Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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Louvière d’autres groupes <strong>de</strong> type ultra. Nous développons ces aspects spécifiques aux<br />
différents clubs dans le chapitre consacré à l’état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux dans les clubs belges.<br />
De façon générale, l’objectif <strong><strong>de</strong>s</strong> ultras est tourné vers l’animation <strong>du</strong> sta<strong>de</strong> avant <strong>et</strong> pendant la<br />
rencontre. Contrairement aux hooligans, les ultras veulent s’investir dans la vie <strong>du</strong> club <strong>et</strong> l’on<br />
peut observer les concernant une véritable dimension <strong>de</strong> structuration (réalisation <strong>de</strong> tifos,<br />
organisation <strong>de</strong> déplacements, critiques sur la politique menée par la direction <strong>du</strong> club, <strong>et</strong>c.).<br />
Leur nom l’indique, les ultras « cherchent à pousser le <strong>supportérisme</strong> à l’extrême, c’est à dire<br />
à créer la meilleure ambiance possible, à suivre leur club lors <strong>de</strong> tous les matches, à domicile<br />
comme à l’extérieur, à se comporter en fanatiques, à être l’élite (voire les représentants <strong>de</strong><br />
l’ensemble) <strong><strong>de</strong>s</strong> supporters » 38 . « A vrai dire, l’ultra italien <strong>et</strong> le hooligan anglais représentent<br />
<strong>de</strong>ux types sociaux très différents. (…) A la différence <strong><strong>de</strong>s</strong> hooligans anglais, les tifosi italiens<br />
ont comme but premier la création d’événements spectaculaires, une chorégraphie <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
rituels collectifs d’encouragement. (…) Le style ultra est fondé sur la visibilité <strong>et</strong> le folklore,<br />
sur <strong><strong>de</strong>s</strong> rites <strong>de</strong> masse impliquant un important travail <strong>de</strong> préparation, inimaginable dans le<br />
contexte anglais » 39 .<br />
S’il pose actuellement <strong><strong>de</strong>s</strong> soucis sur le plan <strong>de</strong> l’insécurité dans les sta<strong><strong>de</strong>s</strong>, en raison<br />
notamment <strong>de</strong> l’utilisation d’engins pyrotechniques, le mouvement ultra semble en revanche<br />
en Belgique moins attiré par la <strong>violence</strong> que les hooligans classiques « à l’anglaise ». La<br />
<strong>violence</strong> ultra est possible mais la logique <strong>de</strong> passage à l’acte est différente <strong>de</strong> celle propre<br />
aux hooligans. Alors que les hooligans reconnaîtront souvent eux-mêmes rechercher la<br />
<strong>violence</strong>, le supporter ultra ne la conçoit la plupart <strong>du</strong> temps que comme un moyen ultime<br />
pour affirmer l’extrémisation <strong>de</strong> son soutien.<br />
Le <strong>supportérisme</strong> ultra est l’illustration parfaite tendant à prouver que l’on ne se rend pas au<br />
football comme on irait à l’opéra. Le spectateur est ici partisan, la critique faisant partie<br />
intégrante <strong>du</strong> spectacle. Le plus souvent, le soutien inconditionnel à l’équipe <strong>et</strong> la<br />
disqualification <strong>de</strong> l’adversaire s’expriment à travers <strong><strong>de</strong>s</strong> formes rigoureusement codifiées <strong>et</strong><br />
ritualisées. Dans ce contexte, les actes violents seraient moins fréquents <strong>et</strong> plus souvent liés au<br />
déroulement <strong>de</strong> la partie. « Autant <strong>de</strong> formes ritualisées <strong>de</strong> soutien à son équipe <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
disqualification <strong>de</strong> l’adversaire se substituant à l’agression directe <strong>de</strong> l’autre ; à l’exception<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> chants, la théâtralisation <strong>de</strong> l’adhésion est beaucoup moins codifiée <strong>et</strong> organisée<br />
collectivement en Angl<strong>et</strong>erre, (…) ; l’indigence <strong>de</strong> la ritualisation a pour envers une<br />
expression plus immédiate <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> » 40 . En Belgique, malgré ce recours plus<br />
parcimonieux à la <strong>violence</strong>, les ultras semblent cependant <strong>de</strong>venus aujourd’hui une cible<br />
prioritaire <strong><strong>de</strong>s</strong> dépositaires <strong>de</strong> la loi football. Sont en réalité visés ici les feux <strong>de</strong> Bengale<br />
allumés dans les tribunes, le plus souvent à l’entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> joueurs sur la pelouse ou à l’occasion<br />
d’un but <strong>de</strong> l’équipe soutenue. Les dangers d’une mauvaise utilisation <strong>de</strong> ces fumigènes<br />
seraient en eff<strong>et</strong> réels <strong>et</strong>, en dépit <strong>de</strong> l’indéniable aspect artistique <strong>de</strong> ces mises en scène, les<br />
risques <strong>de</strong> brûlure ou d’intoxication ne peuvent continuer à plomber chaque match 41 .<br />
Dans l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> ultras, Christian Bromberger fait figure <strong>de</strong> spécialiste. Selon lui, les ultras<br />
« sont d’abord <strong><strong>de</strong>s</strong> passionnés <strong>de</strong> football qui enten<strong>de</strong>nt être acteurs, <strong>et</strong> non simples<br />
38<br />
CHARLIER P., DE VREESE S., MAES B., QUATAERT J., Rapport annuel SIF saison 2004-2005, p.116.<br />
39<br />
DE BIASI R., Ordre public <strong>et</strong> tifosi, Les Cahiers <strong>de</strong> la Sécurité intérieure, 1996, n°26, p.80.<br />
40<br />
BROMBERGER C., La passion partisane chez les Ultra, Les Cahiers <strong>de</strong> la Sécurité intérieure, 1996, n°26,<br />
p.37.<br />
41<br />
C<strong>et</strong>te question <strong><strong>de</strong>s</strong> risques pour la santé a été étudiée dans CHARLIER P., DE VREESE S., MAES B.,<br />
QUATAERT J., Rapport annuel SIF saison 2004-2005, pp.125-126.<br />
18