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Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers

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LIGO-VIRGO/F. ELASKY, A. GELLER, NORTHWESTERN

comme GW190521 : deux trous noirs géants,

85 et 66 fois la masse du Soleil, ont fusionné

pour former un trou noir de 142 fois la masse

solaire, soit un « trou noir intermédiaire » dont

très peu d’exemplaires ont été jusque-là découverts

et dont la formation est encore un cassetête.

GW0190521 apporte peut-être une explication

: ils pourraient être le fruit de la collision

de deux gros trous noirs stellaires.

Toutes les 15 minutes, la Terre est

secouée par une onde gravitationnelle

Ces événements extraordinaires offrent la possibilité

– inimaginable il y a à peine cinq ans –

d’avancer quelques statistiques : tout d’abord,

toutes les 15 minutes, la Terre se trouve secouée

par une onde gravitationnelle due à la collision

de deux trous noirs ! De plus, les équipes sont

déjà capables d’estimer qu’au sein d’un cube

de 3,26 milliards d’années-lumière de côté a

lieu, chaque année, une trentaine de collisions

entre deux trous noirs. En ce qui concerne les

couples mixtes « trou noir-étoile à neutrons »,

c’est trois fois plus, et presque trente fois plus

d’« étoile à neutrons-étoile à neutrons ». Une

grande partie de ces évènements ne seront pas

détectés : trop éloignés, trop légers, au-delà de

la sensibilité des détecteurs actuels…

Certains astres ne fusionneront que dans des

millions d’années, tant ils sont distants l’un

Masses solaires

de l’autre, alors même que leur danse gravitationnelle

a déjà commencé. Leur lent rapprochement

pourra être repéré depuis l’espace

par Lisa à partir de 2037. Ce projet phare de

l’Agence spatiale européenne (ESA) s’appuiera

sur trois satellites positionnés aux sommets

d’un triangle équilatéral de 2,5 millions de

kilomètres de côté, parcouru par des faisceaux

laser. Il sera capable de détecter des

ondes gravitationnelles très larges (300 millions

de kilomètres de longueur d’onde,

soit à la fréquence du mHz). « Ce sera par

exemple le signal émis par deux naines

blanches en rotation, dont la collision ne

surviendra que dans des millions d’années,

précise Astrid Lamberts. Rien que

dans notre galaxie, on estime qu’il existe

10 000 couples de ce type. » Autre phénomène

détectable par Lisa : la collision de

trous noirs surpermassifs…

Einstein et la troisième génération

de détecteurs terrestres

En attendant la prochaine décennie et

l’aventure spatiale, l’essentiel de l’astronomie

gravitationnelle aura lieu sur le

plancher des vaches. Pour commencer,

fin 2022, les deux observatoires existants,

à savoir les deux antennes de Ligo et Virgo,

vont voir leur sensibilité augmen-

Trous noirs sur catalogue

Le troisième catalogue d’ondes gravitationnelles répertorie 90 événements. Chaque disque coloré représente un

astre compact. De la fusion de deux trous noirs (en bleu) résulte un troisième de masse plus importante (en haut

de chaque fl èche). Quelques étoiles à neutrons (en orange) fusionnent elles aussi pour former un astre à l’identité

incertaine (bicolore). Le plus massif des trous noirs ainsi formés atteint 180 masses solaires, le plus léger, 6 à 7.

L’Univers

insolite

Le réseau

routier

interplanétaire

Un puissant réseau de

courants gravitationnels,

baptisé Interplanetary

Transport Network (ITN),

lie les points de Lagrange

formés entre le Soleil, les

planètes et leurs satellites.

Les points de Lagrange sont

des points d’équilibre où

les forces gravitationnelles

s’annihilent : lorsque

deux corps massifs sont

en rotation l’un autour de

l’autre, à l’instar de la Terre

et du Soleil, leurs champs

de gravité fournissent

cinq points d’équilibre à

un troisième petit corps,

comme une comète. Selon

les positions des planètes

et de leurs satellites, des

trajectoires optimales se

dessinent entre leurs points

de Lagrange, permettant à de

petits objets de se mouvoir

sans dépenser d’énergie. Un

objet qui en emprunterait

un pourrait parcourir plus de

150 millions de kilomètres par

an. Découverts en 1970, ces

courants de gravité ont été

assimilés à des autoroutes

interplanétaires. Une étude

publiée fin 2020 par une

équipe de l’Observatoire

astronomique de Belgrade

révèle qu’ils sont reliés en

une série d’arcs s’étendant

de la Ceinture principale

d’astéroïdes, entre Mars

et Jupiter, jusqu’au-delà

d’Uranus. Ces corridors

gravitationnels

permettent de

comprendre la

trajectoire parfois

erratique des

comètes et

astéroïdes.

F. F.

AVRIL/JUIN 2022 SCIENCES ET AVENIR NUMÉRO SPÉCIAL I 59

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