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Etude du supportérisme et des manifestations de violence ... - Besafe

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« En infériorité, vous lancez <strong>de</strong>ux ou trois chaises. On peut toujours s’en sortir ».<br />

Une remarque doit cependant être formulée. Les bagarres sont le plus souvent relativement<br />

brèves, quelques minutes tout au plus. La police est donc rapi<strong>de</strong>ment sur les lieux, ce qui<br />

contribue dans l’esprit <strong>de</strong> beaucoup à minimiser les risques <strong>de</strong> blessures graves. Ensuite, les<br />

véritables coups sont essentiellement échangés entre supporters <strong>de</strong> la première ligne. Une fois<br />

qu’une <strong>de</strong> ces lignes explose, le groupe entier qui a été défait prend souvent la fuite. Plusieurs<br />

participants à l’enquête estiment donc qu’il est relativement simple d’éviter les blessures en<br />

<strong>de</strong>meurant quelque peu à l’arrière <strong>du</strong> groupe. Les indivi<strong>du</strong>s qui composent la première ligne<br />

sont en revanche les plus volontaires <strong>et</strong> les plus audacieux. Pour eux, les blessures, <strong>de</strong> quelque<br />

nature qu’elles soient, font partie <strong>de</strong> ce que l’on pourrait appeler les risques <strong>du</strong> métier.<br />

« Dans les affrontements, c’est souvent la première ligne qui s’affronte, donc une<br />

dizaine <strong>de</strong> personnes. Une fois que la première ligne éclate, souvent c’est tout le<br />

groupe qui recule ».<br />

« Sur un groupe <strong>de</strong> soixante personnes, combien vont aller au contact ? Ce sera<br />

toujours les trente mêmes. Les autres, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> suiveurs. Mais ça donne une<br />

certaine image, une certaine confiance en soi. (…) Montrer sa sécurité ».<br />

« Maintenant, s’il y a un affrontement, ça <strong>du</strong>re trente secon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> puis, c’est fini. (…)<br />

Une bagarre <strong>de</strong> cinq minutes, ça paraît interminable ».<br />

« Deux ou trois minutes <strong>de</strong> bagarre, c’est déjà très long ».<br />

« Il y a beaucoup <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> gueules. Une fois, je suis tombé, je me suis r<strong>et</strong>ourné, il<br />

n’y avait plus personne. Ca m’a refroidi <strong>de</strong> voir qu’on ne peut pas compter sur<br />

certaines personnes. Mais on sait les risques qu’on prend ».<br />

« La première fois, j’ai eu peur. J’avais dix-sept ans. En face, il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> gars <strong>de</strong><br />

trente ans, parfois plus. Ca faisait peur. Puis, vous apprenez à connaître les gens,<br />

vous vous dites qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens pour vous relever si vous tombez. C<strong>et</strong>te confiance,<br />

après c’est vous qui l’avez <strong>et</strong> vous êtes <strong>de</strong>vant, prêt à relever quelqu’un s’il tombe ».<br />

« Avant, <strong><strong>de</strong>s</strong> fois je ne rentrais pas <strong>de</strong> la nuit. Je partais chercher les autres sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

parkings <strong>et</strong> tout ça. (…) Mes parents, ils n’étaient pas ravis, ils ont envie que j’ais une<br />

bonne image. Ils recevaient le courrier, bon, je leur ai fait prendre dix ans d’âge.<br />

Chaque fois, ils essayaient <strong>de</strong> me raisonner mais ça entrait par une oreille <strong>et</strong> ça<br />

sortait par une autre. (…) Aujourd’hui, si mon enfant voulait faire comme moi, je ne le<br />

laisserais pas faire. Je sais par où je suis passé. J’aurais pu être handicapé, j’aurais<br />

pu avoir un œil crevé. C’est vrai que je l’ai fait mais je ne le conseillerais pas. (…) Ce<br />

n’est pas que je regr<strong>et</strong>te mais je me rends compte <strong>de</strong> la gravité que ça aurait pu avoir<br />

sur mon avenir. (…) Quand il t’arrive quelque chose comme ça, tu vas peut-être payer<br />

toute ta vie pour <strong><strong>de</strong>s</strong> couillonna<strong><strong>de</strong>s</strong> que tu as faites ».<br />

« Tu vas te prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> coups, peut-être mais tu as avancé. Cinq jours plus tard, tu te<br />

regar<strong><strong>de</strong>s</strong> dans la glace, tu n’as plus rien. Mais au fond <strong>de</strong> toi, tu es content, tu as<br />

avancé. Tandis que si tu recules, ok, tu n’as pas <strong>de</strong> coup mais tu n’as pas avancé.<br />

Franchement, je ne sais pas ce qui est mieux ».<br />

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