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Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe

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perm<strong>et</strong>tons d’ém<strong>et</strong>tre quelques remarques sur la manière dont les chiffres servant à construire<br />

les statistiques ont été recueillis.<br />

En eff<strong>et</strong>, lorsque l’on parle d’un match ayant connu un nombre important d’inci<strong>de</strong>nts, il nous<br />

semble pertinent <strong>de</strong> poser quelques questions.<br />

Est-on tout d’abord certain qu’un fait i<strong>de</strong>ntique soit étiqu<strong>et</strong>é « inci<strong>de</strong>nt » uniformément dans<br />

les différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>du</strong> pays ? Nous nous perm<strong>et</strong>tons d’en douter. Grâce à l’ensemble <strong>de</strong> nos<br />

entr<strong>et</strong>iens menés avec différents professionnels censés déclarer les inci<strong>de</strong>nts vécus, la notion<br />

même d’inci<strong>de</strong>nt apparaît différente d’une personne à l’autre. Tel policier considère en eff<strong>et</strong><br />

une provocation comme un inci<strong>de</strong>nt quand un autre perçoit le même événement comme un<br />

simple aléa <strong>du</strong> match. C<strong>et</strong>te remarque nous semble d’autant plus valable que les provocations<br />

apparaissent comme les inci<strong>de</strong>nts les plus fréquemment relevés lors <strong><strong>de</strong>s</strong> matches. Aux dires <strong>de</strong><br />

l’article 23 bis <strong>de</strong> la loi football 8 , « pourra encourir une ou plusieurs sanctions prévues à<br />

l’article 24 quiconque se trouvant, seul ou en groupe, dans le périmètre en raison <strong>et</strong> à<br />

l’occasion d’un match <strong>de</strong> football, incite à porter <strong><strong>de</strong>s</strong> coups <strong>et</strong> blessures, à la haine ou à<br />

l’emportement à l’égard d’une ou plusieurs personnes se trouvant dans ou à l’extérieur <strong>du</strong><br />

périmètre ». Le champ d’application est, cela semble évi<strong>de</strong>nt, extrêmement large. Mais<br />

quelles sont les limites <strong>de</strong> l’incitation à la haine ou à l’emportement ? Le rapport <strong>de</strong> la SIF<br />

précise par exemple que pour ce qui concerne le Standard <strong>de</strong> Liège, trente inci<strong>de</strong>nts ont été<br />

i<strong>de</strong>ntifiés pour la saison 2004-2005, dont 13% <strong>de</strong> provocations (soit quatre inci<strong>de</strong>nts) 9 . Au gré<br />

<strong>de</strong> nos observations dans ce seul sta<strong>de</strong>, il nous apparaît pourtant que quatre inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />

provocations pourraient être observés en une seule minute d’un seul match en ne prenant<br />

compte qu’un périmètre <strong>de</strong> quelques mètres carrés… Tout dépend donc <strong>de</strong> ce que l’on<br />

souhaite considérer comme inci<strong>de</strong>nt. Un policier particulièrement zélé pourrait selon nous<br />

sans gran<strong>de</strong> difficulté i<strong>de</strong>ntifier <strong>et</strong> consigner <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines d’inci<strong>de</strong>nts par match <strong>et</strong> ce à peu<br />

près quel que soit le match auquel il assiste. C<strong>et</strong>te situation, si elle prêterait non sans raison au<br />

ridicule, illustre la complexité, voire l’impossibilité manifeste <strong>de</strong> s’entendre <strong>et</strong> <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ire une<br />

image réelle <strong>de</strong> ce qui se pro<strong>du</strong>it dans les différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> football.<br />

Sommes-nous ensuite d’accord pour affirmer que les statistiques d’inci<strong>de</strong>nts tra<strong>du</strong>isent<br />

correctement le déroulement <strong>du</strong> match ? En eff<strong>et</strong>, imaginons un match émaillé <strong>de</strong> multiples<br />

p<strong>et</strong>ites bagarres, dans <strong>et</strong> hors <strong>du</strong> sta<strong>de</strong>, avant, pendant ou après le match. Les services <strong>de</strong><br />

police seraient dans ce cas, on peut le penser, très mobilisés pour contenir ou ré<strong>du</strong>ire les<br />

inci<strong>de</strong>nts. L’aspect incontrôlé <strong><strong>de</strong>s</strong> événements qui se dérouleraient à c<strong>et</strong>te occasion rendrait<br />

par conséquent malaisée l’i<strong>de</strong>ntification précise <strong>du</strong> nombre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> inci<strong>de</strong>nts, le<br />

débor<strong>de</strong>ment auquel <strong>de</strong>vrait faire face la police empêchant dès lors c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> tout<br />

comptabiliser. Les statistiques indiqueraient dans ce cas probablement un état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux<br />

inférieur à la réalité. A l’inverse, supposons que tout se passe pour le mieux lors d’un match<br />

sans risque important. Seuls quelques inci<strong>de</strong>nts minimes sont à noter. Chacun <strong>de</strong> ces rares<br />

inci<strong>de</strong>nts ferait alors l’obj<strong>et</strong> d’un compte-ren<strong>du</strong>, donnant lieu à penser que le match fut plus<br />

problématique qu’il ne l’a été.<br />

Si nous pouvons apparaître ici comme <strong><strong>de</strong>s</strong> coupeurs <strong>de</strong> cheveux en quatre, ces exemples<br />

illustrent selon nous l’extrême pru<strong>de</strong>nce avec laquelle les statistiques doivent être lues <strong>et</strong><br />

reçues. Non que nous nous défiions d’un outil assurément utile <strong>et</strong> souvent indispensable mais<br />

nous pensons réellement – mais comment pourrait-il en être autrement ? – que le contexte <strong>et</strong><br />

8 Loi <strong>du</strong> 21 décembre 1998 relative à la sécurité lors <strong><strong>de</strong>s</strong> matches <strong>de</strong> football, M.B., 3 février 1999.<br />

9 CHARLIER P., DE VREESE S., MAES B., QUATAERT J., Rapport annuel SIF saison 2004-2005, p.23.<br />

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