LA VIE AILLEURSDès l’an prochain, sondes, rovers et télescope géant vont scruter commejamais notre coin d’Univers, des lunes de Jupiter et Saturne à notre propresatellite… Révélations en vue !La face cachée duSystème solaireDes océans sous la glaceEt si les lunes glacées des régions périphériquesétaient les meilleures ciblespour la recherche d’autres formes de viedans le Système solaire ? L’hypothèse est fortementdébattue dans la communauté scientifiquedepuis la découverte de gigantesquesocéans cachés sous la surface de plusieurssatellites de Jupiter et de Saturne : Europe,Ganymède et Callisto, Titan et Encelade, tousse sont avérés abriter dans leurs profondeursde vastes réservoirs d’eau à l’état liquide. Unesurprise pour les planétologues qui ont décidéde consacrer à l’étude de ces astres plusieursmissions spatiales dont la prochaine, conçuepar l’Europe, partira au début de l’année prochaine.Avec un espoir : mettre au jour desindices à même de livrer la composition deces « mers » intérieures.Un volume deux fois supérieur à celuide toutes les eaux terrestres réuniesIngrédient indispensable à la vie, l’eau est unemolécule plutôt abondante dans l’Univers. Enrevanche, il est rare d’en trouver sous formeliquide. Dans le Système solaire, seules Marset peut-être Vénus semblent avoir connu despériodes humides. Soit qu’ils orbitent au plusprès de notre étoile et sont donc trop chauds,comme Mercure, soit qu’ils progressent, au-delàde la Ceinture d’astéroïdes, dans des régionsGros plan sur Europe,l’une des quatre lunesde Jupiter. Sur cetteimage prise par lasonde Galileo, les lignessombres indiquentdes failles dans lacroûte glacée, preuvede l’existence demouvements internesà l’astre.froides faiblement éclairées par le Soleil, lesautres corps n’ont ni fleuves, ni rivières…Du moins, est-ce ce que pensaient les astronomesjusqu’au passage des sondes Voyager 1et Voyager 2 à proximité de Jupiter, en 1979.Les chercheurs découvrent alors Europe, unelune entièrement recouverte de glaces, dont lasurface ultra-lisse, peu pourvue en cratères,leur semble étonnamment jeune : quelquesdizaines de millions d’années, tout au plus.Soit bien peu au regard de l’âge « canonique »du Système solaire : 4,5 milliards d’années !Ils observent également d’innombrables craquelureset rayures qui semblent indiquer quele comportement de la croûte est proche decelui d’une banquise… et donc qu’il existe uneactivité tectonique. Étrange. Celle-ci ne peutêtre provoquée par une dérive de continents,puisqu’Europe n’en possède pas. Il s’agiraitdonc de mouvements initiés à des niveauxinférieurs, qui seraient par conséquent constituésde glaces déformables ou… d’eau à l’étatliquide ! Se pourrait-il que la lointaine Europe,astre privé d’atmosphère et dont les températuresde surface frôlent les -150 °C, possède une« mer souterraine »?Les scientifiques vont devoir attendre 1995 etle début de la mission Galileo pour connaîtrela réponse. Depuis son orbite autour deJupiter, la sonde de la Nasa mesure le 64 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022
JPL/NASA NASA/SPL/ SUCRÉ SALÉNoyau métallique Croûte de glace « froide »Manteau rocheuxGlace « chaude »Noyau métalliqueManteaurocheuxCoquille de glaceOcéan d’eau liquideLa structure interned’Europe faitencore l’objet despéculations. S’agitild’une épaissecouche de glaceplus chaude quecelle qui constituela surface, ou d’unocéan liquide ? Lesurvol de la planètepar les sondes Juiceet Europa Clipperpermettra, d’ici dixans, de trancher.AVRIL/JUIN 2022 SCIENCES ET AVENIR NUMÉRO SPÉCIAL I 65