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KHALIFA HUSSEIN POUR <strong>AM</strong><br />
1200 chambres. C’est dérisoire. Pour le moindre colloque de<br />
3000 ou 4000 personnes, il n’y a pas la capacité d’accueil nécessaire.<br />
Or, aujourd’hui, nous bénéficions d’un climat tempéré<br />
neuf mois sur douze, et notre pays est stable, sécurisé face au<br />
danger terroriste. Nous avons tout ce qu’il faut pour réussir.<br />
Que faudrait-il encore améliorer ?<br />
À la base, le Sénégal est un pays de folklore. Dans les villages,<br />
vous pouvez découvrir des fêtes, des chants, des danses.<br />
Chaque région offre ses propres traditions. Et ça, c’est positif.<br />
L’art également prend une grande place aujourd’hui. Le<br />
pays regorge de créativité, de talents. Mais, en parallèle, une<br />
forme d’anarchie s’est installée. Les transports en commun<br />
sont hors d’âge, les taxis s’arrêtent n’importe où sur les voies<br />
rapides pour charger des clients… Pour les Occidentaux qui<br />
ne sont pas habitués, cela peut être choquant. Il faudrait<br />
trouver un compromis qui rassure les touristes. Je sais que les<br />
autorités y travaillent. Enfin, il y a un autre souci, d’un autre<br />
ordre : c’est le coût de l’argent. Depuis le sommet de l’Organisation<br />
de coopération islamique (OCI) qui s’est déroulé<br />
en 2008 au Sénégal, grâce auquel nous avons bénéficié d’un<br />
accompagnement très intéressant, aucun hôtel n’est sorti de<br />
terre à part le Radisson et le Terrou-Bi. Les projets se sont<br />
bousculés, mais aucun d’entre eux n’a abouti. Nous bénéficions<br />
aujourd’hui d’une structure comme l’Agence nationale<br />
pour la promotion des investissements et des grands travaux<br />
(Apix) qui nous soutient et nous aide, c’est très précieux.<br />
Mais le système bancaire sénégalais est tel qu’on ne peut<br />
pas amortir l’investissement de la construction d’un hôtel.<br />
La logique voudrait que les nationaux investissent dans le<br />
dur et que des groupes étrangers viennent gérer ces entreprises.<br />
Or, avec des crédits accordés sur seulement cinq ou<br />
sept ans – ce qui représente un très court terme, même si<br />
l’on appelle ça ici du « long terme » –, il est impossible de<br />
rembourser l’investissement d’un hôtel 5 étoiles. Le coût<br />
d’une chambre s’élève au minimum à 200000 euros. Si vous<br />
construisez un hôtel de 200 chambres, nous parlons d’un<br />
investissement de 40 millions d’euros. Qui peut rembourser<br />
une telle somme en sept ans ? On peut investir ici, mais grâce<br />
à un financement étranger, qui offre un crédit sur quinze<br />
ans. Les nationaux n’arriveront jamais à investir, seuls les<br />
étrangers pourront le faire. Je sais que l’État a conscience<br />
de ce problème, mais malheureusement, il n’est pas souverain<br />
sur la question. C’est la Banque centrale des États de<br />
l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui manage les conditions bancaires<br />
imposées par les banques de nos pays. De mon point<br />
de vue, le développement passe obligatoirement par un accès<br />
« pas cher » à l’argent. Tout en encadrant les prêts avec des<br />
conditions draconiennes, pour être sûr que le projet arrive à<br />
terme et sorte de terre.<br />
Quels sont vos projets, en cours ou à venir ?<br />
Tout d’abord, nous allons procéder à une extension, avec<br />
un nouveau bâtiment hôtelier sur le site. Un positionnement<br />
stratégique sur l’avenir, qui offrira l’équivalent d’une capacité<br />
d’environ 150 lits, toujours dans le haut de gamme. Par ailleurs,<br />
notre hôtel fêtera bientôt ses 13 ans, et nous comptons rafraîchir<br />
nos chambres sur les trois années à venir. Pour se préparer à la<br />
concurrence. Preuve que cette dernière est une saine émulation<br />
pour maintenir notre produit à niveau. ■<br />
HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022 103