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4.4 Travaux théoriques sur les corrélations 131<br />
ensuite, qui correspond à l’indépendance conditionnée sur le stimulus. L’indépendance<br />
de l’information enfin, qui correspond à la synergie entre deux neurones (le<br />
surplus ou le manque d’information de la paire par rapport à l’hypothèse d’indépendance).<br />
Ces définitions conduisent aux notions de redondance, où l’information de la<br />
population est inférieure à celle sous l’hypothèse d’indépendance, et de synergie,<br />
où l’information de la population est supérieure. La présence de corrélations au<br />
sein d’une assemblée de neurones peut conduire à l’un ou l’autre de ces phénomènes<br />
(Latham et Nirenberg 2005, Averbeck et al. 2006). Il y a par ailleurs un<br />
compromis entre indépendance et redondance (Tkačik et al. 2010) : l’indépendance<br />
permet de maximiser la capacité de l’information encodée par une population et<br />
de mieux représenter le stimulus. Cependant, la présence de bruit peut conduire à<br />
des erreurs dans la représentation de l’information, et une certaine redondance est<br />
nécessaire pour améliorer la fiabilité du système (à l’instar d’un code correcteur<br />
d’erreur).<br />
Les corrélations dans la rétine<br />
Ces travaux théoriques permettent de quantifier l’impact des corrélations sur<br />
un code de population dans les enregistrements électrophysiologiques, notamment<br />
dans la rétine. Cette structure neuronale est en effet bien isolée du reste du cerveau,<br />
constitue la porte d’entrée de l’information dans le système visuel et forme<br />
donc un objet de choix pour l’étude du codage de l’information par une population<br />
de neurones. Les grilles multi-électrodes permettent d’enregistrer l’activité<br />
de plusieurs dizaines de neurones simultanément in vitro pendant qu’un stimulus<br />
visuel est présenté à la rétine (Meister et al. 1995, Berry et al. 1997).<br />
Grâce à cette technique, on a découvert des corrélations entre paires de cellules<br />
ganglionnaires de la rétine. Il apparaît que ces corrélations sont responsables d’une<br />
redondance significative dans l’activité de la rétine (Puchalla et al. 2005). Des<br />
études plus récentes montrent cependant que certains motifs de corrélations sont<br />
redondants (comme la synchronisation de plusieurs cellules), tandis que d’autres<br />
sont synergiques (une cellule active et toutes les autres inactives) (Schneidman<br />
et al. 2011).<br />
De plus, les corrélations des paires de neurones, bien que faibles, permettent de<br />
représenter la majeure partie de l’information contenue dans l’activité coordonnée<br />
de la population (Schneidman et al. 2006). Pour cela, les auteurs ont élaboré un<br />
modèle minimal capturant les statistiques d’ordre 1 et 2. Ce modèle minimal vérifie<br />
la propriété de l’entropie maximale, qui permet de s’assurer que la distribution est<br />
la moins structurée parmi toutes celles vérifiant les conditions imposées (Jaynes<br />
1957, Schneidman et al. 2003b). Le modèle obtenu est équivalent au modèle d’Ising<br />
de la physique statistique. Un modèle basé sur l’indépendance des neurones ne<br />
permet au contraire absolument pas de reproduire les statistiques observées.<br />
Ce résultat souligne donc l’importance du rôle des corrélations pour la représentation<br />
de l’information dans la rétine, mais suggère aussi que les corrélations<br />
d’ordre deux seraient suffisantes pour une population de quelques dizaines de neurones.<br />
Cependant, suite à l’amélioration des techniques expérimentales permettant