Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers
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DU MYTHE À LA SCIENCE
Le fluide censé emplir l’Univers a pris toutes les formes possibles au fil
des siècles. Mais malgré l’imagination débordante des alchimistes et des
scientifiques qui l’ont traqué, l’idée a fini par être abandonnée. Pour toujours ?
L’éther, substance
à tout faire
On inventa des éthers
pour faire nager les planètes,
pour constituer
des atmosphères électriques
et des effluves
magnétiques, pour
transmettre des sensations
d’une partie de notre corps à une autre,
et ainsi de suite, jusqu’à ce que tout l’espace
ait été rempli trois ou quatre fois d’éthers… Le
seul éther qui a survécu est celui inventé par
Huygens pour expliquer la propagation de la
lumière. » C’est ainsi que James Maxwell, le
père des ondes électromagnétiques, évoque,
dans l’Encyclopedia britannica de 1878, cette
substance mystérieuse, cette chimère qui
obséda physiciens et ésotéristes pendant des
siècles et qui, à ce moment-là, est toute proche
d’être rejetée par la science.
C’est la lumière qui, bien avant l’avènement de
l’astronomie multi-messagers (lire p. 21-27), a
Marc Lachièze-
Rey, Les Avatars
du vide, Le Pommier/
Universcience, 2019
Scott Walter, « L’éther »
in Dictionnaire d’histoire
et philosophie des
sciences, Dominique
Lecourt (dir. ), Presses
universitaires de
France, 1999
Article accessible sur :
sciav.fr/scottwalter
permis, peu à peu, de soulever le voile qui nous
masque les invisibles de l’Univers. D’abord à
l’œil nu, puis à partir de 1608 avec la lunette
de l’opticien néerlandais Hans Lipperhey,
améliorée dès 1609 par Galilée, avant qu’une
incroyable épopée techno-scientifique ne
conduise aux instruments du XXI e siècle. Mais
comment expliquer que la lumière se propage ?
Pendant des millénaires, il parut inconcevable
que ce « quelque chose » puisse traverser l’espace
sans support matériel. Ce milieu inconnu,
les Anciens l’avaient baptisé éther.
Chez les Grecs, il emplissait le ciel des dieux du
Panthéon. C’est « la forme la plus pure d’air »,
écrira Platon, quelques années avant qu’Aristote
ne le désigne comme cinquième élément,
corps qui n’existe que dans la sphère céleste et
complète les composantes plus concrètes de
l’Univers : le feu, l’eau, l’air et la terre. Substance
parfaite, immuable et éternelle, l’éther
inspire les alchimistes occidentaux à partir
16 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022