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Les chevaliers de la table ronde

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forteresses sont encore à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> celtique, consistant en vastes espaces situés sur une hauteur ou un promontoire, entourés<br />

<strong>de</strong> palissa<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bois, <strong>de</strong> remparts <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> pierre, et aussi <strong>de</strong> fossés. Ces espaces sont parsemés <strong>de</strong> maisons isolées,<br />

en nombre et en quantité proportionnels à <strong>la</strong> superficie intérieure. <strong>Les</strong> textes que j’utilise pour cette restitution sont d’origines<br />

diverses dans le temps comme dans l’espace géographique, ce qui pose quantité <strong>de</strong> problèmes : il est nécessaire d’unifier le<br />

récit en opérant une synthèse entre <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> médiévale c<strong>la</strong>ssique (à <strong>la</strong>quelle ont été écrits les principaux textes <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>)<br />

et les données archéologiques du VI e siècle, qui mettent en lumière une civilisation à <strong>la</strong> fois romaine et mérovingienne. D’où le<br />

terme <strong>de</strong> « forteresse », au lieu <strong>de</strong> « château fort », et souvent <strong>de</strong> « guerrier » ou <strong>de</strong> « compagnon », au lieu <strong>de</strong><br />

« chevalier », <strong>la</strong> « chevalerie » n’existant pas au VI e siècle. Mais j’ai cependant maintenu l’appel<strong>la</strong>tion « chevalier » à cause <strong>de</strong><br />

sa signification première, qui est « cavalier ».<br />

[55] Il s’agit ici d’une formule consacrée, très commune dans les textes médiévaux et dans les récits mythologiques. Mais<br />

elle s’applique fort bien au « héros <strong>de</strong> lumière » que symbolise le personnage <strong>de</strong> Gauvain, le « Faucon <strong>de</strong> Mai », image parfaite<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse agissante du Printemps, et qui, tels saint Georges ou saint Michel, passe son temps à lutter contre le « Dragon<br />

<strong>de</strong>s Profon<strong>de</strong>urs », autrement dit l’image <strong>de</strong>s forces négatives qui s’opposent au fonctionnement harmonieux <strong>de</strong> l’univers. C’est<br />

en ce sens que Gauvain, personnage principal primitif du Cycle du Graal, peut être considéré comme le type parfait du « héros<br />

civilisateur », aspect héroïsé du dieu Mithra.<br />

[56] D’après <strong>la</strong> Mule sans frein, récit arthurien contenu dans un manuscrit du début du XIII e siècle, éd. par Johnson et<br />

Owen, The Two Old French Gauvain Romances , Edinburgh-London, 1972. Traduction intégrale par Romaine Wolf-Bonvin, dans<br />

Régnier-Bohler, <strong>la</strong> Légen<strong>de</strong> arthurienne, Paris, 1989.<br />

[57] Il y a, dans cet épiso<strong>de</strong> emprunté au Merlin <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron, une double allusion : d’abord, à <strong>la</strong><br />

liaison amoureuse entre Guenièvre et Lancelot du Lac, qui sera l’une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> <strong>la</strong> dislocation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong> ; ensuite, à<br />

l’histoire du roi Galehot, vainqueur d’Arthur par les armes, qui restitue son royaume à Arthur pour l’amour <strong>de</strong> Lancelot et <strong>de</strong><br />

Guenièvre. Cette double allusion prouve que dès les premiers textes, il existait un p<strong>la</strong>n d’ensemble du cycle arthurien, et<br />

qu’aucun épiso<strong>de</strong> n’est gratuit ou isolé du contexte général.<br />

[58] Ce qui suppose que le royaume <strong>de</strong> Léodagan se trouve en Bretagne armoricaine.<br />

[59] D’après le Merlin <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron.<br />

[60] Brocélian<strong>de</strong> est <strong>la</strong> forme mo<strong>de</strong>rne du nom, utilisée <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin du XVIII e siècle. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux formes anciennes sont<br />

Brécilien et surtout Bréchéliant, cette <strong>de</strong>rnière étant attestée au début du XII e siècle. Il est possible <strong>de</strong> reconnaître dans ce nom<br />

un terme celtique briga, « hauteur », « forteresse », et un terme voisin du germanique hell, signifiant l’Autre Mon<strong>de</strong>.<br />

Brocélian<strong>de</strong> serait donc « <strong>la</strong> Forteresse <strong>de</strong> l’Autre Mon<strong>de</strong> », ce qui n’est pas incompatible, loin <strong>de</strong> là, avec le caractère magique<br />

<strong>de</strong> cette forêt. De toute façon, cette forêt centrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> péninsule bretonne a été l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers refuges <strong>de</strong>s drui<strong>de</strong>s en<br />

Gaule. Voir J. Markale, Brocélian<strong>de</strong> et l’énigme du Graal, Pygmalion, 1988.<br />

[61] Au Moyen Âge, Diane a gardé, dans l’inconscient collectif, le caractère <strong>de</strong> l’Artémis primitive <strong>de</strong>s Grecs et surtout <strong>de</strong>s<br />

Scythes, et on lui a adjoint souvent les traits d’Hécate, <strong>la</strong> sinistre déesse <strong>de</strong>s carrefours, ce qui donne une allure diabolique au<br />

personnage. C’est <strong>de</strong> cette façon que Diane va apparaître dans toutes les <strong>de</strong>scriptions du Sabbat en tant que Déesse <strong>de</strong>s<br />

Sorcières, une sorte <strong>de</strong> Satan féminin.<br />

[62] Le nom <strong>de</strong> Viviane est mo<strong>de</strong>rne. <strong>Les</strong> formes utilisées dans les manuscrits sont Niniane, Nivième, ou encore Nimue<br />

chez Thomas Malory. On a mis souvent en parallèle le nom <strong>de</strong> Niniane avec celui <strong>de</strong> saint Ninian, évangélisateur <strong>de</strong> l’Écosse,<br />

dont le nom a été attribué à un affluent <strong>de</strong> l’Yvel, rivière du Morbihan, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Lanouée, à l’intérieur même <strong>de</strong><br />

l’ancienne Brocélian<strong>de</strong>. Il est possible <strong>de</strong> retrouver dans <strong>la</strong> forme Nimue le vieux terme celtique nem qui signifie « ciel », ce qui<br />

ferait <strong>de</strong> Viviane une sorte <strong>de</strong> divinité céleste, ce qu’elle n’est pas dans <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>. Elle est davantage une image « folklorisée »<br />

d’une déesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité et <strong>de</strong>s eaux douces, ce qui justifie pleinement le rôle – et le titre – <strong>de</strong> « Dame du Lac » qu’elle<br />

aura par <strong>la</strong> suite. Dans ce cas, il faudrait voir, à l’origine <strong>de</strong> son nom, une déformation <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> <strong>la</strong> déesse ir<strong>la</strong>ndaise<br />

<strong>de</strong>s eaux douces et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité, Boann ou Boinn (soit <strong>la</strong> rivière Boyne personnifiée et divinisée), lequel nom provient <strong>de</strong><br />

l’ancien celtique Bo-Vinda, c’est-à-dire « Vache B<strong>la</strong>nche ». Il faut en tout cas, dans cette version <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> dite <strong>de</strong> Gautier<br />

Map, tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> référence à <strong>la</strong> déesse Diane, dans un contexte évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> sorcellerie ou <strong>de</strong> magie nocturne. Sur le nom<br />

et le rôle <strong>de</strong> Viviane-Niniane, voir J. Markale : Merlin l’Enchanteur, Paris, Albin Michel, 1992, pp. 115-123.<br />

[63] La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> Viviane est empruntée mot pour mot à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’héroïne Étaine dans le récit ir<strong>la</strong>ndais <strong>de</strong><br />

l’Histoire d’Étaine, contenu dans un manuscrit gaélique du XII e siècle. Voir J. Markale, l’Épopée celtique d’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, pp. 49-50.<br />

Cette <strong>de</strong>scription correspond très exactement aux canons <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté féminine chez les anciens Celtes.<br />

[64] Ce sera Hector <strong>de</strong>s Mares, compagnon <strong>de</strong> Lancelot du Lac.

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