Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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« Les amen<strong><strong>de</strong>s</strong>, ça ne changera rien. Tant qu’on paie ! (…) S’ils me donnent quinze<br />
mille euros d’amen<strong>de</strong>, je m’en fous. Je les paierai mais samedi prochain, je serai<br />
toujours là ».<br />
« Si on a envie <strong>de</strong> contourner la loi foot, on la contournera. (…) On peut toujours se<br />
donner ren<strong>de</strong>z-vous dans <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts, comme dans certains pays. Les free fights, comme<br />
on les appelle. (…) En Belgique, on ne peut pas encore parler <strong>de</strong> ça parce que c’est<br />
toujours en marge d’un match <strong>de</strong> foot, alors qu’en Pologne, ça peut se faire en<br />
semaine ».<br />
L’excitation qui croît dans la foulée <strong>du</strong> conditionnement mental à l’affrontement ou pendant<br />
la bagarre elle-même relègue en outre la loi football à l’arrière-plan.<br />
« Je ne pense qu’il y a une peur <strong>de</strong> la loi foot. Quand ils sont dans leur trip, ils n’y<br />
pensent pas. S’ils sont chauds sur le moment, ça va péter ».<br />
« Si vous avez ça dans le sang, vous oubliez tout sur le moment ».<br />
Puisque la loi football a ré<strong>du</strong>it les opportunités là où celles-ci se présentaient plus<br />
régulièrement il y a quelques années, les supporters désireux d’en découdre ont dû trouver <strong>de</strong><br />
nouvelles métho<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les ren<strong>de</strong>z-vous, bien qu’existant ça <strong>et</strong> là avant l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la loi<br />
football, ont dans ce contexte pris leur essor. Les améliorations technologiques ont pour cela<br />
joué un rôle manifeste. Les téléphones portables semblent être le principal outil facilitateur,<br />
d’une part parce qu’il perm<strong>et</strong> d’appeler quiconque en tout lieu, mais parce qu’il perm<strong>et</strong> aussi<br />
<strong>de</strong> se déplacer tout en continuant à régler les modalités <strong>et</strong> détails pratiques afférents aux<br />
préparatifs <strong>de</strong> la lutte. Il est désormais possible d’avertir le noyau <strong>du</strong>r adverse <strong>de</strong> l’opportunité<br />
d’une rencontre <strong>et</strong> que celle-ci se déroule seulement quelques minutes après l’accord convenu,<br />
ne laissant dès lors pas toujours aux policiers le temps d’intervenir.<br />
« A l’époque, il n’y avait pas <strong>de</strong> GSM, donc il n’y avait pas <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous. On<br />
tombait sur les autres comme ça. Maintenant, il y a les GSM, il y a Intern<strong>et</strong>. Avant,<br />
c’était <strong>de</strong> l’improvisation ».<br />
« Au début, on partait en train. (…) Puis, on est parti par p<strong>et</strong>its groupes <strong>et</strong> on allait les<br />
chercher dans leur café. (…) Puis il est arrivé un outil extraordinaire qui est le GSM.<br />
Mais aussi dangereux. On sait très bien maintenant qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> écoutes ».<br />
« On est déjà allé souvent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> parkings pour <strong><strong>de</strong>s</strong> ren<strong>de</strong>z-vous. (…) On gare les<br />
voitures, on se regroupe. On avance jusqu’au lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>et</strong> puis ça crie <strong>et</strong> ça<br />
se rentre l’un dans l’autre ».<br />
« En fait, on a toujours ren<strong>de</strong>z-vous au même café, donc les spotters savent qu’on est<br />
toujours là. Ils sont donc allés à ce café-là. Nous, on s’était au préalable tous<br />
téléphonés la semaine avant pour se donner ren<strong>de</strong>z-vous dans un autre café. On était<br />
bien cachés. On ne nous verrait pas. On n’était pas nombreux, une vingtaine. On avait<br />
pris, pas les meilleurs mais les plus habitués. Les moins habitués sont allés au cafés<br />
comme d’habitu<strong>de</strong>, les policiers en civil ne se sont pas posés <strong>de</strong> questions <strong>et</strong> nous à<br />
quelques kilomètres <strong>de</strong> là, bien cachés. On avait <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec eux. On leur a<br />
téléphoné. Ils nous ont dit qu’ils se garaient. On s’est rencontrés. Il n’y avait pas <strong>de</strong><br />
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