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Les chevaliers de la table ronde

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<strong>de</strong>meure. Ensuite, il s’équipa et reprit sa route avec <strong>la</strong> jeune fille et son hôte. Ils arrivèrent<br />

ainsi au Château Périlleux où le roi Pellès tenait sa cour, et ils y entrèrent en début <strong>de</strong><br />

matinée. La fête était ainsi organisée qu’aucun chevalier ne pouvait venir à <strong>la</strong> cour s’il<br />

n’amenait avec lui sa sœur ou son amie. Balin pénétra dans l’enceinte avec <strong>la</strong> jeune fille ;<br />

mais l’hôte, qui n’était pas accompagné, dut rester au-<strong>de</strong>hors, à son grand dép<strong>la</strong>isir.<br />

Dès que Balin fut à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> forteresse, il se trouva au milieu d’une foule<br />

considérable <strong>de</strong> <strong>chevaliers</strong>. Mais les gens du château, s’apercevant qu’il était armé,<br />

s’empressèrent pour l’ai<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> cheval et l’emmenèrent dans une petite salle,<br />

ainsi que <strong>la</strong> jeune fille. Ils le désarmèrent rapi<strong>de</strong>ment et lui donnèrent <strong>de</strong>s habits tout neufs,<br />

parfaitement appropriés, car il y avait sur p<strong>la</strong>ce tout ce qu’il fal<strong>la</strong>it. Mais on ne put obtenir <strong>de</strong><br />

lui qu’il déposât son épée. Bien au contraire, il <strong>la</strong> garda à son côté, affirmant que <strong>la</strong> coutume<br />

<strong>de</strong> son pays était telle que jamais un chevalier ne mangeait en pays étranger, à <strong>la</strong> cour d’un<br />

roi, sans avoir son épée. Si les gens du château ne vou<strong>la</strong>ient pas se plier à cette coutume, il<br />

s’en retournerait d’où il venait. <strong>Les</strong> autres finirent par cé<strong>de</strong>r et le conduisirent dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />

salle où se tenait l’assemblée.<br />

Au moment <strong>de</strong> se restaurer, quand les <strong>table</strong>s furent installées, chacun prit p<strong>la</strong>ce, sauf ceux<br />

qui avaient été désignés pour faire le service. Quand il se fut assis, Balin <strong>de</strong>manda à son<br />

voisin <strong>de</strong> gauche qui était Gar<strong>la</strong>n, le frère du roi Pellès. « C’est celui-ci, lui répondit le voisin<br />

en lui désignant un homme à <strong>la</strong> chevelure rousse. C’est le chevalier le plus extraordinaire qui<br />

soit ! – Et pourquoi ce<strong>la</strong> ? dit Balin. – Parce que, lorsqu’il est armé et sur son cheval,<br />

personne ne peut le voir, aussi longtemps qu’il désire se dérober aux regards <strong>de</strong>s autres. » Et<br />

ils commencèrent à se restaurer.<br />

Cependant Balin se trouvait dans un cruel embarras. Qu’al<strong>la</strong>it-il faire ? Tuer le meurtrier<br />

<strong>de</strong> son compagnon <strong>de</strong>vant toute l’assistance et le roi Pellès ? Il ne voyait pas comment il<br />

pourrait réussir à s’échapper sans être tué lui-même ou mis en pièces. Et pourtant, il ne<br />

retrouverait pas une telle occasion <strong>de</strong> se venger. Il était dans une telle angoisse qu’il ne<br />

mangea ni ne but, tout occupé à réfléchir. Il <strong>de</strong>meura ainsi pendant toute <strong>la</strong> durée du<br />

service, et il aurait fort bien pu quitter <strong>la</strong> <strong>table</strong> sans avoir rien bu ni mangé. Mais Gar<strong>la</strong>n le<br />

roux, qui faisait le service et qui s’en était bien aperçu, en prit ombrage, persuadé que le<br />

chevalier agissait ainsi pour marquer son mépris. Il s’approcha donc <strong>de</strong> lui, <strong>la</strong> main levée, et<br />

il le gif<strong>la</strong> avec une telle force que le visage <strong>de</strong> Balin en <strong>de</strong>vint tout rouge. « Chevalier, dit<br />

Gar<strong>la</strong>n, relève <strong>la</strong> tête et mange comme tout le mon<strong>de</strong> ! Ainsi l’ordonne le sénéchal ! Et<br />

maudit soit celui qui t’a appris à t’asseoir à une <strong>table</strong> <strong>de</strong> <strong>chevaliers</strong> et à rester ainsi plongé<br />

dans tes pensées ! » Balin était si furieux d’avoir été ainsi frappé qu’il en perdit tout sangfroid<br />

et tout sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure. « Ha ! Gar<strong>la</strong>n ! s’écria-t-il, ce n’est pas <strong>la</strong> première douleur<br />

que tu m’infliges ! – Eh bien, dit l’autre, qu’attends-tu donc pour te venger ? »<br />

Balin se dressa tout droit, mit <strong>la</strong> main à son épée et dit : « Gar<strong>la</strong>n, je suis le chevalier que<br />

tu as attiré jusqu’à toi <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> cour d’Arthur, au prix <strong>de</strong> mille tourments. Mais, désormais, tu<br />

ne frapperas plus un homme <strong>de</strong> bien à <strong>la</strong> <strong>table</strong> d’un roi et tu ne tueras plus <strong>de</strong> chevalier par<br />

magie et trahison ! » Et, aussitôt, il lui donna un tel coup d’épée sur <strong>la</strong> tête qu’il le fendit en<br />

<strong>de</strong>ux jusqu’à <strong>la</strong> poitrine et l’abattit à terre. « Mon hôte ! s’écria-t-il alors, viens prendre le<br />

sang <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n pour guérir ton fils ! » Puis il se tourna vers <strong>la</strong> jeune fille : « Donne-moi le<br />

tronçon <strong>de</strong> <strong>la</strong>nce avec lequel a été frappé le chevalier <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> tente du roi Arthur ! »<br />

La jeune fille le lui tendit aussitôt car elle l’avait conservé dans ses vêtements. Balin le

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