La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...
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<strong>La</strong> <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>. <strong>Témoignage</strong> d’un <strong>Montagnais</strong>. (1997) 24<br />
J’ai vécu quelque chose avec mon père du temps qu’il était chef. Dans le temps,<br />
c’était l’Ag<strong>en</strong>ce des Sauvages qui était <strong>en</strong> place. C’est un nommé Tessier qui<br />
s’occupait du bureau. Achille <strong>La</strong>boissière était ag<strong>en</strong>t et Adri<strong>en</strong>ne Bilodeau était sa<br />
secrétaire. Une fois, mon père est allé au bureau, un v<strong>en</strong>dredi. Il avait affaire là, il<br />
était chef. Il frappe à la porte et il l’ouvre. C’est la secrétaire qui vi<strong>en</strong>t répondre.<br />
Elle lui dit: «Vous revi<strong>en</strong>drez lundi, vous voyez bi<strong>en</strong> que le plancher est lavé!» Mon<br />
père a dit: «C’est correct! Je le savais pas.»<br />
C’était pas malin, les chefs, dans le temps. Je suis dev<strong>en</strong>u conseiller quand mon<br />
père était chef, j’ai comm<strong>en</strong>cé à chercher de l’information. Je trouvais curieux de<br />
pr<strong>en</strong>dre des décisions et de ne jamais avoir de nouvelles. On n’avait jamais de réponses.<br />
J’ai <strong>en</strong>voyé des lettres à Ottawa et ils m’ont répondu. Ils m’ont dit qu’ils<br />
n’avai<strong>en</strong>t jamais reçu les demandes qu’on avait faites. Comme on avait des copies des<br />
résolutions qu’on avait passées, on leur a expédié ça. Ça a pris du temps, mais ils ont<br />
répondu. Après ça, je me suis prés<strong>en</strong>té chef. Mon père m’avait dit: «Va te prés<strong>en</strong>ter,<br />
t’as plus de voix que moi.»<br />
[22] Dans ce temps-là, c’était par vote majoritaire. J’étais tout seul, je n’avais<br />
pas d’organisation. B<strong>en</strong>oît Boivin était constable et il voulait un char. Je lui ai dit:<br />
«On n’a pas d’arg<strong>en</strong>t, on a juste de l’arg<strong>en</strong>t pour te payer.»<br />
C’était décidé surtout par le ministère des Affaires indi<strong>en</strong>nes. Ils étai<strong>en</strong>t nombreux<br />
d’ailleurs. Même les Conseils de bande dans le temps, au Ministère, n’étai<strong>en</strong>t<br />
pas écoutés. C’étai<strong>en</strong>t des temps très difficiles pour les chefs et les conseillers.<br />
C’était un abri pour le Ministère. Quand il y avait quelque chose qui allait mal, ils disai<strong>en</strong>t:<br />
«Allez voir votre chef et vos conseillers.» C’était organisé comme ça, c’était<br />
assez dur à ce mom<strong>en</strong>t-là. Aujourd’hui, c’est un peu différ<strong>en</strong>t. Du temps que mon<br />
père était chef, on manquait beaucoup de personnes-ressources. Aujourd’hui, on a<br />
des jeunes qui ont fait l’université.<br />
Quand j’ai remplacé mon père comme chef, je suis allé chercher ces personnesressources.<br />
Elles sont v<strong>en</strong>ues m’aider. C’est à la suite de ça qu’on a comm<strong>en</strong>cé à parler<br />
de la <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>, parce que je me suis dit qu’il fallait quand même préparer<br />
l’av<strong>en</strong>ir de nos jeunes. On a comm<strong>en</strong>cé à se faire écouter. On est allé à Ottawa deux<br />
ou trois fois et, un an après, c’était la <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>. On s’est occupé du programme<br />
de Bi<strong>en</strong>-Être. Ils ne voulai<strong>en</strong>t pas nous le donner. Je leur avais dit: