La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...
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<strong>La</strong> <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong>. <strong>Témoignage</strong> d’un <strong>Montagnais</strong>. (1997) 26<br />
Premières chasses<br />
Quand j’étais jeune, je suivais mon père comme chasseur-trappeur. Notre terri-<br />
toire, c’était l’Ashuapmushuan. On a fait plusieurs voyages avec mon grand-père, on a<br />
monté souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. On montait avec Napoléon Bégin, qui avait une grosse famil-<br />
le. Mon grand-père nous suivait. Il n’avait que deux <strong>en</strong>fants. Tout le monde se suivait,<br />
on était sept, huit canots quand on montait <strong>en</strong> forêt. On t<strong>en</strong>tait <strong>en</strong>semble puis on se<br />
séparait. On montait par la rivière Ashuapmushuan et on se r<strong>en</strong>dait jusqu’à Pikauba.<br />
Le père nous appr<strong>en</strong>ait à t<strong>en</strong>dre des pièges, à s’ori<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> forêt. À un mom<strong>en</strong>t donné,<br />
il nous a appris à faire des raquettes au cas où. On les faisait l’été avant de partir.<br />
Il nous montrait aussi à faire des manches de hache. On a appris à boucaner la<br />
viande puis à se débrouiller [25] pour ne pas avoir froid si on était perdu et qu’on<br />
devait coucher dehors. Mon père nous a toujours dit de ne jamais marcher quand il y<br />
avait de la brume <strong>en</strong> masse. Tu es mieux de rester là et d’att<strong>en</strong>dre que la brume soit<br />
baissée pour pouvoir t’ori<strong>en</strong>ter. Sinon, tu t’écartes et tu t’éloignes de ton lieu de<br />
départ. Il nous montrait aussi comm<strong>en</strong>t plemer, t<strong>en</strong>dre les peaux, les faire chesser<br />
et les préparer. C’est mon père qui ramassait les fourrures. R<strong>en</strong>du <strong>en</strong> bas, il nous<br />
donnait un peu notre part. Quand on avait besoin, on allait le voir. Il n’<strong>en</strong> donnait pas<br />
gros, mais il <strong>en</strong> donnait souv<strong>en</strong>t.<br />
On chassait le canard au fusil. Notre père comptait nos cartouches quand on partait.<br />
Lorsque tu rev<strong>en</strong>ais, si tu avais tué cinq canards, il fallait qu’il te manque seulem<strong>en</strong>t<br />
cinq cartouches, pas plus. Il fallait que tu tires seulem<strong>en</strong>t quand tu étais sûr.<br />
<strong>Les</strong> paquets de cartouches de 25 se v<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t 1,25 $. Aujourd’hui, c’est r<strong>en</strong>du à 15<br />
ou 16 piasses. L’hiver, il n’y avait presque pas de monde dans la réserve, mais l’été, ils<br />
desc<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t presque tous. C’était vraim<strong>en</strong>t beau de les voir arriver au printemps.<br />
Ils arrivai<strong>en</strong>t sept, huit canots, des familles complètes. Ils se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t la main, ils<br />
étai<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>ts de se voir. Ça faisait un an qu’ils ne s’étai<strong>en</strong>t pas revus. Quand ils se<br />
t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t, c’était pas long. Vingt minutes, puis tout était prêt, tu voyais sortir la<br />
boucane des t<strong>en</strong>tes. Tout le monde s’aidait.