Sciences et Avenir: la face cachée de l'Univers
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La raison ? Le rôle prépondérant joué par la
matière noire dans ce processus.
Nous savons désormais en effet que cette substance
inconnue, insensible à toute autre force
que la gravitation (lire p. 30-34), constitue près
de 85 % de la matière contenue dans l’Univers.
Il est donc logique que dans cette histoire, ce
soit très largement elle qui commande. Or, précisément
parce que ses propriétés sont somme
toute assez simplettes (elle ne fait rigoureusement
rien d’autre que se condenser sous son
propre poids), il est – toutes choses étant relatives
– plutôt « facile » de simuler son comportement
à grande échelle. Les résultats de ces
modélisations informatiques indiquent qu’elle
s’est condensée dans l’Univers en expansion,
des halos de matière noire relativement petits
s’agglutinant en structures de plus en plus
grandes, formant ainsi une vaste toile cosmique,
un réseau de nœuds et de filaments
comparable à une sorte de réseau hydrogra-
CES PREMIERS SOLEILS AURAIENT
BRILLÉ INTENSÉMENT ET BRÛLÉ
LEUR CARBURANT À UNE VITESSE
FOLLE… AVANT D’EXPLOSER EN
SUPERNOVAE EXOTIQUES
Selon le scénario
couramment admis, le
peuplement de l’Univers,
à ses débuts, s’est fait à
partir de petites structures
qui se sont progressivement
agglomérées pour en former
de plus grandes. Il s’agirait
notamment de galaxies
naines, très fécondes en
jeunes étoiles. Une lointaine
idée peut nous en être
donnée par la galaxie naine
Henize 2-10 (ici vue par le
télescope Hubble), située à
un peu plus de 34 millions
d’années-lumière de la Voie
lactée, et qui abrite une
pouponnière d’étoiles très
active (zone la plus brillante,
nimbée de nuages de gaz
roses et de poussières
sombres).
phique en trois dimensions. On s’attend donc
à ce que le glaçage de matière ordinaire qui
saupoudre l’Univers – capable de chauffer, de
briller, d’engendrer des réactions nucléaires,
etc. – ait essentiellement suivi le mouvement,
comme une écume de lumière entraînée sur
les flots de la matière noire. Les recensements
de galaxies établis par les astronomes au cours
des dernières années confirment d’ailleurs que
celles-ci se répartissent effectivement sur une
telle toile cosmique.
Selon ce scénario « bottom-up », les premières
étoiles se sont formées sporadiquement, çà
et là, dans un Univers encore essentiellement
dépourvu de grandes structures comme les
galaxies ou les amas de galaxies. Des soleils
qui devaient être de véritables monstres… De
nos jours, les nuages de gaz qui s’effondrent
pour former des étoiles contiennent des molécules,
comme le monoxyde de carbone (CO),
très efficaces pour rayonner dans l’infrarouge
et évacuer la chaleur engendrée par la compression
du gaz, facilitant ainsi leur effondre-
AVRIL/JUIN 2022 SCIENCES ET AVENIR NUMÉRO SPÉCIAL I 51