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Le rôle du Comité Colbert dans la lutte contre la contrefaçon en ...

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La question de <strong>la</strong> responsabilité des hébergeurs est fréquemm<strong>en</strong>t posée notamm<strong>en</strong>t au niveau<br />

europé<strong>en</strong>. En témoigne le jugem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> Cour europé<strong>en</strong>ne de Justice <strong>dans</strong> l’affaire Google<br />

<strong>contre</strong> Louis Vuitton Malletier le 23 mars 2010 1 .<br />

L’interprétation donnée par <strong>la</strong> CJUE a donné lieu à un débat <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> consultation<br />

concernant <strong>la</strong> révision de <strong>la</strong> Directive e-commerce. Un docum<strong>en</strong>t visant à c<strong>la</strong>rifier <strong>la</strong> question<br />

de <strong>la</strong> responsabilité des hébergeurs a été publié le 11 janvier 2012 <strong>dans</strong> le cadre de l’adoption<br />

par <strong>la</strong> Commission europé<strong>en</strong>ne de <strong>la</strong> communication intitulée « Un cadre cohér<strong>en</strong>t pour<br />

r<strong>en</strong>forcer <strong>la</strong> confiance <strong>dans</strong> le marché unique numérique <strong>du</strong> commerce électronique et des<br />

services <strong>en</strong> ligne » (voir plus bas) 2 .<br />

Néanmoins, <strong>en</strong> droit français, le titu<strong>la</strong>ire d’une marque, s’il est <strong>en</strong> mesure de démontrer que<br />

l’attitude de son concurr<strong>en</strong>t parasite son activité et que ce<strong>la</strong> lui cause un préjudice, pourra<br />

obt<strong>en</strong>ir réparation sur le fondem<strong>en</strong>t de l’article 1382 <strong>du</strong> Code civil.<br />

b- Une dérogation limitée au principe de spécialité : <strong>la</strong> protection des marques<br />

r<strong>en</strong>ommées ou notoires<br />

La protection d’une marque r<strong>en</strong>ommée ou notoire prés<strong>en</strong>te une difficulté particulière qui ti<strong>en</strong>t<br />

à l’exist<strong>en</strong>ce de <strong>la</strong> règle dite de spécialité. <strong>Le</strong> monopole d’exploitation conféré au titu<strong>la</strong>ire de<br />

<strong>la</strong> marque ne joue que pour les pro<strong>du</strong>its et services désignés lors <strong>du</strong> dépôt. Cette protection<br />

ainsi limitée, qui suffit souv<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> protection d’une marque ordinaire, se révèle souv<strong>en</strong>t<br />

impuissante à préserver une marque r<strong>en</strong>ommée d’utilisations parasitaires par des tiers, pour<br />

des pro<strong>du</strong>its et services différ<strong>en</strong>ts.<br />

La notoriété ne permet pas de déroger complètem<strong>en</strong>t au principe de spécialité. En effet, <strong>la</strong><br />

marque notoire ne confère pas à son titu<strong>la</strong>ire une protection absolue de nature à interdire son<br />

dépôt et son utilisation pour quelques pro<strong>du</strong>its que ce soit, même fort éloignés de ceux pour<br />

lesquels <strong>la</strong> marque a été initialem<strong>en</strong>t déposée. <strong>Le</strong>s tribunaux rappell<strong>en</strong>t que le principe de<br />

spécialité s’oppose à une protection de <strong>la</strong> marque notoire pour des pro<strong>du</strong>its totalem<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>ts de ceux m<strong>en</strong>tionnés lors <strong>du</strong> dépôt et de l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t. Par exemple, <strong>la</strong> marque<br />

d’une maison de haute couture a pu être déposée pour désigner des boissons alcoolisées.<br />

P<strong>en</strong>dant longtemps, les juges ont refusé d’écarter le principe de spécialité. Dans l’affaire<br />

Charles of the Ritz <strong>en</strong> date <strong>du</strong> 27 mai 1986, <strong>la</strong> Cour de Cassation a estimé que <strong>la</strong> protection<br />

d’une marque notoire ne justifiait pas d’exception à <strong>la</strong> règle de spécialité. <strong>Le</strong> titu<strong>la</strong>ire<br />

d’une telle marque ne disposait dès lors que d’une action <strong>en</strong> responsabilité civile subordonnée<br />

à <strong>la</strong> preuve d’un abus et d’un préjudice résultant de cet abus.<br />

La Directive 89/104 <strong>du</strong> 21 décembre 1988 a consacré une protection spécifique aux marques<br />

r<strong>en</strong>ommées à défaut pour leur titu<strong>la</strong>ire de pouvoir agir <strong>en</strong> <strong>contre</strong>façon. <strong>Le</strong> légis<strong>la</strong>teur français<br />

a transposé cette disposition <strong>dans</strong> l’article L. 713-5 <strong>du</strong> CPI.<br />

Cet article interdit l’emploi par un tiers d’une marque jouissant d’une r<strong>en</strong>ommée pour des<br />

pro<strong>du</strong>its ou services différ<strong>en</strong>ts de ceux commercialisés par le titu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> marque. <strong>Le</strong><br />

légis<strong>la</strong>teur de 1991 n’a pas souhaité ét<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> protection <strong>du</strong> titu<strong>la</strong>ire <strong>contre</strong> l’usage d’un signe<br />

1<br />

http://curia.europa.eu/juris/docum<strong>en</strong>t/docum<strong>en</strong>t.jsf?docid=73281&pageIndex=0&doc<strong>la</strong>ng=fr&mode=lst&dir=&<br />

occ=first&cid=1263016<br />

2 http://ec.europa.eu/internal_market/e-commerce/docs/communication2012/SEC2011_1641_<strong>en</strong>.pdf<br />

© <strong>Comité</strong> <strong>Colbert</strong><br />

9

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