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ENVIRONNEMENT<br />
Priorité aux<br />
énergies vertes<br />
Malgré d’importantes découvertes<br />
de pétrole, le pays souhaite verdir<br />
sa production énergétique.<br />
Avec 3000 heures d’ensoleillement par an, le<br />
Sénégal dispose de l’un des potentiels parmi les<br />
plus élevés au monde pour valoriser l’énergie<br />
solaire. Si cette réserve a longtemps été sousexploitée,<br />
le pays cherche à rattraper le temps perdu.<br />
« L’énergie solaire constitue la source la mieux répartie et<br />
la plus importante sur l’ensemble du territoire, même si,<br />
pour les autres filières, il existe un potentiel considérable,<br />
notamment l’éolien, la biomasse et l’hydraulique »,<br />
relève Djiby Ndiaye, le directeur de l’Agence nationale<br />
pour les énergies renouvelables du Sénégal (ANER).<br />
Une institution qui s’est fixée comme mot d’ordre de<br />
produire « de l’énergie à moindre coût et respectueuse<br />
de l’environnement partout et pour tous ». Aujourd’hui,<br />
les énergies renouvelables représentent 30 % du mix<br />
énergétique du pays (la répartition des différentes<br />
sources d’énergies consommées). La capacité des énergies<br />
vertes installées est estimée à 1500 mégawatts (MW),<br />
contre 500 MW en 2012. Entre 2016 et 2020, plus de<br />
400 MW d’énergies propres ont été ajoutées. Première<br />
source d’énergie renouvelable du Sénégal, le solaire<br />
représente 226 MW, suivi par l’éolien, grâce au parc<br />
de Taïba Ndiaye de 158,7 MW – première centrale<br />
éolienne à grande échelle d’Afrique de l’Ouest, mise en<br />
service en 2020 –, puis de l’hydraulique avec 70 MW.<br />
Alors que 65 % du territoire est électrifié, l’objectif est<br />
d’atteindre un accès universel à l’électricité à l’horizon<br />
de 2025. Il repose sur plusieurs projets de production<br />
décentralisée (mini-réseaux, etc.) intégrant les énergies<br />
renouvelables. Ainsi, dans l’hydroélectrique, des sites<br />
sont à l’étude pour installer près de 1400 MW sur les<br />
fleuves Sénégal et Gambie, ainsi que leurs affluents.<br />
La découverte d’importants gisements de gaz depuis<br />
2017, moins émetteur de gaz à effet de serre que le<br />
pétrole, va faciliter la stratégie du pays à se convertir<br />
à des énergies plus vertes. Avec le programme « Gaz<br />
to Power », lancé en 2018, le Sénégal a notamment<br />
l’ambition de convertir au gaz ses centrales thermiques<br />
polluantes, fonctionnant au fioul, qui assurent encore<br />
67 % de la production d’électricité. ■ Jean-Michel Meyer<br />
économiques : ressources alimentaires, forestières, épuration de<br />
l’eau, protection contre l’érosion et les évènements extrêmes…<br />
Elles abritent également une biodiversité exceptionnelle et<br />
emprisonnent très efficacement le carbone atmosphérique.<br />
Entre 2006 et 2019, plus de 279 millions de palétuviers et<br />
d’arbres ont été plantés sur 32 000 hectares. Selon le Fonds<br />
Carbone Livelihoods, qui a financé 90 % du projet (les 10 % restants<br />
provenant de l’État et d’appels aux dons), la croissance de<br />
la mangrove va permettre d’absorber environ 500 000 tonnes<br />
de carbone sur vingt ans, de produire 18 000 tonnes de poissons<br />
par an et de favoriser le développement des crevettes, des<br />
huîtres et des mollusques. Des études datant de 2019 ont déjà<br />
montré des résultats positifs en Casamance, où la mangrove<br />
regagne du terrain.<br />
RESTAURER LES ÉCOSYSTÈMES<br />
La Grande muraille verte (GMV) est un autre des grands<br />
projets. Lancée en 2009 avec pour objectif de planter une coulée<br />
verte de 7 600 kilomètres de long sur 15 kilomètres de large<br />
entre le Sénégal et Djibouti (11 pays concernés), la GMV doit<br />
ralentir l’avancée du désert, améliorer la gestion des ressources<br />
naturelles et lutter contre la pauvreté, mais également restaurer<br />
100 millions d’hectares, séquestrer 250 millions de tonnes de<br />
carbone et créer 10 millions d’emplois verts à l’horizon 2030.<br />
Le dernier rapport d’évaluation de la mise en œuvre (datant<br />
de septembre 2020) indique que seulement 18 % des objectifs<br />
auraient été atteints. Ce faible taux d’avancement s’explique par<br />
la difficile coordination entre les différentes parties prenantes et<br />
l’insécurité grandissante dans le Sahel à cause du déploiement<br />
des groupes djihadistes.<br />
Au Sénégal, la GMV mesure 545 kilomètres de long sur<br />
15 kilomètres de large et constitue une superficie de 817 500 hectares.<br />
Elle concerne les régions de Louga, Saint-Louis et Matam<br />
(principalement dans la zone sylvopastorale où les précipitations<br />
annuelles ne dépassent guère 400 mm). Les populations<br />
bénéficiaires directes sont estimées à 322 221 habitants. La mise<br />
en œuvre du programme est confiée à l’Agence panafricaine<br />
de la grande muraille verte (APGMV), qui en a fait un projet<br />
multisectoriel. Il s’agit de restaurer les écosystèmes par la plantation<br />
de milliers d’arbres, tout en développant les territoires.<br />
L’approche consiste à mettre en place des jardins polyvalents<br />
adaptés aux conditions du milieu et aux besoins des populations<br />
et de les impliquer pour garantir la durabilité. Des résultats<br />
positifs ont été obtenus.<br />
Entre 2008 et 2015, le pays a reboisé dans ce cadre<br />
33 300 hectares, produit 16 150 000 plants et mis en défens<br />
– clôturé – 13 000 hectares, empêchant ainsi la coupe et le passage<br />
des animaux. Les espèces reboisées sont endémiques à la<br />
zone et résistantes à la sécheresse : il s’agit principalement de<br />
l’acacia Sénégal et du Balanites aegyptiaca, dont les propriétés<br />
et les usages traditionnels (pharmacopée) et domestiques sont<br />
bien connus des habitants.<br />
78 HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022