’une sécheresse<br />

récurrente combinée aux actions anthropiques néfastes telles<br />

que coupes abusives, feux de brousse, surpâturages ou défrichements<br />

agricoles. À cela s’ajoutent les multiples enjeux liés<br />

à la convergence de multinationales étrangères à la recherche<br />

effrénée de terres pour des exploitations à caractère industriel.<br />

L’un des premiers grands projets verts pour restaurer les<br />

fonctions écologiques et économiques des écosystèmes est la<br />

reforestation de la mangrove. Dès 2006, le Sénégal a lancé<br />

dans les estuaires de la Casamance et du Sine Saloum l’une<br />

des plus grandes campagnes mondiales de reforestation de<br />

mangrove, dont 45 000 hectares – soit un quart de la surface<br />

totale – avaient été détruits depuis les années 1970. Les mangroves<br />

réunissent des fonctions nourricières, écologiques et<br />

76 HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022

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