Les relations ville-campagne - DRAAF Rhône-Alpes

I.1.b. Des années d’exode…
Contexte territorial et réglementaire des relations ville-campagne
Avec la révolution industrielle s’affirment des rapports de domination économique et sociale de
la ville sur la campagne, fondés sur une division spatiale du travail. La révolution industrielle
commence par une révolution agricole qui libère une abondante main d’œuvre des campagnes.
Les campagnes, qui bien que vidées de leur population devront assurer le ravitaillement
alimentaire. Cette « agricolisation » des campagnes place les relations entre ces deux espaces
sous l’angle de la production : la production agricole, ouvrière de biens à faible valeur ajoutée,
l’accueil social des populations fragilisées et rejetées par la ville, mais réduisent les campagnes à
des fonctions économiques qui sont de moins en moins valorisantes. A la fin des années 1960, les
campagnes françaises sont dans l’imaginaire collectif, des zones agricoles où la vie est éloignée
des nouveaux standards de la vie moderne urbaine. Cet exode rural va perdurer dans certaines
régions, notamment dans le centre de la France 14 .
I.1.c. … aux premiers retours à la campagne post-soixante-huitards et au néoruralisme
contemporain
A partir des années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, commence alors une nouvelle époque, quelque
peu entremêlée avec la précédente, dont le paroxysme serait la périurbanisation généralisée
des campagnes. Résidences secondaires, tourisme « vert », rurbanisation, et autres « retours à la
terre » : les citadins se découvrent un amour nouveau pour leurs campagnes, qui deviennent des
espaces à vivre, d’abord en fonction de leur accessibilité, voire dans certains cas de leur
isolement. La révolution industrielle ayant institué la production de masse, les années 1970 voient
naître la consommation de masse. Les campagnes, alors considérées comme des espaces de
production, deviennent des espaces valorisés par les citadins, qui les convoitent pour l’offre
d’aménités, inverses à celles de la ville.
Après un pic autour de 1975, le mouvement d’installation des néo-ruraux stagne et se maintient
tout au long des années 1980. Il semble que le phénomène ait repris de l’ampleur depuis 1990.
Pour André Micoud (2004, 2001), sociologue, directeur du Centre de Recherche et d’Etudes
Sociologiques Appliquées (CRESAL), l’attrait pour la campagne dans les années 1970 relève
d’« une démarche de patrimonialisation». Il a ainsi expliqué que cette démarche, qu’il resitue
officiellement avec la création des Parcs Naturels Régionaux (1967), exprime une prise de
conscience «un groupement humain ne peut durer que s’il prend conscience de ce qui l’entoure et
qu’il procède de ce qui le précède».
Jean-Claude Bontron, Directeur de la SEGESA 15 participait au colloque de Saint Brieuc en 2004
(Lelièvre, 2005). Pour lui, le phénomène d’« exode urbain » date du milieu des années 1970 et est
un phénomène de grande ampleur : le déficit migratoire des pôles urbains est estimé à 2,3 millions
d’habitants depuis 1975. Parallèlement, 60 à 63 % des communes rurales les plus isolées gagnent
14 Le maximum démographique du milieu du XIXème siècle ne sera retrouvé pour certaines communes qu’à
la fin du siècle suivant, pour d’autres, il n’est toujours pas dépassé.
15 Société d’Etudes Géographiques, Economiques et Sociologiques Appliquées
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