Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers
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LA VIE AILLEURS
avant de qualifier ces environnements
de potentiellement habitables, il faudrait au
moins pouvoir démontrer qu’ils contiennent
de la matière organique. Or, pour l’instant,
seul l’océan d’Encelade a livré des molécules de
ce type dans les échantillons de jet récupérés
et analysés par Cassini. Certes, Titan en possède
de grandes quantités, mais seulement au
niveau de son atmosphère, siège d’un puissant
cycle du méthane. Il n’est pas certain que son
océan intérieur soit connecté à sa surface. » Et
même si des micro-organismes extraterrestres
prospéraient dans ces poches aqueuses, comment
le prouver ? Celles-ci sont ensevelies sous
plusieurs dizaines de kilomètres de glace !
En 2027, un drone équipé d’instruments
d’analyse survolera Titan
Les prochaines missions spatiales devraient
permettre d’en savoir plus. Baptisée Juice, la
première d’entre elles partira en avril 2023 de la
base de Kourou (Guyane). Après un long voyage
de neuf ans à travers le Système solaire, la sonde
de l’Agence spatiale européenne ira survoler
Europe, deux fois, puis Callisto, une vingtaine
de fois, avant de se positionner en orbite pour
neuf mois autour de Ganymède vers 2035. Son
objectif : « Établir à l’aide des dix instruments
de bord la composition des enveloppes externes
et internes de ces lunes, les caractéristiques de
leurs océans, et détecter à leur surface d’éventuelles
zones de remontées d’eaux saumâtres
ou de matériaux souterrains », précise François
Poulet, astronome à l’Institut d’astrophysique
spatiale d’Orsay et responsable du spectroimageur
Majis de Juice. Cela avant ou après
l’arrivée, dans cette même banlieue de Jupiter,
d’Europa Clipper. Cet engin de la Nasa, dont
le départ est programmé pour octobre 2024,
doit effectuer une cinquantaine de passages
au- dessus d’Europe, en vue de préparer l’éventuel
envoi sur place d’un atterrisseur capable de
rechercher des traces d’activité biologique. Une
ambition qui est aussi celle de la mission américaine
Dragonfly qui explorera par la voie des
airs, en 2027, la surface du satellite Titan, grâce
à un « aérobot », une sorte de drone équipé
d’instruments d’analyse. Avec, là aussi, un
ambitieux dessein : déterminer si les lunes glacées
des confins du Système solaire dissimulent
d’autres formes de vie dans le secret de leurs
compartiments internes… VAHÉ TER MINASSIAN
NASA
De l’eau glacée dans
les cratères lunaires ?
Absence d’atmosphère et donc de nuages
et de pluie, journées caniculaires… la
Lune est sèche, très sèche. Nulle eau
– liquide ou sous forme de vapeur – n’a jamais
baigné les rivages de ses mers. Et pourtant,
divers indices suggèrent que la molécule d’H 2
O
est bel et bien là. En particulier, les sondes de
la Nasa Lunar Prospector et LRO ont détecté
respectivement en 1998 et en 2009 d’importantes
quantités d’hydrogène au niveau des
pôles, indiquant une possible présence de glace.
« Celle-ci aurait été produite au fil du temps à
partir de l’eau apportée par des micrométéorites,
ou créée au cours de réactions chimiques
68 I NUMÉRO SPÉCIAL SCIENCES ET AVENIR AVRIL/JUIN 2022