Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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sont <strong><strong>de</strong>s</strong> conneries. (…) Vous arrivez à un regroupement nationaliste, vous regar<strong>de</strong>z<br />
les têtes <strong>et</strong> vous vous dites ‘ah, lui, je l’ai déjà vu, lui aussi, <strong>et</strong>c.’ Vous lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z <strong>et</strong><br />
vous voyez qu’il vient <strong>de</strong> Malines par exemple. Ca va comme ça ».<br />
« A An<strong>de</strong>rlecht, on ne fait pas <strong>de</strong> politique. Sur le groupe, il y a une dizaine <strong>de</strong><br />
skinheads, <strong>de</strong> Courtrai je crois, <strong>et</strong> eux affichent qu’ils sont d’extrême droite. Ce sont<br />
leurs idées politiques mais ça n’a rien à voir avec le groupe. Ils n’en parlent pas,<br />
même si on le sait, point à la ligne. (…) On a aussi pas mal d’étrangers. (…) Mais on<br />
ne fait pas <strong>de</strong> politique. Ca, c’est plus Beerschot, Charleroi, Bruges, où ils ont aussi<br />
beaucoup <strong>de</strong> skinheads… Mais nous, on ne fait pas ça. Je trouve ça un peu exagéré.<br />
(…) Nous, c’est vraiment le hooliganisme, vouloir battre tel club ».<br />
Les tentatives <strong>de</strong> récupération par un mouvement politique, quel qu’il soit, sont en revanche<br />
rej<strong>et</strong>ées par l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs. C’est <strong>du</strong> moins ce que les personnes interrogées ont pu nous<br />
affirmer.<br />
« On a déjà voulu nous noyauter. Un groupuscule qui avait besoin <strong>de</strong> bras mais ils ont<br />
été mal accueillis. Même si on partage leur idée, mais il faut rester maître <strong>de</strong> son p<strong>et</strong>it<br />
territoire ».<br />
« On a déjà essayé <strong>de</strong> nous noyauter. On a dit non ».<br />
Notons par ailleurs que l’exemple vient également d’en haut <strong>et</strong> que les discours tenus par<br />
certaines élites ou considérées comme telles peuvent avoir un impact sur la représentation <strong>et</strong><br />
le comportement <strong><strong>de</strong>s</strong> supporters, quels qu’ils soient. Se poser la question <strong>de</strong> l’exemplarité<br />
apparaît dans ce contexte comme primordial <strong>et</strong> l’on aurait sans doute tort <strong>de</strong> ne pas mesurer<br />
toutes les conséquences <strong>de</strong> déclarations comme celles <strong>de</strong> l’entraîneur espagnol Luis Aragones,<br />
qui avait traité l’attaquant français Thierry Henry <strong>de</strong> « Noir <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> », ou <strong>de</strong> <strong>manifestations</strong><br />
répétées <strong>et</strong> peu charitables <strong>de</strong> joueurs <strong>de</strong> calibre international comme le Serbe Sinisa<br />
Mihajlovic ou l’Italien Paolo Di Canio, qui salue chacun <strong>de</strong> ses nombreux buts par un salut<br />
hitlérien.<br />
Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins qu’en dépit <strong>de</strong> la réalité <strong>du</strong> racisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la xénophobie dans les<br />
sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> football, il convient <strong>de</strong> ne pas dramatiser la situation en exagérant les proportions<br />
d’un problème dont une poignée <strong>de</strong> trublions est à l’origine 130 . Ce problème reste la majeure<br />
partie <strong>du</strong> temps ciblé <strong>et</strong> propre à quelques indivi<strong>du</strong>s, même si ces <strong>de</strong>rniers se font parfois plus<br />
entendre que les masses silencieuses <strong>de</strong> supporters respectueux <strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
appartenances. Les associations qui militent pour l’anti-racisme s’égosillent sans doute pour<br />
une noble cause mais gardons à l’esprit les enjeux qui se cachent <strong>de</strong>rrière ce combat. A<br />
vouloir démontrer la présence, l’intensité <strong>et</strong> la dangerosité d’un phénomène certes regr<strong>et</strong>table,<br />
les diverses associations assurent leur survie <strong>et</strong> se posent en rouage essentiel en affirmant leur<br />
utilité.<br />
Si l’on adopte une position tendant à la neutralité, en observant la problématique <strong>de</strong> manière<br />
globale <strong>et</strong> dépassionnée, faut-il voir dans nos sta<strong><strong>de</strong>s</strong> l’inquiétante expression d’idées situées<br />
130 Voyez à ce suj<strong>et</strong> le rapport « Analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> observations <strong><strong>de</strong>s</strong> matches <strong>de</strong> football », réalisé par le Centre pour<br />
l’Egalité <strong><strong>de</strong>s</strong> Chances <strong>et</strong> la Lutte contre le Racisme (CECLR) dans le cadre d’une convention avec la cellule<br />
football <strong>du</strong> SPF Intérieur. Ce rapport tente <strong>de</strong> dresser un très bref tableau <strong>de</strong> la situation belge, confessant<br />
d’ailleurs que « compte tenu <strong>du</strong> nombre total <strong>de</strong> supporters, on a constaté relativement peu <strong>de</strong> comportements<br />
racistes flagrants dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs » (p.11).<br />
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