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La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

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<strong>La</strong> <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>. <strong>Témoignage</strong> d’un <strong>Montagnais</strong>. (1997) 28<br />

<strong>Les</strong> mystères<br />

L’Église jouait un grand rôle. Au sujet des baptêmes, quelquefois ça causait des<br />

problèmes. Quand un <strong>en</strong>fant naissait <strong>en</strong> forêt, la famille pouvait être quatre ou cinq<br />

ans sans desc<strong>en</strong>dre. Ça veut dire qu’ils faisai<strong>en</strong>t baptiser seulem<strong>en</strong>t quand ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

ici. L’<strong>en</strong>fant avait déjà cinq ans. Dans le registre, l’<strong>en</strong>fant n’était pas inscrit <strong>en</strong><br />

naissant mais après quatre ou cinq ans. Quand ils arrivai<strong>en</strong>t à leur p<strong>en</strong>sion, ça causait<br />

un problème. Il y <strong>en</strong> a qui ont perdu cinq ou six ans de p<strong>en</strong>sion à cause de ça.<br />

Il se passait bi<strong>en</strong> des choses <strong>en</strong> territoire. Une fois, on s’était r<strong>en</strong>contré trois ou<br />

quatre familles. Il y avait le bonhomme «Koutshi», qui v<strong>en</strong>ait du grand lac Mistassini.<br />

Il avait monté la t<strong>en</strong>te tremblante, ce qu’on appelle <strong>en</strong> montagnais «Wabanow». <strong>Les</strong><br />

plus vieux avai<strong>en</strong>t installé la t<strong>en</strong>te <strong>en</strong> utilisant des variétés de bois différ<strong>en</strong>tes. Le<br />

bonhomme parlait plusieurs langues. Il a parlé longtemps tout seul dans la t<strong>en</strong>te, il<br />

jonglait. On ne compr<strong>en</strong>ait pas tout ce qu’il disait. À un mom<strong>en</strong>t donné, il y a eu une<br />

période de questions et Prospère Cleary lui a demandé: «Informe-toi donc comm<strong>en</strong>t<br />

ça va dans le sud.» Tr<strong>en</strong>te, tr<strong>en</strong>te-cinq secondes plus tard, le bonhomme est ressorti<br />

de la t<strong>en</strong>te et il a dit à Prospère: «J’ai une mauvaise nouvelle à t’appr<strong>en</strong>dre, ça va pas<br />

trop bi<strong>en</strong> dans ta famille, sois pas surpris: ta femme est morte!»<br />

[28]<br />

Prospère a regardé l’heure et la journée. Il est desc<strong>en</strong>du <strong>en</strong> bas. Sa femme est<br />

morte à l’heure et la journée que le bonhomme avait dit. Ça m’a surpris. Dans ce<br />

temps-là, la religion catholique déf<strong>en</strong>dait de pratiquer la t<strong>en</strong>te tremblante, mais le<br />

monde était un peu s<strong>en</strong>teux. Ils voulai<strong>en</strong>t voir si c’était vrai, si ça existait. Il y <strong>en</strong> a<br />

qui appelai<strong>en</strong>t ça des mauvais esprits mais le bonhomme n’était pas mauvais. Il nous<br />

parlait, il nous aidait. On le voyait quasim<strong>en</strong>t toutes les fins de mois.<br />

Trois ou quatre ans après, mon oncle Michel monte au lac Tsékatchi. Il r<strong>en</strong>contre<br />

le bonhomme et lui demande des nouvelles d’<strong>en</strong> bas. Il dit: «Oui, mais je peux pas le<br />

faire icitte. Il faudrait que tu vi<strong>en</strong>nes à ma t<strong>en</strong>te.» Il a fait un plan sur une écorce<br />

pour indiquer où il campait. Mon oncle Michel y est allé avec mon oncle François Sa-

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