LA VIE AILLEURS...Si des civilisations extraterrestres avancées existent, pourquoi ne nousont-elles pas contactés ? Telle est la question insolite, voire existentielle,que pose le paradoxe de Fermi. Alors que de nombreux chercheurs ont tentéd’esquisser des réponses, d’ambitieux programmes sont aujourd’hui lancésdans l’espoir de capter le moindre signe de vie.Recherche E.T.désespérément…74 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022
Le Guide du voyageurgalactique, adaptationréalisée en 2005 del’œuvre de l’écrivainDouglas Adams.L’Univers est vieux et vaste, infinipeut-être. Avec ses 13,8 milliardsd’années et ses centainesde milliards de galaxies, quicontiennent elles-mêmes descentaines de milliards d’étoiles,difficile – effrayant, même ! – depenser que nous en sommes les seuls habitants.Et pourtant, lorsque l’humanité tend l’oreillevers le cosmos, à la recherche d’un messageou d’une quelconque trace, c’est le silence. En1950, ce constat conduit le physicien italoaméricainEnrico Fermi (1901-1954) à formulerune question très simple : mais où sont donc lesextraterrestres ?Notre galaxie à elle seule contient entre 200 et300 milliards d’étoiles, dont 10 à 40 milliards denaines jaunes, comme le Soleil. Les astronomesPHOTO12/7E ART/TOUCHSTONE PICTURESRÉMY CORTINMathieu Agelou,Gabriel Chardin,Jean Duprat, AlexandreDelaigue et RolandLehoucq, Où sont-ils ?CNRS éditions, 2017Exoplanètes, croissanceet paradoxe de Fermi,conférence virtuelled’Aurélien Crida,Observatoire de la Côted’Azur,14 août 2020,sciav.fr/ACridaExtraterrestre, il estFermi d’en douter,La Méthode scientifique,France Culture,émission du3 janvier 2020,sciav.fr/radioFermiestiment que 20 % de ces dernières disposentd’une planète située dans leur zone d’habitabilité.En imaginant que seulement 0,1 % de cesplanètes hébergent effectivement une forme devie, on atteint le nombre astronomique de… unmillion de planètes habitées dans la Voie lactée.Dans ce cas, comment est-il possible quenous n’ayons pas été contactés par des extraterrestres? Selon Gabriel Chardin, de l’Institutnational de physique nucléaire et de physiquedes particules (CNRS), pour qu’une civilisationplus ou moins proche, biologiquement, de lanôtre parte à la conquête des étoiles, encorefaudrait-il que sa planète natale dispose d’assezde métal en son sein pour rendre possible uncertain degré de développement technologique.Une colonisation par bonds successifs,d’une planète habitable à une autre…En admettant qu’elle parvienne à se développerde la sorte, Enrico Fermi estime qu’elle ne pourraitqu’aspirer à coloniser la galaxie, qu’importeses motivations. Il postule que cela pourrait sefaire par bonds successifs d’une planète habitableà une autre, chaque cycle de colonisations’échelonnant sur des centaines, voire des milliersd’années. Si une civilisation pouvait produiredes « vaisseaux générationnels » capablesde voyager à une petite fraction de la vitesse dela lumière, et parvenait à subvenir aux besoinsde la population embarquée pendant environ1000 ans, il « suffirait » de deux millions d’annéespour coloniser l’ensemble de la galaxie,dont le rayon est d’environ 50000 années-lumière.Un délai court par rapport à l’âge de la viesur Terre, estimé à 4 milliards d’années. Ainsi, detelles civilisations auraient certainement visitéla Terre, peut-être même plusieurs fois.Derrière cet exercice de pensée insolite secache une interrogation existentielle toutà fait sérieuse. La question de la vie ailleursdans l’Univers intrigue et fascine depuis longtemps…En 1975, l’astrophysicien amé- « ON POURRAIT AVOIR AFFAIRE ÀDES “FLASHS” DE CIVILISATIONS,DISPARUES AUSSI VITE QU’ELLESSONT APPARUES… À L’ÉCHELLEDES TEMPS COSMIQUES »Gabriel Chardin, Institut national de physique nucléaireet de physique des particules (CNRS)AVRIL/JUIN 2022 SCIENCES ET AVENIR NUMÉRO SPÉCIAL I 75