Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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3.1 La recherche d’adrénaline<br />
Jouer à se faire peur, vivre une émotion hors <strong>du</strong> commun, sentir la pression qui monte. Tels<br />
sont les principaux attraits <strong>du</strong> hooliganisme aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> indivi<strong>du</strong>s que nous avons eu la<br />
possibilité d’interroger. L’idée est simple <strong>et</strong> ne semble pas <strong>de</strong>voir faire l’obj<strong>et</strong> d’explications<br />
théoriques très approfondies. La recherche d’adrénaline est l’élément qui a été le plus souvent<br />
cité. Les activités organisées par les fan coaches proposent d’ailleurs <strong>de</strong> transformer<br />
positivement c<strong>et</strong>te envie, en organisant par exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> activités dites <strong>de</strong> sport extrême : saut<br />
à l’élastique, via ferrata, <strong>et</strong>c. Toutefois, ce genre d’activités ne procure pas, d’après les<br />
participants à l’étu<strong>de</strong>, la même satisfaction que la bagarre <strong>de</strong> rue. Les extraits présentés ci<strong><strong>de</strong>s</strong>sous<br />
tentent d’illustrer c<strong>et</strong>te idée. Nous verrons également par la suite que les supporters à<br />
risque sont parfaitement conscients <strong><strong>de</strong>s</strong> risques qu’ils prennent en s’engageant dans ce genre<br />
d’actions.<br />
« Tu as besoin d’adrénaline. Quand tu as <strong>de</strong>ux groupes qui se rencontrent, c’est<br />
quelque chose. Ca change, au fond <strong>de</strong> toi. Ton instinct… C’est un peu Braveheart.<br />
C’est peut-être un peu primaire mais je pense qu’en tout homme, il y a ça ».<br />
« Ce qui est gai, c’est l’adrénaline. Je suis stressé toute la semaine au travail, ça<br />
défoule ».<br />
« Le hooliganisme, c’est une forme <strong>de</strong> défoulement, une forme <strong>de</strong> plaisir ».<br />
« Ce qui m’attire, c’est l’adrénaline, c<strong>et</strong>te tension qui monte quand on voit venir le<br />
groupe adverse <strong>et</strong> qu’on sait qu’il va y avoir le contact. C<strong>et</strong>te pulsion qui vous monte<br />
en vous, c’est le but recherché. Puis il y a la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> copains aussi ».<br />
« Le saut à l’élastique, ce n’est pas la même chose, tu ne contrôles rien. Tandis qu’ici,<br />
tu as peur mais tu y vas quand même ».<br />
« Quand j’étais jeune <strong>et</strong> que j’ai été invité à me joindre au groupe, je ne savais pas où<br />
j’allais débarquer. Quand vous avez quinze ans, vous n’imaginez pas ce que ça peut<br />
être. Je n’étais pas violent, je n’étais pas un casseur, ni un asocial. Je n’avais pas <strong>de</strong><br />
recherche. C’est là que j’ai découvert l’adrénaline, le kick comme on appelle ça.<br />
Quand il a fallu faire ma première bagarre, j’y ai été <strong>de</strong> par moi-même. Je me suis<br />
extériorisé en allant à l’affrontement ».<br />
« C’est un truc d’adrénaline. On est au sta<strong>de</strong>. Quand on arrive, on est un peu les gens<br />
que tout le mon<strong>de</strong> regar<strong>de</strong>. Si vous allez à notre café, les supporters normaux n’osent<br />
pas venir. La police est toujours près <strong>de</strong> nous. Et puis on a même <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages. Des<br />
fois, on n’a pas <strong>de</strong> tick<strong>et</strong>, on préfère ne pas nous laisser dans la rue, donc on nous<br />
laisse rentrer. Des supporters normaux n’auraient jamais ça. C’est grisant ».<br />
« Le plaisir <strong>de</strong> donner un coup, non. Le plaisir, on l’a avant. Dès qu’on arrive au<br />
contact, on perd tout. Ca <strong>du</strong>re quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong>. On donne quelques coups <strong>et</strong> c’est<br />
terminé. Ou oublie tout le reste, tout le stress qu’on peut avoir, on l’évacue. (…) La<br />
soupape lâche ».<br />
« Celui qui dit qu’il n’a jamais eu peur en allant dans un groupe <strong>de</strong> hooligans, c’est<br />
un menteur. On a peur. On a vécu <strong><strong>de</strong>s</strong> moments où on court. L’adrénaline, elle est là.<br />
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