Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe
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« Celui qui dit qu’il n’a pas peur, il n’est pas normal. (…) Pour extérioriser une force,<br />
il faut avoir peur ».<br />
« A la limite, quand il n’y a pas <strong>de</strong> contact, les autres ont peur, tu as gagné. C’est<br />
symbolique. C’est jouer à se faire peur. Tu ne sais plus reculer, tu dois t’en sortir. (…)<br />
Le foot, c’est un défouloir ».<br />
« La vie métro-boulot-dodo, c’est un peu terne. Le foot, c’est vraiment un truc à part,<br />
<strong>et</strong> pas que les bagarres. (…) Le foot, c’est le seul truc que j’ai un peu imposé à ma<br />
femme. (…) C’est un peu un défouloir ».<br />
« On a envie <strong>de</strong> sensations fortes. On se fait chier dans la vie sinon ».<br />
« C’est fatigant une minute à te battre. Tu ne peux pas t’occuper d’un seul à la fois.<br />
Tout le mon<strong>de</strong> s’occupe <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. C’est comme ça. Et puis il y a le fait d’avoir<br />
peur. Quand je rentre chez moi après, je suis lessivé, je vais dormir ».<br />
« La peur doit faire partie <strong>du</strong> jeu. Si on n’a pas peur, on n’y va pas. L’adrénaline n’est<br />
pas là alors <strong>et</strong> tout ce qui peut nous intéresser, c<strong>et</strong>te crainte, c<strong>et</strong>te envie <strong>de</strong> bien faire,<br />
c<strong>et</strong>te envie <strong>de</strong> se montrer… La peur doit faire partie <strong>de</strong> ça. Pouvoir se surpasser ».<br />
3.2 Le goût <strong>du</strong> jeu<br />
Le hooliganisme renvoie à certains égards aux plaisirs que l’enfance fait vivre en chacun <strong>de</strong><br />
nous : jouer à cache-cache, prévoir <strong><strong>de</strong>s</strong> tactiques, raconter <strong><strong>de</strong>s</strong> bobards aux parents (symbole<br />
<strong>de</strong> l’autorité, ici incarnée par la police), désigner <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs, déterminer les gentils <strong>et</strong> les<br />
méchants (‘nous’ <strong>et</strong> ‘eux’), <strong>et</strong>c. L’on pourrait être tenté <strong>de</strong> dire que le hooliganisme, qui n’a<br />
pourtant rien d’une activité gentill<strong>et</strong>te, fait renaître ces joies pré-adolescentes que l’on regr<strong>et</strong>te<br />
si souvent d’avoir dû abandonner. Le plaisir <strong>de</strong> former une ban<strong>de</strong> <strong>et</strong> la volonté que celle-ci<br />
soit la meilleure <strong>de</strong> toutes se r<strong>et</strong>rouve pleinement dans les activités <strong><strong>de</strong>s</strong> supporters à risque. En<br />
d’autres termes, le hooliganisme apparaît à maints égards comme un reliquat enfantin. Seules<br />
les conséquences sont <strong>de</strong>venues potentiellement dramatiques. Toutefois, là encore,<br />
l’insouciance <strong>et</strong> l’oubli momentané <strong><strong>de</strong>s</strong> risques encourus renvoient à un âge où les culottes<br />
courtes remplaçaient les habits décrits précé<strong>de</strong>mment. L’anticipation <strong><strong>de</strong>s</strong> réjouissances <strong>et</strong> la<br />
déception lorsque la satisfaction n’est pas au ren<strong>de</strong>z-vous participent également <strong>de</strong> la même<br />
entreprise : on est impatient d’être le jour <strong>du</strong> match <strong>et</strong> frustré si la fête ne débouche pas sur<br />
l’obtention <strong><strong>de</strong>s</strong> ca<strong>de</strong>aux espérés. Quelques échantillons <strong>de</strong> nos discussions sont là pour étayer<br />
notre point <strong>de</strong> vue.<br />
« Parfois, c’est hyper bien organisé. Une fois, <strong><strong>de</strong>s</strong> gars <strong>de</strong> chez nous sont allés<br />
pendant toute la semaine avant le match faire <strong><strong>de</strong>s</strong> repérages en voiture pour trouver<br />
un itinéraire par où on pourrait aller ».<br />
« On sait ce qu’on risque. On connaît le jeu. La police est là pour ça, nous on est là<br />
pour autre chose. Maintenant, eux ne prennent pas ça pour un jeu mais c’est un jeu<br />
quand même. (…) Prévoir <strong><strong>de</strong>s</strong> tactiques pour s’éviter, se regrouper… C’est un jeu où<br />
on se fait peur mais il ne faut pas perdre ».<br />
« Quand il ne se passe rien, je suis déçu. On est tous déçus s’il ne se passe rien. (…)<br />
Le jour avant, quand tu savais que c’était Anvers, An<strong>de</strong>rlecht ou Bruges, tu étais déjà<br />
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