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AM-HS-SENEGAL

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INTERVIEW<br />

question d’accélérer la mise en œuvre des politiques sectorielles<br />

visant trois objectifs : réduire notre fragilité et notre dépendance<br />

extérieure des secteurs vitaux tels que la santé, l’alimentation,<br />

l’énergie ; atteindre les 17 Objectifs de développement durable<br />

(ODD) au cœur de l’Agenda 2030 ; et renforcer la présence du<br />

secteur privé national dans le secteur productif tout en rendant<br />

attractif plus d’investissement direct étranger. Cela s’est traduit<br />

par une mise à niveau du cadre réglementaire et juridique de<br />

contractualisation des projets de partenariat public-privé (PPP),<br />

mais aussi par une responsabilisation plus grande du secteur<br />

privé national dans la réalisation des projets structurants du PSE.<br />

La forte croissance économique depuis 2013-2014,<br />

par rapport aux longues années de stagnation<br />

précédentes, a-t-elle bénéficié, d’une manière ou<br />

d’une autre, aux entreprises privées sénégalaises ?<br />

La dynamique forte de croissance<br />

économique constatée entre 2013 (3,5 %)<br />

et 2014 (6,2 %), puis maintenue jusqu’à<br />

l’avènement de la pandémie de Covid-<br />

19, nous a donné une moyenne d’environ<br />

6,5 % de croissance du PIB. Cette<br />

trajectoire de croissance, qui en fait<br />

l’un des pays d’Afrique subsaharienne<br />

les plus performants, témoigne d’une<br />

amorce de la transformation structurelle<br />

sous-tendue par des réformes axées sur<br />

l’amélioration du climat de l’investissement,<br />

de la gouvernance et des investissements.<br />

Cette période correspond<br />

également à la mise en œuvre du PSE,<br />

qui a eu un impact positif sur les entreprises<br />

privées sénégalaises des secteurs<br />

d’activité tels que le BTP, le transport,<br />

l’hôtellerie et la restauration, l’industrie<br />

Il suffit<br />

de prendre<br />

conscience<br />

des nouveaux<br />

enjeux et défis<br />

mondiaux,<br />

et ensuite,<br />

d’agir avec<br />

l’État.<br />

et l’agro-industrie, le commerce, l’agriculture, la pêche, les services,<br />

etc. Bien entendu, les performances enregistrées par les<br />

entreprises privées sont aussi tributaires de facteurs comme le<br />

processus managérial et la gouvernance interne.<br />

Le Sénégal figurait à la 123 e place dans le classement<br />

du Doing Business en 2020. Cela reflète encore<br />

les difficultés de fonctionnement et de compétitivité<br />

du secteur privé. Quels sont les principaux<br />

écueils auxquels vous devez faire face ?<br />

Le Sénégal a en effet été classé 123 e , mais il faut noter le<br />

progrès par rapport au classement de 2019, où nous occupions<br />

la 141 e place. Le Doing Business n’est pas un indicateur de<br />

compétitivité et de performances économiques ni des entreprises<br />

ni des pays. Il permet avant tout d’apprécier l’évolution d’une<br />

catégorie bien déterminée de réformes sur l’environnement<br />

des affaires, dont celles portant sur la création d’entreprises<br />

et la protection des investisseurs. Pour ce qui est du Sénégal,<br />

il a été possible d’améliorer notre climat des affaires et surtout<br />

de prendre en compte les préoccupations du secteur privé. De<br />

nouvelles juridictions commerciales ont été mises en place,<br />

permettant de désengorger nos tribunaux avec un traitement<br />

plus rapide des contentieux commerciaux. La dématérialisation<br />

des services à l’entreprise a aussi été faite, notamment les<br />

télédéclarations et télépaiements aussi bien fiscaux que douaniers.<br />

Et vous avez les cadres législatifs, réglementaires et juridiques<br />

relatifs à des secteurs comme le pétrole et le gaz, l’électricité,<br />

les contrats de PPP, etc. Une plus grande importance est donnée<br />

à la promotion et au renforcement des capacités du secteur<br />

privé national, à travers des textes et instruments régissant<br />

la notion de « contenu local » dans des secteurs stratégiques<br />

de croissance inclusive que nous impulsons dans le cadre<br />

d’un dialogue public-privé conséquent, et<br />

surtout suite à une directive du chef de l’État,<br />

Macky Sall. Ce mouvement de réformes sur<br />

l’environnement des entreprises est permanent,<br />

autant que l’exige la mondialisation. Ce qui<br />

compte, c’est le renforcement de nos capacités<br />

productives pour mieux nous insérer dans<br />

l’économie-monde.<br />

De nombreux observateurs soulignent<br />

le rôle encore très largement<br />

dominant de l’État, du secteur public,<br />

des entreprises publiques, le poids<br />

d’une réglementation contraignante.<br />

Quelle est votre analyse ?<br />

Je ne pense pas que l’on puisse parler de<br />

prédominance de l’État en ce qui concerne<br />

les activités marchandes. Au contraire, notre<br />

pays s’est lancé très tôt dans des contrats de<br />

délégations pour la gestion de services publics<br />

et le développement des infrastructures. Je rappelle ainsi que,<br />

déjà, en 1996, il y avait un contrat d’affermage dans le secteur<br />

de l’eau. Puis nous avons eu divers build-operate- transfer<br />

(BOT) ou build-own-operate-transfer (BOOT) dans d’autres<br />

secteurs comme ceux de l’électricité, des infrastructures, etc.<br />

Ensuite, nous sommes passés à une nouvelle étape, avec des<br />

contrats de concessions portuaires, aéroportuaires et routières,<br />

ainsi que des contrats PPP plus adaptés à notre économie. Dire<br />

aujourd’hui que la réglementation est contraignante, ce n’est pas<br />

mon avis, et ce d’autant plus que nous disposons d’une nouvelle<br />

loi PPP avec ses décrets d’application.<br />

Doit-on favoriser le secteur informel ? Faut-il<br />

le formaliser, et si oui, de quelle manière ?<br />

C’est un débat essentiel et complexe. L’attractivité de l’informel<br />

repose sur sa flexibilité et sur sa rapide capacité d’adaptation<br />

aux réalités socio-économiques nationales. La migration<br />

62 HORS-SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE I FÉVRIER 2022

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