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Revue celtique - National Library of Scotland

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362 L'achat de la femme<br />

« suivant l'usage des Francs », on reconnaît la réglementation moderne<br />

d'un usage qui paraît remonter aux origines mêmes de l'humanité. Mais<br />

il n'est pas question d'argent monnayé dans le texte de Tacite que nous<br />

avons cité, et, parmi les objets que, suivant ce texte, chez les Germains<br />

de l'an 100 après J.-C, le futur époux livrait aux parents de sa femme<br />

comme prix d'achat, les bêtes à cornes figurent en premier lieu : c'est<br />

l'usage grec de l'époque homérique : les plus jolies filles sont celles dont<br />

le mariage apporte à leurs parents le plus de vaches, Tuy-pOévoi à/vçsai-<br />

6ûiat '. Cette formule grecque appartient à la période de la civilisation<br />

où le bétail tient lieu de monnaie. La loi irlandaise appartient à la même<br />

période, ce qui ne veut pas dire que le Senchus môr soit chronologique-<br />

ment contemporain d'Homère ; cela signifie seulement que lorsque les<br />

principes du droit irlandais ont été fixés, les Irlandais se trouvaient au<br />

même degré de civilisation que les Grecs de l'époque homérique. L'Ir-<br />

lande a deux unités monétaires : la bête à cornes, sêt^, et la femme<br />

esclave, cumal 5. La première, sêt, de si « lier », doit son nom au même<br />

ensemble d'idées que le latin pecunia = pecu-inia, de pecu « bétail »,<br />

dérivé de pak « lier » 4 : à cette ressemblance avec le Latin primitif,<br />

l'Irlandais en joint une autre : il achète sa femme.<br />

Le terme consacré par l'usage pour désigner cet achat est coibchc. On<br />

trouve ce terme traduit dans le Glossaire de Cormac î. Il veut dire d'une<br />

manière générale « achat », cendach, ou, pour employer une orthographe<br />

plus moderne, ceannachd. Les traducteurs du Senchus môr et du livre<br />

à'Aicil ont fait un contre-sens en le rendant par marriage gift, wedding<br />

gift, « cadeau de noces ». Le prix de vente de la femme appartient à<br />

son père quand elle se marie pour la première fois : cet coihche cacha<br />

irigine dia athair mithese dosom, c'est-à-dire : [le prix de] la première<br />

vente de chaque fille [appartient] à son père, d'elle-même à lui-même.<br />

Suivant les traducteurs, les deux derniers mots uaithese dosom « d'ellemême<br />

à lui-même » voudraient dire que la femme recevrait d'abord le<br />

prix et le donnerait ensuite à son père ; j'ignore si ce commentaire est<br />

bien fondé grammaticalement, mais ce détail a peu d'importance. Quand<br />

1. Iliade, XVIII, 593 Hymne ; à Aphrodite, vers 119.<br />

2. Whitley Stokes, Sanas Cormaic, p- 13 : cf. Ancient laws and institutes <strong>of</strong> Ircland,<br />

t. I, p. 4S ; t. m, p. 124, note. Coibche paraît être une forme contractée pour confache<br />

~= con-vakia- ou con-vagia-, Gr. C' p. 42, s s, 871. Peut-être le second terme<br />

a-t-il la même racine que fachcl (gages) Sanas Cormaic, p. 78.<br />

3. Sanas Cormaic, p. 29, 50, 42 ; cf. Ancient laws and institutes <strong>of</strong> Ireland, t. 1, p. 46;<br />

t. 111, p. 98, note. Le cumal valait trois sêt. Voir un texte sur ce point dans u' Curry,<br />

On manners and customs, t. III, p. 30.<br />

4. Fick, Vergleichendes Wœrterhuch, 3' édition, t. I, p. 134, 6j8 p. 228, 699.<br />

;<br />

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