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Les chevaliers de la table ronde

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<strong>de</strong> son haubert qu’il recouvrit d’une cotte <strong>de</strong> soie d’outre-mer. Il sauta sur son <strong>de</strong>strier, prit<br />

son bouclier, appuya sa <strong>la</strong>nce contre l’encolure du cheval et s’apprêta à défendre le gué. La<br />

jeune fille vit bien que ses intentions étaient hostiles et qu’il vou<strong>la</strong>it à tout prix empêcher<br />

quiconque <strong>de</strong> traverser le gué. Elle se retourna vers le Bel Inconnu : « Vassal, dit-elle,<br />

regar<strong>de</strong> ce chevalier qui s’avance tout armé sur son <strong>de</strong>strier. Ne me suis plus, car ce serait<br />

pure folie. Tu aurais dure bataille et ce<strong>la</strong> te conduirait à ta fin ! – Jeune fille, répondit le Bel<br />

Inconnu, pour rien au mon<strong>de</strong> je ne retournerai sur mes pas. Je poursuivrai mon chemin, et si<br />

ce chevalier veut se battre, je répondrai à sa provocation. S’il désire vraiment <strong>la</strong> bataille, il<br />

l’aura ! » Il prit son bouclier et sa <strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> son écuyer.<br />

Il passa l’eau et s’arrêta au bord du pré. Bliobléris lui cria : « Impru<strong>de</strong>nt ! tu as fait gran<strong>de</strong><br />

folie en franchissant ce gué ! Ce sera pour ton malheur, crois-le bien ! Je te le ferai payer<br />

cher, car nul ne franchit ce passage sans que bataille ne soit donnée ! – Seigneur, dit<br />

calmement le Bel Inconnu, nous n’avons aucune intention belliqueuse envers toi. Laisse-nous<br />

aller, je te prie, car nous n’avons pas le temps <strong>de</strong> nous attar<strong>de</strong>r. Le roi Arthur nous envoie<br />

secourir une dame <strong>de</strong> très haut rang, et cette jeune fille, qui est sa suivante, me conduit vers<br />

elle. Et que Dieu nous protège, toi et moi.<br />

— Sans bataille, tu ne passeras jamais ce gué ! s’écria Bliobléris. Tel est l’usage que je<br />

tiens <strong>de</strong> mes pères. Moi-même, <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> sept ans, je monte <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> en cet endroit et<br />

j’ai déjà tué plus d’un chevalier <strong>de</strong> valeur qui s’obstinait à vouloir passer outre ! – C’est un<br />

métier <strong>de</strong> brigand [124] ! dit le Bel Inconnu. Mais puisqu’il en est ainsi, je ne parlerai pas<br />

davantage. En gar<strong>de</strong> ! et je défendrai ma vie jusqu’au <strong>de</strong>rnier souffle ! » Ils s’éloignèrent l’un<br />

<strong>de</strong> l’autre, puis, se faisant face, ils se précipitèrent l’un sur l’autre <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> leurs<br />

chevaux. Bliobléris, d’un coup <strong>de</strong> sa <strong>la</strong>nce qui vo<strong>la</strong> en éc<strong>la</strong>ts, rompit le bouclier du Bel<br />

Inconnu. Mais celui-ci tint bon sur son cheval. Il perça à son tour le bouclier <strong>de</strong> son adversaire<br />

et lui enfonça son fer tranchant à travers les mailles du haubert. Bliobléris vida les étriers et<br />

tomba sur les paumes. Il se releva cependant et mit <strong>la</strong> main à l’épée, <strong>la</strong> brandissant ensuite<br />

d’un tel emportement que peu s’en fallut qu’il ne mît à mal le Bel Inconnu. Celui-ci fit un saut<br />

<strong>de</strong> côté, sauta à terre et tous <strong>de</strong>ux continuèrent à combattre à pied. Ils se donnèrent <strong>de</strong> tels<br />

coups sur les heaumes que <strong>de</strong>s étincelles en jaillirent. Mais, à <strong>la</strong> fin, Bliobléris, perdant son<br />

sang, tomba sur ses genoux en s’écriant : « Pour Dieu, ne me tue pas ! Je ferai ta volonté !<br />

Tu passeras l’eau par mon comman<strong>de</strong>ment, et si tu le veux, je serai ton prisonnier ! »<br />

Le Bel Inconnu lui répondit : « Je te ferai grâce si tu te rends <strong>de</strong> ma part à <strong>la</strong> cour du roi<br />

Arthur ! » Bliobléris donna sa parole qu’il ne chercherait pas à s’échapper et qu’il se rendrait<br />

sans tar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>vant le roi Arthur. Quant au nain, il prit à part <strong>la</strong> jeune fille et lui dit : « Tu as<br />

grand tort <strong>de</strong> mépriser le Bel Inconnu. Il ne mérite pas <strong>de</strong> blâme et son courage est grand.<br />

Que Dieu le maintienne en force et en joie afin que nous éprouvions longtemps les effets <strong>de</strong><br />

sa valeur. – Il a bien agi, dit <strong>la</strong> jeune fille. Mais sache que s’il persiste à nous suivre, il sera<br />

fatalement tué. Ce sera grand dommage, car c’est un jeune homme très vail<strong>la</strong>nt. » Mais le<br />

Bel Inconnu, qui l’avait entendue, lui répéta que pour rien au mon<strong>de</strong> il ne reviendrait sur ses<br />

pas. Puis, comme <strong>la</strong> nuit commençait à tomber, Hélie reprit son chemin en compagnie du<br />

nain, tandis que le Bel Inconnu <strong>la</strong> suivait avec son écuyer.<br />

Cependant, Bliobléris était gravement blessé, et très affaibli par le sang qu’il avait perdu.<br />

Ses <strong>de</strong>ux valets le transportèrent à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> loge et le soignèrent <strong>de</strong> leur mieux. Et<br />

quand <strong>la</strong> nuit fut complète ; trois <strong>de</strong>s vassaux <strong>de</strong> Bliobléris, qui avaient noms Hélin, Graelent

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