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Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers

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200

18 19 20

Premières

étoiles ?

Étoiles

supermassives

(30-500 masses solaires)

Âges sombres

Recombinaison

0,4

1 090

0

t

z

Big Bang

+

inflation

L’évolution de

la matière ordinaire

En graduant le déroulé de l’histoire du cosmos

à l’aide du décalage vers le rouge z subi par

la lumière des objets lointains, les étapes

primordiales de son évolution sont étirées,

les époques récentes tassées. La phase

d’expansion explosive (à t=0) correspond

à une valeur de z infinie, et le présent, à un

décalage z nul. L’accélération de l’expansion

cosmique due à l’énergie sombre (lire p. 36-39)

a commencé autour de z = 1.

Initialement empli d’un plasma (un gaz ionisé

brûlant), l’Univers est entré dans son premier

âge sombre après la « recombinaison »,

lorsque à z = 1 090, le plasma est devenu

assez froid pour que les électrons soient

capturés par les noyaux atomiques, formant

un mélange d’hydrogène et d’hélium neutre et

transparent. À partir de la première génération

d’étoiles, des phénomènes violents réionisent

progressivement ce gaz – renvoyé à l’état de

noyaux et d’électrons dissociés –, bien que

l’Univers reste transparent, son contenu ayant

été considérablement dilué par l’expansion.

Le James-Webb va sonder cette période de

formation des grandes structures de l’Univers.

Le télescope Euclid explorera une région du

ciel moins profonde mais plus large. Einstein

(lire p. 56-61), interféromètre européen prévu

pour 2035, devrait scruter l’Univers âgé de

moins d’un milliard d’années.

NAOJ

axe de rotation. Cette activité violente enclenchée

à partir de la première génération d’étoiles

est attestée : en observant l’Univers lointain, et

donc jeune, les astronomes constatent en effet

qu’au cours du temps, une proportion de plus

en plus grande du gaz qu’il contenait (essentiellement

du dihydrogène, H 2

) s’est retrouvé

sous forme de plasma chaud ionisé. Un phénomène

appelé réionisation, initié à la fin des

Âges sombres et qui semble s’être achevé un

peu avant que l’Univers ne fête son premier

milliard d’années.

On comprend dès lors que toute simulation

numérique du devenir de la matière ordinaire

doive intégrer un nombre impressionnant de

lois physiques… Non seulement celles de la

gravité, mais aussi celles de la thermodynamique

qui président à son échauffement puis

à son éventuelle condensation, celles de la physique

des plasmas qui régissent atmosphères

stellaires et disques d’accrétion, celles de la

physique nucléaire qui prédisent la synthèse

des éléments lourds dans le cœur des étoiles.

Sans oublier la relativité générale au voisinage

des trous noirs… Bref, une fois qu’aux côtés

de la matière noire entrent en jeu les talents

CERTAINES

SUPERNOVAE

ONT PU

PRODUIRE DES

TROUS NOIRS

DE MASSE

INTERMÉDIAIRE

QUI SERAIENT

PEUT-ÊTRE,

PAR FUSIONS

SUCCESSIVES,

LES ANCÊTRES

DES MONSTRES

TAPIS AU

CENTRE DES

GRANDES

GALAXIES

autrement plus divers de la matière ordinaire,

la situation devient inextricablement complexe !

Pas étonnant que les simulations peinent à

suivre… « Il faut bien se rendre compte, continue

Sandrine Codis, que lorsque l’on parle de

trous noirs ou de supernovae, on parle de phénomènes

dont les répercussions sont globales,

mais qui ont lieu à très, très petite échelle comparée

à l’échelle cosmologique de nos simulations

! Les modèles n’ont tout simplement pas

la précision suffisante pour les prendre correctement

en compte. »

Il n’est donc pas surprenant que restent dans

l’ombre des pans entiers de l’histoire des

grandes structures de l’Univers. Une histoire

au cours de laquelle les étoiles ont dû se rassembler

en galaxies naines, dont les rencontres

et les fusions ultérieures – dans un Univers

trois ou quatre fois plus « petit » et encombré

qu’aujourd’hui – ont favorisé d’une part

des flambées de naissances de jeunes étoiles

chaudes, d’autre part la croissance de galaxies

géantes, tandis que tout ce beau monde se rassemblait

pour former les grands amas galactiques

contemporains. Au cours du processus

de fusion des galaxies, les trous noirs

AVRIL/JUIN 2022 SCIENCES ET AVENIR NUMÉRO SPÉCIAL I 53

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