Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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Qu’est-ce qu’il leur faut comme provocation pour réagir ? (…) Le fait <strong>de</strong> bouger, c’est<br />
perçu comme une provocation ».<br />
Une autre idée développée par quelques indivi<strong>du</strong>s consiste à penser que la police ne souhaite<br />
pas que le problème <strong>du</strong> hooliganisme trouve un jour une issue. La persistance <strong>du</strong> phénomène<br />
perm<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> à quelques uns <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te problématique. Son éradication entraînerait la<br />
chute d’une occupation que ses responsables actuels ne souhaiteraient pas voir disparaître.<br />
« Quelque part, le gouvernement veut ne pas avancer trop vite. (…) Il faut <strong><strong>de</strong>s</strong> budg<strong>et</strong>s<br />
pour encadrer tout ça. Il faut pouvoir justifier qu’on a besoin <strong>de</strong> policiers <strong>et</strong> tout ça ».<br />
« Un policier, quand il vient au foot, il touche 200% <strong>de</strong> son salaire. Donc lui, il a<br />
intérêt qu’il se passe quelque chose dans le football. Comme a dit un jour quelqu’un à<br />
un spotter : ‘Vous êtes en train <strong>de</strong> scier la branche sur laquelle vous êtes assis. C’est<br />
votre poule aux œufs d’or’. Et je trouve qu’il a entièrement raison. (…) Celui qui fait<br />
quatre matches sur le mois, c’est intéressant pour lui ».<br />
6.4 La relation avec les spotters<br />
La relation entre hooligans <strong>et</strong> spotters apparaît comme très différente <strong>de</strong> celle entre ces mêmes<br />
supporters <strong>et</strong> les policiers en uniforme. Voulue différente, c<strong>et</strong>te relation nous a été décrite par<br />
les personnes rencontrées <strong>de</strong> façon positive dans la gran<strong>de</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> cas. Tantôt jugés<br />
apaisants, tantôt considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments à part entière <strong>de</strong> la vie <strong>du</strong> groupe, les<br />
spotters, par leur rôle privilégié <strong>de</strong> proximité semblent exercer une influence sur les con<strong>du</strong>ites<br />
<strong>du</strong> groupe à risque.<br />
L’appréciation <strong>de</strong> leur mission diverge en revanche sensiblement d’une police à l’autre <strong>et</strong> la<br />
politique mise en œuvre au niveau local s’en ressent. La façon <strong>de</strong> concevoir sa fonction<br />
semble en eff<strong>et</strong> plutôt aléatoire, chaque spotter ayant une définition personnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> missions<br />
qui lui sont confiées. Pour certains, le spotter est là avant tout pour établir un rôle <strong>de</strong><br />
confiance censé prévenir d’éventuels débor<strong>de</strong>ments. D’autres se placent par contre davantage<br />
dans la lignée <strong>de</strong> la politique prônée par le SPF Intérieur. « La gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> informations <strong>et</strong> le<br />
fonctionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> spotters, tels que prévus dans l’OOP 38, ne sont pas mis pleinement en<br />
œuvre partout. (…) Les spotters sont <strong>et</strong> restent <strong><strong>de</strong>s</strong> policiers <strong>et</strong> doivent donc accomplir leurs<br />
missions en tant que telles. (…) On peut à juste titre se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi les <strong>de</strong>ux clés dont<br />
disposent les services <strong>de</strong> police sont encore trop peu utilisées. Si l’on veut <strong>et</strong> ose investir dans<br />
une approche à long terme <strong>et</strong> si l’on veut <strong>et</strong> ose verbaliser les personnes qu’il faut verbaliser,<br />
l’engagement policier lors <strong>de</strong> matches <strong>de</strong> football aurait déjà pu être ré<strong>du</strong>it <strong>de</strong> manière<br />
drastique. Certains ont déjà clairement prouvé que c’est possible. Il est donc<br />
incompréhensible que certains policiers m<strong>et</strong>tent tant d’énergie dans la recherche<br />
d’échappatoires pour finalement ne pas contrer leurs propres supporters à risques… De plus,<br />
il semble qu’une forme avancée d’estompement <strong>de</strong> la norme soit présente chez certains. Nous<br />
<strong>de</strong>vons d’urgence nous défaire <strong>de</strong> l’idée qu’un sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> football est un endroit où tout est<br />
permis sous le prétexte d’exprimer <strong><strong>de</strong>s</strong> émotions ou frustrations. (…) C<strong>et</strong>te manière <strong>de</strong><br />
travailler nécessitera <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> police, mais aussi <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
fonctionnaires <strong>de</strong> police indivi<strong>du</strong>els, un changement compl<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> pensée actuels,<br />
mais c’est là une exigence pour rendre l’intervention policière lors <strong>de</strong> matches <strong>de</strong> football plus<br />
efficace, plus effective, pour en améliorer la qualité, pour ré<strong>du</strong>ire l’engagement <strong>de</strong> capacité,<br />
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