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AM-HS-SENEGAL

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Symbole de l’embellie économique du pays, le Club Med de Cap Skirring a réouvert le 5 décembre 2021,<br />

après vingt et un mois de fermeture.<br />

DR<br />

ivoirien, fort de 11 événements, figurait à la 12 e place – de quoi<br />

piquer l’orgueil du Sénégal, qui ne cache pas son ambition de<br />

rattraper son rival régional sur ce secteur.<br />

Son principal levier ? Diamniadio. Situé à une trentaine de<br />

kilomètres au sud de Dakar, le pôle urbain encore en gestation<br />

cristallise les derniers investissements du pays – complétés par<br />

des fonds privés – en matière d’infrastructures d’envergure<br />

internationale. Le trio Centre des expositions/Centre international<br />

des conférences Abdou Diouf/Dakar Arena a ainsi vocation<br />

à polariser l’organisation d’événements institutionnels,<br />

artistiques et sportifs de premier ordre dans la sous-région<br />

d’Afrique de l’Ouest : « Toutes ces infrastructures permettent<br />

au Sénégal d’accueillir les plus grands événements du monde »,<br />

soutenait, en 2019, le ministre du Tourisme et des Transports<br />

aériens, Alioune Sarr, à l’occasion du salon touristique Top Resa,<br />

à Paris. Les perspectives récentes semblent lui donner raison.<br />

La programmation multisite du 9 e Forum mondial de l’eau,<br />

prévu en mars 2022, met à l’honneur le trio de Diamniadio.<br />

Initialement prévus en 2022 et reportés pour des raisons de<br />

calendrier bousculé par les contraintes sanitaires, les Jeux olympiques<br />

de la jeunesse (JOJ) auront bien lieu en 2026. Hormis<br />

les structures sportives situées dans la capitale intra-muros, les<br />

JOJ seront hébergés dans la moderne Dakar Arena. Quant à la<br />

ville côtière de Saly Portudal, située sur la Petite-Côte, à une<br />

cinquantaine de kilomètres de Dakar, elle accueillera les compétitions<br />

de natation. Un signal fort de requalification, pour les<br />

observateurs, de cette station balnéaire en perte d’attractivité.<br />

DES LENDEMAINS DURABLES ?<br />

Saly Portudal – qui fut, au lendemain des indépendances,<br />

le fleuron des 718 kilomètres de plage du Sénégal – cristallise<br />

les dangers d’un tourisme de masse sur l’environnement :<br />

« L’ouverture de Saly aux initiatives touristiques a provoqué des<br />

risques de saturation de l’espace. Ce milieu littoral est le théâtre<br />

d’exploitation abusive des ressources naturelles. Au point que<br />

plusieurs chercheurs sénégalais, au cours de ces dernières<br />

décennies, se sont posé avec acuité la question de sa survie »,<br />

pointait, en 2020, Mamadou Diombéra, enseignant-chercheur<br />

à l’université Assane Seck de Ziguinchor. L’étude dénonce le<br />

mitage artificiel du littoral de la Petite-Côte réalisé avec le blancseing<br />

de la Société d’aménagement et de promotion des côtes<br />

et zones touristiques du Sénégal (SAPCO). Après sa création<br />

en 1975, la société publique rattachée au ministère du Tourisme<br />

et des Transports aériens délivre des permis de construire à des<br />

promoteurs qui édifient à Saly des complexes hôteliers à une<br />

cinquantaine de mètres du rivage, frappé de plein fouet par<br />

l’érosion côtière. Les bungalows de l’hôtel Espadon s’en souviennent<br />

: ils durent fermer en 2014, lorsque les vagues commencèrent<br />

à leur lécher les pieds.<br />

Alors, plus jamais ça ? L’histoire pourrait pourtant bégayer<br />

à Pointe-Sarène, la dernière-née des stations balnéaires située<br />

à 20 kilomètres au sud de Saly. Afin de reconstituer les plages<br />

exsangues de cette dernière, l’Agence nationale pour la promotion<br />

des investissements et des grands travaux (APIX) recommande<br />

le dragage du sable au large des côtes de Pointe-Sarène.<br />

« Ses populations, accompagnées par les acteurs de la pêche du<br />

département de Mbour, pensent que les autorités sénégalaises<br />

veulent déshabiller Jean pour habiller Paul », pouvait-on lire dans<br />

le quotidien Enquête+. Les amateurs d’humour noir apprécieront.<br />

Quant aux optimistes, ils préféreront sans doute tourner<br />

la tête du côté du Sine Saloum, du Sénégal oriental ou de la<br />

Casamance. Sous l’impulsion d’acteurs locaux vivote un écotourisme<br />

certes confidentiel, vu le déséquilibre engendré par le<br />

tourisme d’affaires et balnéaire, mais porteur de perspectives<br />

sociales durables. « Au regard de la qualité et de l’importance de<br />

son capital naturel et culturel, le Sénégal gagnerait à développer<br />

l’écotourisme », annonçait, prophétique, une note du ministère<br />

du Tourisme et des Transports aériens en 2013. Neuf ans plus<br />

tard, sur les 27 points d’intérêt mis en avant par l’ASPT dans son<br />

plan de relance, 10 d’entre eux font la part belle aux parcs et<br />

réserves naturelles, aux rencontres ethniques et culturelles. De<br />

quoi augurer des lendemains plus verts, au pays de la Teranga. ■<br />

HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022 101

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