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4.5 Rôles computationnels des corrélations 145<br />
une conscience perceptive de par l’évocation d’un stimulus, qui se produit après<br />
son apparition par la propagation spontanée d’une activité polychrone (Izhikevich<br />
2006).<br />
Motifs temporels dans l’activité corticale spontanée<br />
Plusieurs études expérimentales se sont intéressées à la recherche de traces<br />
d’un codage temporel (comme les synfire chains) dans l’activité spontanée. Un<br />
tel codage devrait se traduire par des motifs répétitifs dans l’activité corticale ou<br />
dans les fluctuations du potentiel de membrane, par exemple des dépolarisations<br />
importantes si le codage est basé sur la synchronisation (Okun et al. 2009). Des<br />
répétitions de motifs dans la décharge de neurones corticaux ont été observées<br />
dans le cortex frontal du singe (Abeles et al. 1993, Prut et al. 1998). Des résultats<br />
contradictoires ont cependant été obtenus à l’aide de méthodes statistiques<br />
plus poussées (Oram et al. 1999, Baker et Lemon 2000). Ces méthodes statistiques<br />
consistent à obtenir un substitut du jeu de données (surrogate data), par<br />
exemple en les randomisant d’une certaine manière, tout en conservant l’essentiel<br />
de leurs propriétés statistiques. L’observation précédente de répétitions de motifs<br />
ne serait donc pas statistiquement significative, mais seulement due au hasard des<br />
fluctuations. Ces motifs ne reflèteraient alors pas un codage temporel.<br />
Des motifs spatiotemporels précis, reflétant une propagation éventuelle de synfire<br />
chains à travers différentes zones corticales, ont été observés dans des enregistrements<br />
MEG chez l’Homme pendant la perception de la parole (Pulvermüller<br />
et Shtyrov 2009).<br />
D’autres études ont recherché de tels motifs en se basant sur l’activité intracellulaire.<br />
Dans Ikegaya et al. (2004), des motifs temporels répétés de l’activité<br />
membranaire ont été observés in vitro et in vivo dans le cortex visuel primaire de<br />
la souris. Ces motifs, d’une durée de l’ordre de la seconde, sont aussi observés dans<br />
la décharge d’assemblées de neurones, enregistrées par imagerie calcique. De plus,<br />
ces motifs se combinent pour former des séquences plus longues, appelées chansons<br />
corticales (cortical songs) par les auteurs. Des répétitions de ces séquences sont<br />
aussi observées, et elles sont souvent rejouées plus rapidement. Ce résultat est à<br />
relier aux observations de répétitions de motifs neuronaux plus rapides dans la<br />
navigation spatiale (voir le paragraphe sur les oscillations dans l’hippocampe plus<br />
haut dans cette partie), ou encore lors des chants d’oiseaux (Nottebohm et al.<br />
1990, Hahnloser et al. 2002). Ces motifs seraient donc une preuve d’un codage<br />
temporel précis à l’œuvre dans le cortex.<br />
Cependant, ces résultats ont été remis en question par les mêmes auteurs à<br />
l’aide de méthodes statistiques plus poussées (Mokeichev et al. 2007). Les motifs<br />
observés seraient explicables, là encore, par des fluctuations aléatoires et ne seraient<br />
donc dues qu’au hasard. Dans Luczak et al. (2007 2009), des répétitions de<br />
motifs temporels sont observées durant les 100 premières millisecondes après le début<br />
de l’état UP chez le rat anesthésié, mais seraient expliquées par la connectivité<br />
corticale.<br />
En conclusion, il semblerait que, à l’échelle de la seconde, l’activité spontanée<br />
dans le cortex soit gouvernée par des mécanismes stochastiques, et qu’il n’y