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Revue celtique - National Library of Scotland

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J90<br />

Une représentation de Sainte Tryphine.<br />

de fleurs de lys d'or, s'avança sur le bord de la scène, accompagné de<br />

son épouse Tryphine, et, s'annonçant lui-même, à la façon des héros<br />

d'Eschyle et de Sophocle, il déclama d'une voix haute et claire, et selon<br />

la mélopée traditionnelle, le monologue qui ouvre la pièce, et où il énu-<br />

mère toutes les villes de la Petite-Bretagne qui lui obéissent :<br />

« Je suis le roi Arthur, le seigneur souverain, et la Basse-Bretagne<br />

« tout entière est sous mes ordres : oui, je suis bien le roi des Bretons,<br />

« le vrai maître et seigneur des princes et des nobles, etc.. »<br />

L'analyse détaillée de la pièce nous entraînerait trop loin ; nous ren-<br />

voyons le lecteur au texte original du mystère que nous avons publié en<br />

i86^, avec une traduction française en regard, chez M. Clairet, libraire<br />

à Quimperlé. Mais nous croyons devoir insister sur la disposition du<br />

théâtre, le jeu des acteurs, leur débit, les anciennes coutumes tradition-<br />

nelles et quelques autres particularités dignes d'intérêt.<br />

Quant au théâtre en lui-même, rien de plus simple et de plus primi-<br />

tif. Construit au fond d'une aire à battre close de murs et de granges, il<br />

était formé d'une estrade d'un peu plus d'un mètre de hauteur, compo-<br />

sée de planches de sapin assez mal reliées entre elles et reposant hori-<br />

zontalement sur des barriques et des chevalets, sur une longueur d'en-<br />

viron quinze pas et huit de pr<strong>of</strong>ondeur. Aux deux extrémités^, deux portes<br />

toujours ouvertes, pour l'entrée et la sortie des acteurs. Trois rangs de<br />

bancs placés au fond de la scène et à l'une des extrémités (à gauche),<br />

représentaient les premières places, qui coûtaient 2$ cent. La foule des<br />

spectateurs se tenait en bas, debout sur le sol de l'aire jonché de paille<br />

fraîche. C'était là le parterre, où l'on payait seulement 10 cent, par per-<br />

sonne. Deux grosses toiles tendues verticalement au fond contribuaient<br />

à former derrière une longue coulisse où se tenaient les acteurs, en atten-<br />

dant le moment d'entrer en scène. Au milieu de cette coulisse, à l'en-<br />

droit où se rejoignaient les deux toiles, se tenait assis le souffleur qui, en<br />

écartant légèrement le rideau, à un endroit non cousu du point de suture,<br />

pouvait observer ce qui se passait sur l'estrade, venir en aide aux acteurs<br />

dont la mémoire se trouvait en défaut, indiquer les entrées et les sorties<br />

et diriger ainsi toute la représentation. Le rôle du souffleur, comme on<br />

le voit, est des plus importants. La scène était à ciel ouvert, et aucun<br />

rideau ne séparait l'avant-scène du public du parterre. Toute cette cons-<br />

truction des plus élémentaires s'adossait à une vaste grange à piliers de<br />

pierre, ouverte sur l'aire, et cette pièce, masquée par l'estrade et les toiles<br />

du fond, servait de vestiaire et de foyer, où l'on repassait les rôles. L'on<br />

y fumait aussi et l'on se rafraîchissait, mais modérément, avec du cidre<br />

seulement, et pendant les deux jours qu'a duré la représentation, nous

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