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La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

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<strong>La</strong> <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>. <strong>Témoignage</strong> d’un <strong>Montagnais</strong>. (1997) 50<br />

Quand ils partai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forêt, ils avai<strong>en</strong>t toujours le livre que les missionnaires,<br />

les pères oblats, donnai<strong>en</strong>t. C’était des prières, des cantiques et tous les soirs ils<br />

[56] chantai<strong>en</strong>t, priai<strong>en</strong>t, lisai<strong>en</strong>t. Même <strong>en</strong>core, ça ne fait pas tellem<strong>en</strong>t longtemps,<br />

on les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait prier et chanter des cantiques, surtout dans le mois de mai ou le<br />

mois de Marie. Ça fait pas tellem<strong>en</strong>t longtemps, monsieur François Germain, tous les<br />

soirs on l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait chanter des cantiques. Il priait, il était pieux. Il y avait même un<br />

crucifix que les oblats leur donnai<strong>en</strong>t avant de partir. Ils l’accrochai<strong>en</strong>t après la t<strong>en</strong>te,<br />

<strong>en</strong> arrière. Le soir, ça priait le bon Dieu avant de se coucher et même aux repas.<br />

Ils se levai<strong>en</strong>t le matin, ils chantai<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Les</strong> vieilles, ici à Pointe-Bleue, avai<strong>en</strong>t presque toutes les cheveux roulés sur un<br />

morceau de bois, chaque côté, et portai<strong>en</strong>t le bonnet montagnais. Ils appelai<strong>en</strong>t ça<br />

des toques. Ça me frappait, parce qu’on montait icitte à l’école, et les deux sœurs du<br />

mari à madame Thomas Siméon, Marie Siméon, puis Christine Siméon, elles sont v<strong>en</strong>ues<br />

au monde avec ça et elles sont mortes avec ça. C’était frappant. C’était beau, le<br />

chapeau montagnais; c’était rouge et noir avec des perles. C’était surtout, comm<strong>en</strong>t<br />

on dit ça, flasé, un peu moins perlé. Dans le temps, chaque femme portait une blouse<br />

noire. Je parle des vraies Indi<strong>en</strong>nes. Elles portai<strong>en</strong>t une grande robe jusqu’<strong>en</strong> bas, à<br />

la jointure des pieds, et des souliers mous, hiver comme été. C’était le fun ce mom<strong>en</strong>t-là.<br />

Ils allai<strong>en</strong>t à la messe à tous les matins et, surtout au mois de mai, ils allai<strong>en</strong>t<br />

à l’église à tous les soirs. Nous autres, on appelait ça la prière, mais les oblats<br />

appelai<strong>en</strong>t ça le Salut du Saint-Sacrem<strong>en</strong>t. On chantait des cantiques à la Vierge<br />

Marie. On disait le rosaire tout le mois de Marie, dans ce temps-là.<br />

Il y avait un Indi<strong>en</strong> de Mistassini qui v<strong>en</strong>ait chez [57] mon grand-père, il<br />

s’appelait Coomshish. C’était un fils de Coom. C’était un grand homme, sept pieds au<br />

moins. Il avait perdu un œil, le bonhomme. Il v<strong>en</strong>ait passer des semaines chez nous.<br />

Son nom était Métabé. Ce Métabé de Mistassini, il avait toujours l’œil caché avec un<br />

«couvert». Il y <strong>en</strong> avait un autre qui v<strong>en</strong>ait itou; il s’était tiré un coup de fusil. Il<br />

avait le bras coupé à ras l’épaule. Je ne me souvi<strong>en</strong>s pas de son nom, j’étais très jeune<br />

à cette époque. Il v<strong>en</strong>ait passer des semaines ici. Naturellem<strong>en</strong>t, il était malade.<br />

Il fallait qu’il aille à l’hôpital surtout dans le temps qu’il avait perdu son bras. Quand<br />

son accid<strong>en</strong>t est arrivé, j’imagine qu’il était avec sa famille, avec sa femme et peutêtre<br />

ses <strong>en</strong>fants, qui étai<strong>en</strong>t jeunes à ce mom<strong>en</strong>t-là. C’est lui qui s’est soigné tout<br />

seul. Il semble qu’il ait nettoyé ça, <strong>en</strong>suite il s’est soigné avec des herbages. Naturellem<strong>en</strong>t,<br />

il a perdu son hiver de chasse. Il est desc<strong>en</strong>du seulem<strong>en</strong>t aux premiers jours

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