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Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers

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DU MYTHE À LA SCIENCE

dont les travaux furent publiés en 1543

dans son De Revolutionibus. Son héliocentrisme,

attaché au mouvement circulaire uniforme,

n’était guère plus exact que le modèle

ptoléméen. Mais ayant lancé la Terre en orbite

autour du Soleil, convaincu d’avoir découvert le

vrai système du monde, Copernic ouvrit la voie

à une nouvelle conception de l’Univers.

Au tournant des XVI e et XVII e siècles, l’astronomie

connut deux bouleversements. Le premier

fut céleste, avec l’observation coup sur

coup d’une comète et de deux supernovae ;

l’autre technique, avec les débuts de l’astronomie

optique. Le soir du 11 novembre 1572,

l’astronome danois Tycho Brahe remarqua

une nouvelle étoile plus brillante que Vénus :

une supernova. La voûte céleste était en train

de changer ! Observateur acharné, Brahe dirigeait

l’observatoire d’Uraniborg d’où, à partir du

13 novembre 1577, il suivit la trajectoire d’une

comète, démontrant qu’il ne s’agissait pas d’un

phénomène sublunaire. Quelques décennies

plus tard, l’Allemand Johannes Kepler documentait

une deuxième supernova en 1604,

avant de déterminer en 1609 que les trajectoires

des planètes sont des ellipses.

Cette même année 1609 voyait l’Italien Galileo

Galilei braquer vers le ciel une lunette, instrument

inventé l’année précédente par le Néerlandais

Hans Lipperhey. Galilée visa d’abord la

Lune et ses reliefs, puis Jupiter, dont il découvrit

les quatre satellites, avant d’observer aussi

les phases de Vénus, prouvant sa révolution

autour du Soleil à la surface duquel il décrivit des

taches. Quittant le Système solaire, il discerna

une myriade d’étoiles dans la Voie lactée, là où

Aristote ne voyait qu’un phénomène atmosphérique.

Les astres prenaient enfin corps…

THE GRANGER COLL NY / AURIMAGES

Ce dessin de Johann Tolhopf , astronome allemand du XV e siècle, montre

qu’il voyait encore la Terre au centre du monde.

Mais les planètes, comment tournent-elles ? Il

fallut pour le comprendre attendre Newton, qui

introduisit dans ses Principia (1687) la force de

gravitation universelle et évinça le divin du ciel.

« Au XVII e siècle, des astronomes comme Giovanni

Battista Riccioli pensent encore que les

moteurs des planètes sont des anges ! », rappelle

Denis Savoie. L’association de cette loi d’attraction

au mouvement elliptique de Kepler permit

de nombreuses découvertes, rapporte Jean-Marc

Bonnet-Bidaud : « Celle de Neptune par Le Verrier

en 1846, à partir des anomalies de l’orbite

d’Uranus, celle du compagnon invisible de Sirius

(la naine blanche Sirius-B) à partir des perturbations

de Sirius-A, ou l’orbite des comètes et

l’explication de leur retour périodique. »

James Evans,

Histoire et

pratique de

l’astronomie

ancienne, Les

Belles Lettres,

2016

Plonger dans l’espace profond et remonter le temps

Pour Denis Savoie, « l’Univers est resté

banlieusard pendant longtemps ». Le

cosmos des Grecs était fini, cerclé par

l’empyrée et ses feux éternels, et fixé par

Ptolémée à 20 000 rayons terrestres.

En changeant notre vision de la Terre,

Copernic rejeta les étoiles beaucoup plus

loin, mais en laissant aux philosophes le

soin de déterminer « que le monde soit fini

ou infini ». Le grand saut fut franchi par

Ole Rømer en 1676, qui découvrit que la

lumière avait une vitesse. Il comprit alors

qu’observer loin, c’était aussi remonter

dans le temps. William Herschel comparait

ainsi l’astronome au botaniste regardant

des arbres d’une même espèce à différents

stades de croissance. Cette projection

temporelle, associée à un modèle en

expansion, donne accès à l’histoire même

de notre Univers âgé de 13,8 milliards

d’années. Mais vitesse finie de la lumière

et expansion de l’espace imposent

une limitation de l’Univers observable,

désignée comme l’horizon cosmologique.

D’un rayon d’environ 46 milliards d’annéeslumière,

celui-ci ne constituerait qu’une

fraction de l’Univers. Mais il recèlerait

quelque 2 000 milliards de galaxies, selon

les images du champ profond collectées

par le télescope Hubble.

14 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022

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