Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers
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LA VIE AILLEURS
Des molécules organiques, de celles qui ont permis l’éclosion de la vie sur Terre,
ont été découvertes sur quelques astéroïdes et comètes telle Tchouri. La quête de
ces prémisses de matière vivante va désormais se poursuivre sur Mars, arpentée
par le robot Curiosity, mais aussi, plus loin de nous, sur des exoplanètes.
Des « briques » de vie
sur d’autres planètes ?
La vie existe-t-elle ailleurs que
sur la Terre ? Au VI e siècle avant
notre ère, des philosophes grecs
comme Thalès, Anaximandre
ou Héraclite envisageaient déjà
une « pluralité des mondes ».
Le sujet est plus pertinent
encore depuis que nous savons que des milliards
de milliards d’étoiles sont dotées, comme
la nôtre, d’un cortège de planètes. Au point qu’il
devient difficile de présumer qu’elle n’aurait
jailli qu’une seule fois. La vie extraterrestre n’est
d’ailleurs plus de nos jours une question en l’air,
c’est une discipline: l’exobiologie.
Question préalable : savons-nous, déjà, comment
la vie a surgi sur Terre ? La chose s’est
passée, au moins en partie, dans l’eau. Oui…
mais où ? « Les scénarios principaux la font
émerger près de sources hydrothermales océaniques
ou terrestres, ou encore dans des lacs,
expose Frances Westall, responsable du groupe
Exobiologie du Centre de biophysique moléculaire
à Orléans. Je trouve très intéressante l’hypothèse
d’une apparition de la vie à proximité
des premières. Elles sont souvent entourées de
sédiments d’origine volcanique riches en minéraux,
qui ont pu jouer un rôle. »
Mais avant même la vie, comment sont apparus
sur notre planète les constituants de la
matière vivante, ces molécules organiques
d’une extraordinaire diversité mais toutes
construites sur une ossature d’atomes de carbone
? Point de départ désormais solidement
documenté : nombre d’entre elles se forment
et sont stockées dans les astéroïdes, comètes
et autres cailloux qui circulent dans le Système
solaire… avant d’échouer, parfois, sur
Terre. Les preuves de ce processus ne cessent
de s’accumuler. Dès 1970, sur la célèbre météorite
de Murchison tombée en Australie l’année
précédente, on découvrait 18 acides aminés,
ces pièces détachées des protéines. En 2010,
des analyses plus poussées en dénombraient
soixante-dix. Mieux, en 2019, une équipe japonaise
y a décelé des sucres, en particulier du
ribose, qui forme l’ossature de l’acide ribonucléique
(ARN).
Une chimie organique détectée dans
cinq disques protoplanétaires
Cette chimie organique primordiale, on l’a également
traquée en remontant « à la source ».
En 2006, la sonde Stardust de la Nasa a ainsi
rapporté un peu de poussière prélevée deux
ans plus tôt dans la queue de la comète 81P/
Wild. Les scientifiques y ont détecté des fonctions
organiques simples (alcool, cétone, aldéhyde,
carboxyle…), mais aussi un acide aminé
essentiel, la glycine, également recueilli dix
ans plus tard sur la comète Tchouri par la mission
Rosetta. Côté astéroïdes, la sonde japonaise
Hayabusa 2 a étudié Ryugu, entre 2018
et 2019, et lui a même chipé 5,4 grammes de
matière. Les premières analyses suggèrent une
fois encore la présence de nombreuses molécules
organiques. Les échantillons collectés
par la sonde Osiris-Rex de la Nasa sur l’astéroïde
Bénou sont sur le chemin du retour, et
astrobioeducation.org
Un site très pédagogique
sur l’exobiologie, créé à
l’initiative de deux
chercheurs : Muriel
Gargaud (Laboratoire
d’astrophysique de
Bordeaux) et Hervé
Cottin (Laboratoire
interuniversitaire des
systèmes
atmosphériques)
70 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022