M - Diocèse de Quimper et du Léon

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bornes aux âmes de leurs frères, plus parlieulièreenint des pauvres,
des petits, des humbles... Tous ies deux s'attachèrent volontiers
parfois à des besognes obscures ; tous les deux aussi accédèrent
en leur temps aux plus hautes fonctions spirituelles à la
cour de France : ni l'un ni Pautre ne firent de différence entre
Ies âmes des grands et les âmes des petits ; pour eux deux, il y
avait ici et là des enfants de Dieu qu'il fallait éveiller à cette
dignité supra huma ine, sortir de la misère terrestre qui est mauvaise
conseillère, ou arracher à la détresse spirituelle qui est
encore plus avillissante. Nous sommes vraiment bien partagés
cette année par la lumière qui nous vient de ces deux phares
-que Dieu a placés sur la grande traversée de l'histoire humaine
pour jalonner sa route pénible, l'éclairer et la réchauffer.
***
L'occasion est bonne de nous familiariser avec la vie du grand
.Fondateur breton qui a semé dans nos diocèses les écoles chrétiennes
et qui a un titre impérissable à notre reconnaissante,
La présente biographie, écrite par André Mériaud, dont l'Académie
française a déjà couronné plusieurs œuvres, est à beaucoup
d'égards passionnante, tant par la vie exceptionnelle qu'elle
retrace du prétre et du fondateur que par les événements d/e
notre histoire nationale et provinciale où cette vie s'est insérée
si étroitement qu'elle en a parfois modifié considérablement le
.cours. Son nom n'évoque-t-il point une autre figure, tragique et
-douloureuse, si intimement liée à lui par les liens du sang et de
l'affection, généreuse, ardente comme lui, mais qui, hélas ! ne
sut point comme lui diriger et dominer tant d'aspirations qui
bouillonnaient en son cœur sensible par un vrai sens de l'Eglise,
maîtresse de vérité, une obéissance d'enfant à sa mèrequi corrige
et reprend pour guérir... Les pages nombreuses qui racontent
les heures exaltantes de Saint-Malo et de la Chesnaie, puis
les heures si crucifiantes pour Jean-Marie de l'abandon de Féli,
«ont certes les plus émouvantes de ce livre, parce qu'elles évoquent
la plus grande souffrance qui ait meurtri le cœur du
vénérable Père.
Combien cette obéissance paisible à la volonté de Dieu signifiée
par son Eglise a donné d'efficacité à la vie de Jean-Marie de
La Mennais ! On lira l'activité débordante et multiforme de ce
prétre qui fut lui aussi totalement et uniquement prêtre et qui
pouvait reprendre à son compte le mot de l'Apôtre : « La charité
du Christ nous bride », ou la prière de saint Ignace : «Seigneur,
donnez-moi des âmes ; enlevez-moi tout le reste ! » Partout, dans
tous Ies postes où la Providence le plaça — et il connut de bien
lourdes responsabilités, — il eut en vue le bien des âmes, et les
croix les plus nombreuses, venant souvent des plus pénibles
incompréhensions, ne furent qu'un stimulant de son zèle apostolique,
On verra comment, avec un sens inné du pratique et du
possible, il sut réaliser dans sa sphère cette transformation chrétienne
du monde qui avait enthousiasme les jeunes années de son
ives diocésaines de Quimper et Léon
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sacerdoce, comment il avait mis tout en œuvre pour favoriser la
sanctification des âmes choisies que sont les prêtres, comment
surtout il mena.à bien, en Bretagne d'abord, puis sur tous les
points de la France où l'on mit à contribution son expérience,
et jusqu'aux colonies où la confiance du gouvernement l'appela,
l'œuvre capitale, elle aussi, de l'éducation chrétienne de l'enfance,
dont il savait qu'elle était pleine des plus belles espérance^
pour l'Eglise et pour .le pays.
Quelle vie bien remplie, jusqu'à la dernière heure, d'œuvres
de choix, mûries de réflexion et de prière, conduites avec ténacité,
fécondées par ia souffrance qui ne manque jamais à l'apôtre
-qui veut suivre le Maître ! On lira avec un intérêt toujours
•croissant cette biographie, documentée avec précision aux sources
ies plus authentiques, écrite avec un soin jaloux que seul
peut donner l'amour de l'écrivain pour le héros qu'il a pris à
-cœur de révéler à ses lecteurs.
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Je souhaite que ce livre, mémorial du Centenaire, soit lu par
beaucoup de prêtres qui y trouveront Ieur modèle, et par beaucoup*
de laïcs à qui il redira le prix de l'éducation chrétienne do
l'enfance. Puisse-t-il susciter dans les rangs de la jeunesse, où
il se trouve toujours, gràce à Dieu, des âmes,en quête d'un idéal
digne des forces vives qu'elles sentent en elles, des vocations de
Frères enseignants et de religieuses qui continueront la grande
œuvre de Jean-Marie de La Mennais.
t CLÉMENT CARDINAL ROQUES,
Archevêque de Rennes, Dol et Sai nt-Ma to.
Nous empruntons à l'Ecno DE SAINT-LOUIS (n° 38, p. 21 et ss.),
bulletin trimestriel de l'institution Saint-Louis de Gonzague de
Chateaulin, ce sommaire de l'histoire des Frères de Ploërmel
dans le Finistère.
Un projet d'école des Frères de l'instruction Chrétienne à
•Crozon est accepté en 1822-1823 par le Comité d'Instruction pri-
-maire du canton de Crozon, par le Préfet du Finistère et par
Mgr Domb id eau de Crouseilhes. Celui-ci meurt dans la nuit du
28 au 20 Juin 1823. «A l'évêque défunt succède l'un de ses vicaires
généraux, M. de Poulpiquet. Le nouvel élu doit sa nomination
à l'abbé J.-M. de La Mennais ; d'autant plus que celui-ci a refusé
pour lui-même le siège de Saint-Corentin. Mais licencié en théologie
de Sorbonne, partisan de l'Ancien Régime et de ses théories
gallicanes, Mgr de Poulpiquet n'éprouve aucune sympathie pour
les opinions de ceux que son ami Mgr Le Pappe de Tréverti
appelle Ies frères de Saint-Malo ».