Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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londoniens opposent à la culture cosmopolite <strong><strong>de</strong>s</strong> hippies l’exaltation <strong><strong>de</strong>s</strong> vieilles valeurs<br />
communautaires <strong>et</strong> la haine <strong>de</strong> l’étranger » 17 . D’autres théories, que nous développons dans un<br />
chapitre ultérieur, m<strong>et</strong>tent quant à elles en avant les modifications <strong>de</strong> l’espace social <strong>du</strong> sta<strong>de</strong>,<br />
l’autonomisation <strong>de</strong> la jeunesse <strong>de</strong> l’époque ou la déstructuration <strong>de</strong> la classe ouvrière. Avec<br />
l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> matches <strong>de</strong> coupes d’Europe (à l’époque, il y avait trois « coupes<br />
d’Europe » : la Coupe <strong><strong>de</strong>s</strong> Clubs Champions, réunissant les champions respectifs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
différents pays européens ; la Coupe <strong><strong>de</strong>s</strong> Coupes, rassemblant les vainqueurs nationaux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
compétitions dénommées ‘coupe’ ; <strong>et</strong> la Coupe <strong>de</strong> l’UEFA, organisée avec les clubs arrivés<br />
aux meilleures places d’honneur <strong><strong>de</strong>s</strong> différents championnats) <strong>et</strong> la médiatisation qui les<br />
accompagne, les clubs britanniques offrent à l’Europe continentale l’image <strong>de</strong> ses supporters<br />
violents. Des indivi<strong>du</strong>s provenant <strong>de</strong> tous les pays d’Europe (Italie, Allemagne, France,<br />
Belgique, Pays-Bas) se montrent alors « sé<strong>du</strong>its » par le modèle <strong>de</strong> leurs homologues anglais<br />
<strong>et</strong> certaines organisations voient le jour un peu partout. On assiste dès lors à la formation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
« kops », qui réunissent les inconditionnels <strong>du</strong> club, les supporters les plus fidèles. Ceux-ci se<br />
placent dans un endroit déterminé <strong>du</strong> sta<strong>de</strong> (souvent <strong>de</strong>rrière les buts) <strong>et</strong> se font remarquer par<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> chants <strong>et</strong> une i<strong>de</strong>ntification forte au club soutenu. C’est aussi la naissance <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers<br />
inci<strong>de</strong>nts entre supporters, offrant dès ce moment une compétition parallèle au jeu qui se<br />
déroule sur le terrain. « Le processus <strong>de</strong> mimétisme inter-groupes démultiplie le nombre <strong>de</strong><br />
noyaux <strong>du</strong>rs <strong>et</strong> augmente la détermination <strong>de</strong> chacun d’eux, <strong>de</strong> même que le phénomène <strong>de</strong><br />
réaction <strong>et</strong> contre-réaction à la <strong>violence</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes rivaux » 18 .<br />
Notons que l’influence anglaise 19 qui s’est manifestée dans l’apparition <strong>du</strong> hooliganisme s’est<br />
exercée <strong>de</strong> manière générale à tous les niveaux si l’on étudie le football. Le copiage <strong>du</strong><br />
hooliganisme n’est jamais selon nous que la conséquence logique d’un processus plus large<br />
qui a vu l’assimilation dans le domaine <strong>du</strong> football <strong>de</strong> tout ce qui venait d’Outre-Manche. Le<br />
sport lui-même a été en son temps importé d’Angl<strong>et</strong>erre 20 <strong>et</strong> certains ne manquent pas <strong>de</strong><br />
souligner l’énorme influence anglaise qui a toujours prédominé dans le football. Ainsi, Pierre<br />
Lanfranchi rappelle que bon nombre <strong>de</strong> clubs ont choisi leur nom par anglophilie. Il en va<br />
ainsi dans toute l’Europe, comme c’est le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs <strong>de</strong> l’Antwerp en Belgique, <strong>du</strong> Milan<br />
A.C. 21 ou <strong>du</strong> Genoa en Italie, <strong>de</strong> Go Ahead Eagles pour la ville <strong>de</strong> Deventer aux Pays-Bas, ou<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Grasshoppers <strong>de</strong> Zürich <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Young Boys <strong>de</strong> Berne en Suisse. A ce moment-là, « jouer<br />
au football contribuait à la repro<strong>du</strong>ction d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie à l’anglaise au même titre que le<br />
tourisme, les gentlemen’s clubs, les jeux <strong>de</strong> société (whist, bridge) ou les nouvelles mo<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vestimentaires masculines » 22 . L’influence anglaise se marque par ailleurs encore aujourd’hui<br />
<strong>de</strong> façon prégnante dans le choix <strong>du</strong> nom <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs <strong>de</strong> supporters (Hell-Si<strong>de</strong>, Black & White<br />
Storm Ultras, Brussels Casual Service, <strong>et</strong>c.). Enfin, dans la gestion <strong>du</strong> phénomène hooligan, il<br />
17<br />
BROMBERGER C., La passion partisane chez les Ultra, Les Cahiers <strong>de</strong> la Sécurité intérieure, 1996, n°26,<br />
p.37.<br />
18<br />
COMERON M., Pour une gestion sociopréventive <strong>du</strong> hooliganisme, in BASSON J.C. (sous la dir.), Sport <strong>et</strong><br />
ordre public, Paris, IHESI, La Documentation française, 2001, p.148.<br />
19<br />
Sur le phénomène en Angl<strong>et</strong>erre, voyez WILLIAMS J., Le hooliganisme, le « nouveau » football <strong>et</strong> la<br />
politique sociale en Angl<strong>et</strong>erre, in COMERON M. (sous la dir.), La prévention <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> dans les sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />
football en Europe, Commission Européenne, DG Justice <strong>et</strong> Affaires Intérieures, Programme Hippokrates, 2002,<br />
pp.29-41 ; DUNNING E., MURPHY P., WILLIAMS J., Spectator Violence at football matches: towards a<br />
sociological explanation, The British Journal of Sociology, 1987, 37-2, pp.221-244 ; GIULIANOTTI R.,<br />
WILLIAMS J. (Eds.), Game Without Frontiers, Arena Press, Al<strong>de</strong>rshot, 1994 ; WILLIAMS J., DUNNING E.,<br />
MURPHY P., Hooligans abroad, London, Routledge, 1989.<br />
20<br />
GOVAERT S., COMERON M., Foot <strong>et</strong> <strong>violence</strong>. Politique, sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> hooligans, Bruxelles, De Boeck, 1995,<br />
pp.115-116.<br />
21<br />
En Italie, on ne parle jamais <strong>de</strong> l’A.C. Milano mais bien <strong>de</strong> l’A.C. Milan.<br />
22<br />
LANFRANCHI P., Football, cosmopolitisme <strong>et</strong> nationalisme, in Le football, Pouvoirs, n°101, Seuil, avril<br />
2002, p.16.<br />
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