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Les chevaliers de la table ronde

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schémas épiques et <strong>la</strong> signification <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s fêtes préchrétiennes.<br />

[15] Il faut savoir que cette version a été écrite vers 1220, peu <strong>de</strong> temps après <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Bouvines (1214), gagnée<br />

essentiellement contre les Allemands.<br />

[16] Urfin était l’homme <strong>de</strong> confiance du roi Uther Pendragon, et Bretel l’un <strong>de</strong>s familiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> duchesse Ygerne <strong>de</strong><br />

Tintagel.<br />

[17] Dans les romans français <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>, le royaume, ou le pays, <strong>de</strong> Logres désigne les domaines régis par<br />

Arthur. Mais, dans <strong>la</strong> tradition galloise, qui est plus ancienne, le terme Llogr sert à désigner uniquement les régions <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong><br />

Bretagne sous <strong>la</strong> domination anglo-saxonne, c’est-à-dire l’Angleterre proprement dite, à l’exclusion du Pays <strong>de</strong> Galles, <strong>de</strong>s<br />

Cornouailles (Cornwall), et bien entendu <strong>de</strong> l’Écosse. La curieuse statue qui empêche tout franchissement <strong>de</strong> frontière est bien<br />

dans le ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie celtique et se réfère au fameux « barrage druidique », d’essence magique, que les drui<strong>de</strong>s étaient<br />

censés provoquer, en cas <strong>de</strong> conflit, sur les frontières du pays ennemi. Il y a eu également, tout au long du Moyen Âge, <strong>de</strong>s<br />

traditions légendaires concernant Judas à qui est prêtée l’érection <strong>de</strong> <strong>la</strong> statue monstrueuse, <strong>la</strong>quelle semble <strong>de</strong> même nature<br />

que <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> Méduse, dans <strong>la</strong> tradition grecque.<br />

[18] <strong>Les</strong> textes français parlent tous <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Salisbières, soit Salisbury. Mais <strong>la</strong> tradition galloise se fait gloire d’une<br />

bataille décisive qu’Arthur, simple chef d’armée et non pas roi, aurait remportée sur les Saxons en 5I6. Ainsi peut-on lire dans<br />

les Annales <strong>de</strong> Cambrie, qui datent du X e siècle, les renseignements suivants, ici traduits du <strong>la</strong>tin : « 5I6, bataille <strong>de</strong> Badon en<br />

<strong>la</strong>quelle Arthur porta <strong>la</strong> Croix <strong>de</strong> Notre Seigneur Jésus-Christ, trois jours et trois nuits sur ses épaules. Et les Bretons furent<br />

vainqueurs. » Tout indique que <strong>la</strong> résistance bretonne contre les Saxons était aussi une reconquête d’un pays gagné par <strong>la</strong><br />

religion germanique. <strong>Les</strong> Saxons sont <strong>de</strong> véri<strong>table</strong>s « diables » païens tandis que les Bretons sont d’authentiques « Romains »,<br />

défenseurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chrétienté. Quel que soit le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine <strong>de</strong> Salisbury ou le site <strong>de</strong> Bath (le Mont-Badon), l’action<br />

vigoureuse <strong>de</strong>s tribus bretonnes fédérées assura un sursis d’une quarantaine d’années aux différents royaumes <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong><br />

Bretagne. C’est à cette époque que se situe historiquement ce qu’on appelle l’époque arthurienne.<br />

[19] D’après <strong>la</strong> version dite <strong>de</strong> Gautier Map, c’est-à-dire le Lancelot en prose français (parfois appelé « Vulgate Lancelot-<br />

Graal »), composé vers les années 1220-1230.<br />

[20] D’après le Merlin en prose, <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron, composé aux environs <strong>de</strong> l’an 1200. Seuls l’intervention<br />

<strong>de</strong> Morgane au cours <strong>de</strong> l’assemblée et le dialogue final entre Morgane et Merlin sont une reconstitution conjecturale d’après<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s versions <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>. Le rôle <strong>de</strong> Morgane semble en effet avoir été singulièrement altéré, pour ne pas dire<br />

« gommé » dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s où elle apparaît. En fait, Morgane est l’image historicisée <strong>de</strong> l’antique déesse <strong>de</strong>s<br />

Commencements et il est tout à fait vraisemb<strong>la</strong>ble que son nom soit une transcription <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Morrigu ou Morrigane <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tradition gaélique, l’une <strong>de</strong>s divinités primordiales c<strong>la</strong>ssées parmi les Tuatha Dé Danann, les « peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> déesse Dana ». Si<br />

l’on écarte trop Morgane <strong>de</strong> <strong>la</strong> trame essentielle du cycle arthurien, on risque <strong>de</strong> ne plus comprendre son comportement ambigu<br />

auprès d’Arthur et <strong>de</strong> Lancelot du Lac, et surtout, à <strong>la</strong> fin du cycle, l’épiso<strong>de</strong> où elle emmène Arthur blessé dans <strong>la</strong> fabuleuse île<br />

d’Avalon dont elle est <strong>la</strong> reine. Et il faut savoir que le nom <strong>de</strong> Morrigane signifie « gran<strong>de</strong> reine ».<br />

[21] Dans <strong>la</strong> tradition galloise, Prytwen (forme b<strong>la</strong>nche) est donné à <strong>la</strong> fois comme bouclier et comme navire, ce qui en fait<br />

un objet magique. Rappelons que le nom <strong>de</strong> l’épée Excalibur provient du gallois Caledfwlch (gaélique : ca<strong>la</strong>dbolg) qui signifie<br />

« violente foudre », appel<strong>la</strong>tion conforme aux pouvoirs magiques prêtés à cette arme.<br />

[22] C’est le nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce dans <strong>la</strong> tradition galloise. On y retrouve le mot ron, qui signifie « <strong>la</strong>nce » ; mais le second<br />

terme, qui varie selon les textes, reste obscur.<br />

[23] Décor caractéristique <strong>de</strong>s récits mythologiques celtiques. La c<strong>la</strong>irière isolée est le seul temple <strong>de</strong>s Celtes ; c’est le<br />

nemeton, projection symbolique du ciel sur <strong>la</strong> terre, à <strong>la</strong> fois lieu <strong>de</strong> culte et <strong>de</strong> méditation transcendantale.<br />

[24] Image d’une prêtresse, elle-même représentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Divinité, qui initie et gui<strong>de</strong> les héros engagés dans <strong>de</strong>s<br />

aventures fantastiques. Dans les Romans <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>, ce sont <strong>de</strong> troub<strong>la</strong>ntes « pucelles » qui guettent les héros au fur<br />

et à mesure qu’ils cheminent vers leur but. Dans les contes popu<strong>la</strong>ires oraux, il s’agit <strong>de</strong>s fées – ou <strong>de</strong>s vieilles femmes un peu<br />

sorcières – et même <strong>de</strong>s saintes, <strong>la</strong> Vierge Marie en particulier.<br />

[25] C’est donc <strong>la</strong> prêtresse-déesse qui provoque l’épreuve pour juger <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur du néophyte, pour mesurer en quelque<br />

sorte son <strong>de</strong>gré d’initiation. L’épiso<strong>de</strong> se trouve au début <strong>de</strong> l’étrange récit français <strong>de</strong> Perlesvaux, œuvre <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong><br />

chrétienne à tendance théologique, sous influence <strong>de</strong>s clunisiens <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> G<strong>la</strong>stonbury, et qui, paradoxalement, est l’un<br />

<strong>de</strong>s textes qui contient le plus d’éléments païens à l’état brut, sous un vernis chrétien facilement repérable.<br />

[26] Il s’agit évi<strong>de</strong>mment d’une illustration parfaite <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence réelle. Ce récit <strong>de</strong> Perlesvaux a été<br />

composé au moment où différents conciles débattaient <strong>de</strong> cette question et finirent, en 1205 par écarter <strong>la</strong> consubstantiation au

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