La prise en charge. Témoignage d'un Montagnais. - Les Classiques ...

La prise en charge. Témoignage d’un Montagnais. (1997) 43
nous paye pour l’administration puis l’éducation de nos jeunes, parce que c’est com-
pris dans la loi et le Ministère est responsable de ça. C’est un peu comme ça qu’on
[47] va fonctionner: se faire donner des garanties. C’est pas facile aujourd’hui, parce
qu’il y a beaucoup de coupures dans les budgets. S’ils veulent reprendre le déficit, il
va falloir qu’ils se serrent la ceinture quelque part. Un peu tout le monde va s’en res-
sentir. Les municipalités commencent à crier. La ville de Jonquière a fait une belle
année, ils sont en surplus. J’ai pris ça aux nouvelles ce matin. Ils sont chanceux parce
que partout ailleurs, ils ont tous des petits déficits. Ils sont supposés remonter la
taxe municipale.
Ici, on n’a pas de taxes. Pour les seuls services qu’on a, on ne parle jamais de
taxes, on parle de contribution. Mais c’est un peu déformer le mot, c’est une taxe, en
réalité. C’est une contribution pour le service d’eau et de vidanges. C’est normal, parce
que sans ça on aurait de la misère à avoir des subventions. Il faut y participer.
Tout le haut du village a les services, sauf le rang où il manque les égouts. Mais ça se
bâtit pas mal dans le rang même s’il n’y a plus de cultivateurs qui cultivent vraiment la
terre. Il y a Réal Philippe qui est dans la boucherie. Dans deux ou trois ans, j’imagine
que ces services-là vont passer puis ça va être moins cher, parce que là-bas, il n’y a
pas de cran. Ça va bien se creuser. Icitte, ç’a été dispendieux, c’était dans le roc
directement. C’est la seule chose à laquelle on participe pour avoir des subventions.
Il s’en vient un autre programme, il y a sûrement des cultivateurs qui vont garder
leur terre, ils vont planter des arbres. Ils vont faire de la transplantation. C’est
peut-être en arbres de Noël ou en bois de construction mais dans 40, 50 ans. C’est
mieux que d’avoir [48] des terres qui ne produisent pas et de les laisser comme ça.
Ce n’est peut-être pas la famille qui va en profiter directement, mais les enfants
sûrement. C’est une bonne chose, il y a un engagement de quatre ans pour ne pas
qu’ils touchent à leur terre. Ils peuvent y toucher mais pas la déranger, parce que
c’est une nouvelle plantation. C’est un bon projet, ça va créer de l’emploi. Le cultivateur
va pouvoir travailler à sa terre, planter des arbres s’il le veut, pouvoir faire de
la culture. Ils vont préparer la terre, déboiser, enlever des branches et du bois
comme du tremble-peuplier. Ils peuvent même faire du bois de poêle. Ils vont ramasser
le bon bois, le bouleau, le frêne pour faire du bois de poêle. À La Tuque, c’est
juste s’ils n’ont pas un contrat avec les compagnies de bois. Ils vont le vendre à La
Tuque, mais ça prend un voyage complet. Ils n’iront pas avec une corde de bois, ils
vont se promener avec 20, 25 cordes.