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Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers

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LA VIE AILLEURS

ricain Michael Hart proposait

quatre catégories de réponses possibles

au paradoxe de Fermi. La plus évidente :

les extraterrestres n’existent tout simplement

pas, car les conditions favorables

à l’apparition de la vie sont très

rares. Un univers entier aura ainsi été

nécessaire au développement de notre

civilisation. Il se peut aussi qu’ils existent,

mais que le voyage et la communication

interstellaires soient impossibles

ou non souhaitables, car

trop risqués. Hart se demande

encore s’ils ne pourraient

pas occuper des régions

que les moyens technologiques

dont nous disposons ne

nous permettent pas de repérer. La dernière

hypothèse consiste à dire qu’ils nous rendent

bel et bien visite, mais d’une manière… indétectable.

Ces quatre propositions se déclinent

en dizaines d’autres : la Terre serait comme un

parc animalier ou une réserve naturelle, et le

contact avec les indigènes que nous sommes,

Beaucoup de bruit… pour rien

Le cosmos est immense et bruyant.

Comment les astronomes savent-ils

où et quoi chercher pour détecter une

potentielle civilisation extraterrestre ?

Dans le vaste flot d’informations qui

nous parvient des étoiles, la vie peut

se manifester de bien des manières.

L’organisme unicellulaire, la vie dans

sa plus simple expression, peut déjà

avoir un impact sur la composition

de l’atmosphère de sa planète

berceau. Sur Terre, par exemple, les

cyanobactéries ont provoqué une

oxygénation de notre atmosphère il y

a 2,1 milliards d’années. Le télescope

spatial James-Webb va justement

observer et analyser la composition

atmosphérique de nombreuses

exoplanètes, dans l’espoir d’y déceler

la trace de composés propices à la

vie ou résultant de son activité. Des

formes de vie plus avancées peuvent

avoir émis, volontairement ou non,

des signaux radio ou de diverses

natures dans l’espace. L’humanité

En quête d’habitabilité.

Depuis 2018, le satellite

Tess scrute les systèmes

solaires de notre galaxie

à la recherche de planètes

habitables.

est par exemple très bruyante depuis

l’invention de la radio à la fin du

XIX e siècle ; mais aussi très visible :

les Romains ont annoncé notre

présence au reste de l’Univers il y a

plus de deux mille ans, en exploitant

massivement leurs mines d’argent qui

ont provoqué une importante pollution

au plomb de l’atmosphère. Outre

le James-Webb, un radiotélescope

géant, le Square Kilometer Array (lire

p. 24-25), dont la construction a

commencé en 2021, sondera lui aussi

l’atmosphère d’exoplanètes lointaines

à la recherche de composés essentiels

à la vie. Il recueillera les émissions

radio même les plus faibles issues

de « potentielles communications

extraterrestres ». À ce jour déjà, avec

des programmes comme Breakthrough

Listen (100 millions de dollars) de

l’astrophysicien et milliardaire russe

Yuri Milner, de nombreuses étoiles

sont sur écoute… mais, pour le

moment, silence radio.

interdit ; nous serions exclus d’une potentielle

« communauté galactique » tant que nous

n’aurions pas atteint une maturité technologique

suffisante ; les extraterrestres seraient si

différents de nous qu’il nous serait impossible

de les identifier – par exemple si leur chimie

fondamentale n’était pas la même que la nôtre.

Nous, Terriens, serions en pleine

adolescence technologique

Les esprits de la science et de la science-fiction

proposent depuis des décennies des outils et des

solutions pour tenter de résoudre ce paradoxe.

En 1961, l’astronome américain Frank Drake

formulait une équation pour estimer le nombre

potentiel de civilisations extraterrestres dans la

Voie lactée. Avec toutefois un biais majeur : la

plupart de ses paramètres – comme le nombre

de planètes habitables par étoile ou la durée

de vie moyenne d’une civilisation – étaient

incertains. Trois ans plus tard, l’astronome

soviétique Nikolaï Kardachev mettait au point

une typologie des civilisations fondée sur leur

niveau technologique et leur consommation

d’énergie. Il les classait ainsi selon leur capacité

à utiliser toute la puissance issue de leur

planète d’origine (type I), de leur étoile (type II)

et de leur galaxie (type III). D’après le pionnier

de l’exobiologie Carl Sagan (1934-1996), nous,

ESA/ESO/ NASA’S GODDARD SPACE FLIGHT CENTER / CORNELL UNIVERSITY

76 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022

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